
Ange M’poli M’TOAMA
Rouler, la peur au ventre. Pas parce qu’on n’a pas le permis de conduire ou qu’on n’est pas un bon conducteur mais tout simplement, parce que ce qui se passe actuellement sur nos voies est incompréhensible. Du moins, depuis quelques jours au Bénin, il y a de quoi avoir des frayeurs tant les morts par accident s’empilent. En effet, les cas d’accidents non seulement se multiplient mais nourrissent l’inquiétude dans tout le pays. En l’espace d’une semaine, un carambolage dans les collisions… provoquant un lourd bilan humain. Et la saignée s’est poursuivie lundi, mardi et même dans la matinée du mercredi avec une nouvelle collision entre un camion et un bus qui a été signalée avec son lot de dégâts et de morts. Ainsi, entre le 29 mai et le 04 juin, près d’une dizaine d’accidents ont été recensés pour au moins 25 morts, juste selon les données relayées par les médias. Le chiffre est alarmant et l’alerte maximale.
De ce qui précède, il va sans dire que le bilan de ces derniers jours sur nos routes est macabre. Et donc, ce triste constat relance de manière urgente, le débat sur la sécurité routière, la prévention, les sensibilisations et les responsabilités de chaque usager de la route. D’ailleurs, il y a juste quelques semaines, le Centre National de Sécurité Routière (CNSR) annonçait plus de 26 000 cas d’accidents enregistrés depuis 2018, avec une moyenne de 3 ou 4 décès par jour. Face à cette vague d’accidents, certaines causes reviennent avec insistance. Mais, selon les constats faits par les policiers, les facteurs récurrents, sont l’excès de vitesse, les dépassements dangereux de nuit ou dans les tournants, le stationnement inapproprié ou des réparations sur la chaussée sans balisage de signalement et la fatigue des conducteurs. Au-delà de ces éléments, c’est le comportement des usagers qui reste au cœur du problème.
L’indiscipline, une tueuse silencieuse !
Dans plusieurs cas, les témoins rapportent des dépassements mal engagés, des refus de priorité, voire des courses entre chauffeurs sur des routes dangereuses. Peu de conducteurs acceptent de ralentir ou de céder le passage. Autrement dit, l’intolérance au volant devient une norme, et l’indiscipline un réflexe. Et ces facteurs humains sont aussi préoccupants que l’état des routes. Or, quelle que soit la qualité des routes, si les usagers manquent de civisme, les drames se poursuivront. C’est pourquoi, le premier responsable, c’est l’usager lui-même qui doit faire preuve de prudence, de patience et de responsabilité. Et si les chauffeur et conducteurs sont interpellés, les décideurs le sont autant. Car, étant les premiers responsables de la sécurité publique, ils doivent garantir la quiétude à travers des dispositions pour mettre hors d’état de nuire tout mauvais comportement létal. Ainsi, il y a lieu de multiplier non seulement les formations des conducteurs pour le respect du code la route mais aussi, les contrôles routiers avec les radars et les alcootests sur les voies notamment les routes inter-Etats.
Des routes inter-Etats trop étroites et saturées
A côté du comportement des usagers de la route, il y a également la configuration des routes inter-Etats et leur éclairage qui ne rendent pas la tâche facile aux conducteurs. Pour cause, les axes Cotonou-Niamey, Cotonou-Ouagadougou et Cotonou-Parakou sont très empruntés par les bus, camions et véhicules particuliers mais, ces routes n’ont souvent qu’une seule voie dans les deux sens. À cela s’ajoute l’absence d’accotements sécurisés et la vétusté de certains tronçons. D’ailleurs, les virages, comme celui de Kilibo sont des pièges pour les conducteurs qui s’y engagent pour dépasser ou pour gagner du temps. Pour pallier ce problème, l’Etat doit forcément multiplier ses efforts pour une modernisation urgente de ces infrastructures. Il s’agit de construire des routes plus larges, mieux balisées, éclairées et adaptées au trafic actuel afin qu’elles cessent d’être le réceptacle de drames au quotidien.
À l’approche des grandes transhumances de fin d’année scolaire et de vacances, les autorités gagneraient à instaurer une stratégie coordonnée et durable, fondée sur la prévention, la formation, le suivi des transporteurs et la modernisation des routes. Faute de quoi, les semaines à venir déjà qu’au cours de ce long week-end, il y a les fêtes de la Tabaski, de la Pentecôte et du Nonvitcha, risquent d’être aussi meurtrières que celles qui viennent de s’achever. Mais bonne nouvelle, la Police républicaine et les Sapeurs-pompiers ont annoncé des contrôles renforcés sur les RNIE 1 & 2 durant le week-end de la Pentecôte. Espérons qu’enfin, la peur du Policier aidera à arrêter le cycle infernal des accidents.