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Solidarité et développement : Plaidoyer pour la promotion de l’attelage  

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Le développement économique d’un pays est le fruit du labeur de tout un peuple et la solidarité rapproche les composantes de ce peuple. Quoi de plus naturel alors que ces deux notions s’attirent et sont interdépendantes ?

Le développement bien perçu ne saurait passer pour n’être qu’acte du gouvernement notamment aux yeux du citoyen moyen. Il est vrai en effet, que sans sentiment de participation de quelque manière du peuple dans son ensemble à l’œuvre du développement de son pays, il se crée insidieusement dans l’esprit de ce dernier et sans qu’il s’en doute, une dichotomie qui finit par faire de lui, un spectateur sans plus jamais se sentir acteur dudit développement. Il se retrouve ainsi par la force des choses, étranger dans son propre pays et cela est désastreux.  Pour contrarier une telle situation, l’Etat ne pourrait – il promouvoir systématiquement l’attelage intégrateur développement-solidarité ?

Les contours socio politiques de notre développement économique

Il me souvient que dans les années 1960, aux lendemains des indépendances de bon nombre d’Etats   africains, les termes consacrés pour désigner, avec un tantinet de condescendance il est vrai, ces nouveaux venus sur la scène internationale étaient ‘‘les pays sous-développés ’’ . Puis chemin faisant, les esprits évoluant et le vocabulaire leur emboîtant le pas, Ils sont devenus ‘‘des pays en voie de développement’’.  De l’autre côté, le terme d’usage pour les pays économiquement avancés était la croissance pour mesurer les performances qu’ils réalisaient déjà. Cette discrimination terminologique se justifiait en ce sens que la première catégorie de pays en était encore à la phase de décollage, mobilisant toutes ses ressources et son capital humain pour y parvenir dans une œuvre d’ampleur globale en termes de matières et populaire en termes d’acteurs. C’est ainsi, pensons-nous, qu’il convient d’appréhender la consistance du concept développement ; et l’on sait que le développement ne peut se faire sans que les citoyens se serrent les coudes autour de la tâche commune. Et cela, c’est la solidarité. Le développement bien perçu est donc en lien fonctionnel avec la solidarité.  Ce n’est pas pour rien que les Nations Unies promeuvent l’idée d’un développement humain mettant de telle manière l’emphase sur les aspects sociaux et partant, solidaires du processus.

Le parcours de la valeur solidarité dans notre système politique

Autant qu’il m’en souvienne, c’est le Président Boni Yayi qui a introduit pour la première fois la notion de la solidarité nationale dans l’ossature gouvernementale de notre pays. Ce fut en l’année 2008 lorsqu’il créa un Ministère de la famille, des actions sociales, de la solidarité nationale, des handicapés et des personnes du troisième âge. Ainsi, et pour la première fois de notre histoire politique, la valeur solidarité fit son apparition au niveau de l’Etat. En décembre 2010, le chef de l’Etat renchérit en créant   le Haut Commissariat à la solidarité nationale qu’il   dota de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Il y avait alors lieu de penser que débutait ainsi l’ascension officielle d’une valeur sociale, du reste, déjà ancrée dans nos traditions. Au cours de la seconde mandature du Président Yayi Boni, la valeur   battit son plein. Eurent alors lieu dans la seule année 2012, l’opération des 120 jours pour équiper nos hôpitaux, l’opération des 100 jours pour équiper nos centres de formation technique, puis la quinzaine de solidarité pour venir en aide aux plus démunis d’entre nous.  En 2013, avait suivi la campagne des 90 jours de la police baptisée Djakpata qui bien que d’essence sécuritaire, avait soulevé un mouvement de solidarité populaire pour aider la police à traquer les malfrats. Quatre opérations de solidarité en deux ans.  Les choses semblaient donc aller bon train pour cette valeur et nous étions assurés que c’était le moment idéal pour la mettre sur le piédestal et aussi la coupler avec le développement, mais ce ne fut qu’un vœu pieux.  Contre toute attente et en cette même année 2013 de l’opération Djakpata, le Chef de l’Etat fit marche arrière et déclassa l’instance pour la placer sous la tutelle du Ministère de la famille, des affaires sociales et de la solidarité nationale ; elle perdit ainsi de fait et tout à la fois sa personnalité juridique et son autonomie   financière mais la structure demeurait. Le chef de l’Etat avait dû se rendre compte de son inefficacité outre le fait que cette instance avait objectivement l’apparence gênante d’une structure de droit privé à l’intérieur de l’appareil étatique. C’est alors que, ne faisant pas dans le détail, le Président Talon venu au pouvoir le 06 avril 2016, prit dès le 3 mai un décret abrogeant celui du Président Boni Yayi qui l’avait créée. La rapidité et la soudaineté de la décision avait, il faut bien le dire, laissé pantois plus d’uns. Mais le Président Talon n’avait fait que donner le coup de grâce à une instance déjà boutée dehors par celui- là même qui l’avait créée.

