Créée en 1961 sous la gouvernance de John Kennedy pour soutenir les efforts de développement dans 120 pays dans le monde entier, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a été suspendue par un décret pris par Donald Trump, président des Etats-Unis, le 25 janvier 2025 après son investiture. Très controversée, cette mesure entraîne des conséquences multiples pour le monde entier notamment pour le Bénin.
Santé publique, assainissement, accès à l’eau potable, justice, droit de l’homme, etc. Au Bénin, plusieurs secteurs d’activités sont affectés suite à la fermeture de l’Usaid aux Etats-Unis par la nouvelle administration de Donald Trump. Cette suspension porte un coup dur à l’évolution des différents projets financés par l’agence américaine. Elle intervient dans le volet santé à travers les divers programmes nationaux de lutte contre le sida, le paludisme, la tuberculose et la polio. Dans le projet Assurance pour le renforcement du capital humain, mis sur pied par l’exécutif, l’organisme contribue à la marche vers la couverture santé universelle pour les couches vulnérables.
Principal pourvoyeur d’aide au développement, cette structure appuie aussi d’autres secteurs tels que la justice, les droits de l’homme, la bonne gouvernance, l’assainissement, l’accès à l’eau potable. L’agence d’aide publique au développement soutient les institutions de la République et de nombreuses organisations de la société civile dans leurs divers projets.
Toutes ces actions sont affectées suite à la suspension pour trois mois de l’Usaid. L’accès aux soins des populations bénéficiaires se trouve en difficulté. Si les activités chez certaines ONG locales bénéficiant de cette aide tournent au ralenti, chez d’autres, elles sont en cessation. La plupart des employés de ces organisations redoutent le chômage. A l’instar du Bénin, plusieurs autres pays dans le monde ne sont pas épargnés par cette crise.
Une résurgence de virus dans le monde
Principale donatrice dans le monde entier, l’Usaid dispose d’un budget annuel de 42,8 milliards de dollars. De l’Ukraine à la République Démocratique du Congo (RDC), de la Syrie à la Somalie, l’agence américaine assiste dans plusieurs domaines clés pour encourager les efforts de développement. Il s’agit, principalement de la santé publique, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’éducation, la formation, la gouvernance et l’entrepreneuriat. Pour ces secteurs, les priorités varient selon les régions d’intervention de l’agence. Dans les pays du Sahel en Afrique, une région en proie au terrorisme, un accent est mis sur la sécurité, la gouvernance et l’humanitaire. Quant à la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, la santé et le renforcement de la démocratie sont beaucoup plus ciblés.
En 2023, l’agence a investi plus de 17,4 milliards de dollars sur le continent africain, soit près de 25% de son budget annuel. Depuis un mois, c’est l’angoisse totale. Au plan sanitaire, le Ghana s’inquiète suite à cette fermeture. « Nous sommes confrontés à d’éventuelles ruptures de stock, qui pourraient entraîner une augmentation des maladies évitables, des décès maternels et une résurgence de virus comme le paludisme et la tuberculose », a expliqué Abdulai Abukari, directeur médical de la région Nord du service de santé du pays à l’AFP.
Dans le domaine de la sécurité alimentaire, le Ghana a connu un progrès au cours des deux dernières décennies. Mais cette mesure risque de freiner cette prouesse réalisée par le pays. « Si nous ne recevons pas les engrais et les semences à temps, nos rendements chuteront considérablement », s’est plaint un agriculteur ghanéen à l’AFP. En 2024, le Ghana a reçu une enveloppe de 187 millions de dollars de la part de l’Usaid pour surmonter ses défis de développement.
Au Kenya, l’insomnie gagne de nombreuses personnes atteintes du VIH qui dépendent de PEPFAR. Soutenu par l’Usaid, ce programme prend en charge des soins contre cette maladie. Selon la directrice exécutive de l’African population and Health Reaserch, « la plus grande perte pour l’Afrique sous l’égide de l’USAID sera le financement du PEPFAR, qui soutient les programmes de prévention, de dépistage et de traitement du VIH ».
L’Ukraine, ce pays européen, n’est pas en marge des conséquences de cette mesure. Des médecins montent au créneau pour donner l’alerte. « C’est un coup au-dessus de la ceinture. Cela fait souffrir les gens qui dépendent des services qu’ils reçoivent chez nous. J’estime que c’est injuste cette décision prise par Donald Trump. Jusqu’à présent, on avait contrôlé les infections au VIH. On avait un traitement pour l’hépatite. Maintenant plus rien », a déploré un agent de santé en fonction en Ukraine sur une chaîne internationale.
« L’Amérique d’abord »
A son arrivée à la Maison Blanche, l’homme d’affaires, Donald Trump a ordonné la fermeture de cet organisme international pour 90 jours. Une décision qui s’inscrit dans sa nouvelle politique « L’Amérique d’abord ». Elon Musk, nommé chef du département de l’Efficacité gouvernementale, a qualifié l’Usaid « d’organisation criminelle ». Pour sa part, il était « temps pour elle de mourir ». Le siège de l’Usaid à Washington emploie plus de 1200 fonctionnaires en cessation désormais d’activité suite à cette suspension. Selon les informations, le rapatriement des agents américains en fonction dans les autres pays est déjà lancé. De nombreuses voix s’élèvent pour fustiger cette mesure qui bloque les efforts de développement. L’heure est désormais à la recherche d’une alternative pour atténuer les chocs. Un mois est passé après cette décision. Dans deux mois, les Etats bénéficiaires seront situés.
Joël SEKOU (Collaborateur)
