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Se prémunir du syndrome sahélien

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L’Afrique est en marche. Plus particulièrement, l’Afrique occidentale. Dans un sens qui inquiète. Trois pays, dont deux limitrophes du Bénin, sont en révolution. Par coups d’État successifs. D’abord, au Mali, le 24 mai 2021, Assimi Goïta, vice-président d’un gouvernement issu d’un coup d’Etat, renverse le Président Bah N’daw et reprend le pouvoir. Puis, au Burkina Faso, suite à la mutinerie du 30 septembre 2022, le  capitaine Ibrahim TRAORÉ met un terme à la transition qui avait commencé huit mois plus tôt, avec Sandaogo Damiba et arrache le pouvoir. Enfin, le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum, dauphin désigné et successeur de Mahamadou Issoufou, est séquestré au palais présidentiel. Le chef de la garde présidentielle, un autre fidèle de Mahamadou Issoufou, prend le pouvoir. Ce dernier coup exaspère les dirigeants de la Cedeao qui haussent le ton et donnent un ultimatum aux autorités de fait, à l’issue de leur rencontre du 31 juillet 2023. C’est le début de l’escalade et la fin de la cohésion au sein de la Cedeao qui, depuis, a perdu ces trois pays qui en étaient membres.

Cedeao en régression

On se rappelle que la radicalité des actes de la Cedeao au lendemain du coup d’État intervenu au Niger avait provoqué l’effritement du capital de sympathie dont jouissait l’institution et l’effondrement de son influence dans toute la sous-région. Aussi, surfant sur cette dégradation, les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger qui, tous les trois avaient prétexté des insuffisances dans les stratégies de lutte contre le terrorisme, ont-ils créé l’aAlliance des États du Sahel (AES). Avec en ligne de mire, la France qui venait d’être chassée du Sahel et dont le contrôle supposé des arcanes de la Cedeao était querellé. Entre-temps, les trois putschistes se sont entendus pour se faire désigner présidents de la République. À la faveur des assises nationales d’une sincérité douteuse. Pour une transition de cinq ans extensibles, avec possibilité de candidature, à l’échéance hypothétique d’élections présidentielles. En somme, des présidences à vie sous voilure anti terrorisme.

Valeurs inversées

Parallèlement, dans la même sous-région, deux autres membres de la Cedeao se particularisent. La Côte d’Ivoire s’embourbe dans un système d’exclusion arbitraire qui risque d’entraîner le pays dans une nouvelle crise majeure. Alors que son président octogénaire, peut-être candidat à un quatrième mandat, en violation des règles établies, avait déjà arraché au prix du sang, un troisième mandat en phase d’achèvement. Le Togo, en adoptant quant à lui une nouvelle Constitution, est entré dans la cinquième République, avec un régime parlementaire. Un nouveau président de la République est élu par une Assemblée bicamérale et installé. Avec lui, désigné à l’unanimité, un président du conseil des ministres, éligible ad vitam æternam.

En somme et principalement au Sahel, tout se passe sous les acclamations et l’admiration d’une jeunesse exaltée et acquise. Exit, la démocratie. Suspendues, les institutions. Morts, les partis politiques. Finies, le cycle des élections. Terminées, les libertés publiques. Bâillonnée, la presse. Exilés les contestataires….

Telle est la nouvelle conception de la gouvernance politique qui s’est créée autour du Bénin, lequel, à son corps défendant, se retrouve dans l’œil du cyclone. Dans ces conditions, il est logique de penser qu’il y a de nombreux compatriotes qui rêvent de voir le Bénin rejoindre l’AES et, de ce fait, seraient prêts à cracher sur tous les acquis démocratiques.

Prévenir vaut mieux que guérir

Sinon, comment comprendre, de la part de populations qui ont connu les délices de la démocratie, un tel renoncement facile aux attributs de liberté et d’égalité ? Quelle est la source de l’engouement béat des jeunes pour les narratifs controversés du panafricanisme, du nationalisme et du souverainisme ? Quid de l’avenir des jeunes béninois dans un tel environnement vicié?

Il y a là des préoccupations de premier ordre dont nous devons faire notre priorité. En lieu et place de nos caprices d’enfants gâtés, vendeurs d’acquis démocratiques illusoires.

Car, toutes proportions gardées, nos petits problèmes d’intérêts politiciens de pacotille que nous considérons grands comme l’Himalaya, font rire les observateurs et nous font passer à la limite, pour des adultes irresponsables; des petits esprits qui jouent à se faire peur et qui sont, eux-mêmes, auteurs de la plupart de leurs problèmes qu’ils fabriquent de toutes pièces. Par avidité, par cupidité. De grands chanceux que l’incendie qui ravage les cases des voisins n’émeut guère outre mesure. Comme si notre pays était naturellement épargné de cette gravissime extinction des valeurs démocratiques.

 À la fin, il va quand même falloir nous réveiller. Pour réfléchir profondément et très sérieusement à cette pathologie de la démocratie qui se métastase, afin de nous prémunir du syndrome sahélien. Impérativement. Parce que, prévenir sera toujours mieux que guérir.

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