Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Royaume de Pays- Bas à travers le Projet d’Appui au Renforcement de la Cohésion Sociale, à la Prévention de l’Extrémisme Violent et à la Lutte contre les Conflits liés à la Transhumance ont installé et renforcé les capacités et des acteurs pour l’animation des systèmes d’alerte précoce des conflits communautaires. Ces activités ont eu lieu les 31 octobre et 9 novembre dans plusieurs communes du septentrion telles que Parakou, Nikki, Kalalé, kandi, Ségbana, Banikoara, Karimama, Malanville, Djougou, Ouaké, Natitingou, Tanguiéta, Boukoumbé, Cobly, Materi et Kérou. Au total, les participants venus de 16 communes d’intervention du projet ont été formés sur les risques de radicalisation et d’extrémisme violent au niveau national, départemental et local. A l’issue de cette formation, certains participants ont manifesté leur satisfaction.
Gnolonfoun Julie Sessi, présidente des artisans de Ségbana : «J’ai appris beaucoup de choses au cours de cette séance et je suis très contente»
J’ai appris beaucoup de choses au cours de cette séance et je suis très contente. En effet beaucoup de choses se passent actuellement à Ségbana : les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs et l’insécurité avec les extrémistes. Il faut qu’on fasse attention. On a attiré notre attention sur certains faits qu’on rencontre dans nos localités, que nous banalisons et qui sont après source de conflit. Par exemple des agriculteurs qui viennent faire des semis proches de cours d’eau, ou là où les bœufs doivent passer. On sait qu’il faut désormais appeler pour informer afin que très tôt on évite les problèmes.
Souaibou Sabi, Président espace jeune de Sègbana : «… chacun doit respecter les lois qui régissent notre pays pour qu’on vive en paix »
Je note que tous les acteurs concernés par le sujet étaient à cette séance. C’est une très bonne chose. La méthodologie utilisée par les formateurs pour pouvoir informer les acteurs étaient la meilleure. Les propos ont été traduits en langue locale en prenant des exemples d’actes que certains posent et qui entravent la paix. Prochainement, chacun doit respecter les lois qui régissent notre pays pour qu’on vive en paix. Moi je suis personnellement satisfait. Mon souhait le plus ardent pour les prochaines fois c’est que les propos soient aussi traduits en langue peulh parce que certains parents qui étaient là ne comprennent pas comme cela se doit la langue boo. Vu l’enjeux, l’énergie qui a été déployée pour la formation, il fallait que ces éleveurs comprennent à 100% ce qui est dit. Ça c’est une doléance. Nous souhaitons que cela se répète parce qu’on dit la répétition est pédagogique. Deux ou trois fois encore, cela va prendre. Si les gens peuvent mettre en application tout ce qui a été dit là on va éviter beaucoup de choses.
Vraiment la formation que nous avons suivie c’est très important parce que les formateurs nous ont montré comment nous devons agir. Comment nous pouvons nous comporter pour pouvoir faire cette alerte. J’ai compris que le projet a pris une très bonne initiative qui vise à nous accompagner. C’est une bonne chose. Si nous devons vivre ensemble en paix, si on voit quelque chose qui risque de devenir un danger pour la communauté après, il faut vite alerter. Et c’est très important. Les formateurs ont insisté sur cela. Ils avaient abordé des points essentiels effectivement qu’on ne savait pas qu’on ignorait. Mais dans cette formation, on nous a tout démontré. On nous a tout dit. Nous avons appris beaucoup de choses pour que cette alerte soit vite faite.
Boulanki Idrissa, Eleveur, Représentant du chef quartier de Diapeou : «Cette formation a été très utile pour nous… »
Cette formation a été très utile pour nous, parce qu’il nous a été enseigné comment faut-il réaliser les alertes précoces. On a compris qu’il est important de ne pas attendre que la chose se passe d’abord avant de réagir. Dès qu’on voit quelque chose d’anormal, en même temps, on doit saisir le commissariat le plus proche, ou le Chef d’Arrondissement ou le chef quartier, en tout cas un responsable qui peut rapidement toucher ceux qui peuvent agir. Je pense que c’est l’idéal, parce que nous on était ici on ne comprenait pas certaines choses. Quand on voyait quelque chose qui se passait dans un autre arrondissement on pensait que ce n’était pas notre problème, mais aujourd’hui on nous a éclairé pour nous dire même si c’est dans une autre commune que quelque chose d’anormal se passe, il faut alerter. A la sortie de cette rencontre, nous allons faire des séances de restitution au niveau de la population à la base pourque chacun puisse avoir des numéros de commissaires, du Maire et d’autres autorités.
