C’est une tradition. À la veille de chaque élection présidentielle, l’intolérance est à son comble. Le patriotisme se revêt de différents oripeaux. En fait, tout le monde a de leçons à donner à tout le monde. La violence, notamment verbale, s’installe. Les journalistes modérés sont voués aux gémonies. D’autant que les réseaux sociaux donnent la parole à une armée de soldats extrémistes du numérique, influenceurs autoproclamés ou tâcherons conditionnés. Leur position, quoi qu’il se passe, ne varie jamais. Alors, il serait peut-être temps pour tous d’apprendre “qu’il n’est pire intolérance que celle de la raison”. Tout régime connaît des inquisiteurs et des hérétiques dont la mémoire, opportunément, s’efface au lendemain des élections. Entre temps, l’irréparable a peut-être été commis. La moralité en est que, puisque personne n’est plus patriote que personne, en croyant faire notre devoir envers la République, nous ne devons pas oublier d’être tolérants. Parce que dans la vie, et quelles que soient les motivations, “il n’est rien de plus intolérable, ni en fait de moins toléré que l’intolérance”, dixit Giacomo Comte Leopardi.