Quiproquo et ambiguïté d’un terme

Le substantif Solidarité a la particularité d’être un terme à double connotation selon que l’on appartienne à   la classe aisée, à l’abri du besoin ou à celle défavorisée tirant le diable par la queue ou alors qu’il s’agisse d’un gouvernement plus ou moins à droite ou à gauche.

Lorsque l’on fait partie de la classe à l’abri du besoin ou qu’il s’agit d’un régime à tendance libérale intégrale ou néo libérale, dont la doctrine ne milite pas particulièrement en faveur de la justice sociale, solidarité consiste à trouver les voies et moyens d’assister les démunis   par devoir afin de garantir la cohésion et la paix sociales.  Et, cela n’est fondamentalement pas conforme à la doctrine libérale de non ingérence de l’Etat dans les affaires économiques. L’on comprend alors que solidarité ne soit pas la tasse de thé de cette classe sociale.

Lorsque l’on est de la classe des moins nantis ou qu’il s’agit de régime de gauche, l’on est concerné par la justice sociale et la répartition équitable des richesses du pays.

Deux façons diamétralement opposées de voir la chose. Il demeure cependant que tout régime quelle que soit son obédience, a besoin de l’élément fédérateur qu’est la solidarité pour se construire. L’on devrait alors pouvoir introduire et promouvoir dans un système d’économie libérale à l’instar de la nôtre, cet élément d’essence socialiste qu’est la solidarité.  Le ‘‘hautement social’’ y gagnerait. Le développement est intrinsèquement affaire de solidarité et cette solidarité initiale s’exprime par le biais des impôts directs et indirects que paient tous les citoyens de manière solidaire indépendamment de leur classe sociale.

La solidarité : une responsabilité collective civique

Du point de vue socio politique, la solidarité devrait être appréhendée comme étant   une manifestation de responsabilité collective. Lorsque feu Président John Kennedy clamait : Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez – vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ; et   lorsqu’en Corée du sud les motocyclistes transportent gratuitement les élèves de parents non aisés pour les amener en salles d’examen le jour du baccalauréat, c’est la solidarité s’exprimant sous forme de responsabilité collective avec en arrière-plan le développement du pays. Et, elle est plus que cela. Ne perdons pas déjà de vue que c’est elle qui était venue à la rescousse lorsque l’Etat peinait à supporter les charges sociales de la COVID 19. En conclusion de tout ce qui précède, nous devrions retenir que Solidarité bien comprise n’est décidément point un traquenard pour appauvrir les riches et, à leurs dépens, enrichir les pauvres.   Elle est au contraire facteur de rapprochement dont a besoin le développement pour se réaliser ; aussi serait-il judicieux que des   dispositions incitatives soient prises afin que développement du pays rime avec solidarité nationale et non plus seulement avec actions de gouvernement. Gageons que si les choses étaient comprises ainsi, le développement de notre pays y gagnerait davantage tant en compréhension qu’en popularité.

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