OROU ZIME Bio Tian, Maire de la Commune de Ségbana : «Il faut que ce phénomène soit l’affaire de tout le monde»
J’ai l’habitude de dire à ma population que depuis que nous sommes élus, sur dix ateliers, six portent sur la sécurité. Chez nous on dit quand quelque chose te chasse, si elle ne s’arrête pas tu n’as pas le droit de t’arrêter. Le terrorisme nous chasse et il ne s’est pas encore arrête. Donc, s’il faille qu’on se réunisse ici tous les jours pour en parler, cela vaut vraiment le coup. On ne cessera jamais de parler de la prévention surtout pour ce qui concerne la commune de Ségbana. Le phénomène dérange dans notre pays et si on ne prend garde, cela va jouer sur le développement. Je prie pour que Dieu bénisse l’effort de chacun, l’effort de notre gouvernement et celui des partenaires. Je voudrais dire à toute la population que ce phénomène est un gros oiseau dangereux. Il faut que nous prenions les dispositions pour le tuer. Et on a besoin de tout le monde pour le déplumer. Ce n’est pas impossible d’aller contre le terrorisme. Tout dernièrement, j’ai parlé aux députés qui sont passés par ici. Je leur ai dit que ce n’est pas impossible. D’abord c’est l’information, l’alerte précoce. Et c’est ce qui nous réunit ici. J’ai toujours félicité et remercié la population de Ségbana d’avoir déjà ce réflexe d’alerte précoce. Depuis un moment on peut dire que tout mon territoire est couvert par les réseaux GSM. Mais avant ce n’était pas facile. Malgré cela, par le passé, les populations avaient toujours eu ce réflexe de nous informer. Cela nous permet d’alerter la police républicaine. Je crois qu’avec les formations, toujours avec les formations, on sera tous aguerris. Ce que je souhaiterai, c’est que chacun de nous, prenne conscience que ce phénomène est dangereux. J’ai toujours donné l’exemple de l’arrondissement de Lougou. Qu’il vous souvienne qu’en 2020, quelques-uns des gens dont on parle étaient de passage ici. Ils étaient au nombre de 18. Ils ont séjourné dans les brousses de l’arrondissement de Lougou pendant 16 jours. Et aucun agriculteur n’a pu aller au champ. Tout ceux qu’on voit dans la brousse étaient considérés comme terroristes et les gens fuyaient. Donc, pour les autres arrondissements, si vous avez compris qu’il y a eu 16 jours où personne n’a pu aller au champ, vous devrez vous préparer pour éviter cela. Des gens viennent régulièrement pour nous parler du terrorisme, il ne faut pas que cela vous amuse, ou qu’on banalise ça. Il faut que ce phénomène soit l’affaire de tout le monde. Vous savez qu’on est à la frontière avec le Nigeria. Le petit banditisme, les kidnappings on en vit quotidiennement ici à Ségbana. Je voudrais donc nous inviter à suivre tout ce qui sera dit ici et qu’après, on puisse faire la mise en œuvre.
J’ai dit aux députés qu’effectivement, on lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent mais qu’au niveau local, communal les moyens financiers n’accompagnent pas. C’est vrai j’ai parlé de la prise de conscience, mais il faut accompagner cela de moyens financiers. Or, dans nos lignes budgétaires, il n’y a pas cela. Nous n’avons pas la force financière de financer quoi que ce soit dans ce domaine. J’ai demandé aux députés de se battre pour que le gouvernement puisse inscrire désormais dans le budget 2025 une ligne pour pouvoir permettre de financer ces petites activités. Le système va être mis en place. Mais si on sort d’ici et il n’y a pas l’argent dedans, c’est des volontaires qui vont travailler et cela ne suffira pas. Sinon il avait des comités de veille qui ne fonctionnent pas pratiquement faute de moyens. On n’a pas besoin de beaucoup de sous. Un peu, cela galvanise et les gens se mettent au travail ».