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Sandra Idossou à propos de la loi sur les sachets plastiques au Bénin : « […] Une loi votée à l’Assemblée ne suffit pas si la mise en application n’est pas effective. »

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Reconnus pour être une source de problèmes majeurs à l’échelle mondiale, les sachets plastiques représentent un danger pour l’environnement et la santé humaine. C’est ainsi qu’a été adoptée, à l’Assemblée nationale, le 3 novembre 2017, une loi interdisant la fabrication, l’utilisation et la commercialisation des sachets plastiques au Bénin. Elle a pour objectif d’éradiquer définitivement l’usage des sachets plastiques afin d’assurer la protection de l’environnement, mais aussi de préserver la santé publique. Dans cette interview, Sandra IDOSSOU, activiste écologiste béninoise, militante pour la protection de l’environnement et promotrice de la galerie « Kouleurs d’Afrik »,  donne son impression sur l’impact et les limites de cette loi.

Avez-vous la sensation que cette loi a permis des avancées dans la lutte contre les sachets plastiques au Bénin ?

Je pense que c’est une bonne chose d’avoir une loi qui interdit les sachets plastiques au Bénin. C’est positif, parce que petit à petit, on remarque une prise de conscience des dangers que représente le sachet plastique. Aujourd’hui, dans les grands supermarchés, les grandes surfaces et même dans l’administration, les gens n’offrent plus ou ne mettent plus de produits dans des sachets plastiques. Mais, bien évidemment, comme on l’a tous constaté, une loi votée à l’Assemblée ne suffit pas si la mise en application n’est pas effective. Ce qui reste problématique, ce sont surtout les marchés, où les sachets sont encore plus présents qu’avant.

Aujourd’hui, cette loi est-elle toujours d’actualité ou déjà tombée dans l’oubli ?

Je ne sais pas si l’on peut dire qu’elle est tombée dans l’oubli, mais c’est plutôt sa mise en application qui n’a pas été assurée par l’autorité centrale. Vous savez, la société civile ne peut pas seule interpeller les commerçants, les producteurs, les distributeurs. C’est à l’État de veiller à l’application de la loi. Et si l’on remarque toujours autant de sachets plastiques, c’est bien parce que l’État n’a pas joué son rôle.

Alors, comment corriger le tir ?

J’estime qu’il est nécessaire de continuer la sensibilisation. La preuve, c’est que vous voulez en parler. Une habitude adoptée depuis 30 ou 40 ans ne disparaît pas en quelques mois ou même en quelques années. Il est donc fondamental d’insister, jusqu’à ce que les populations prennent conscience que le sachet plastique, bien que présent dans leur quotidien, n’est pas un allié. Il faut continuer la sensibilisation et amener les autorités à mettre en œuvre la loi, qui prévoit des amendes, voire des peines d’emprisonnement pour les promoteurs ou importateurs illégaux. Tant qu’aucun exemple n’est donné en mettant certains contrevenants aux arrêts, d’autres continueront à inonder le marché de sachets plastiques. Il faut saluer les efforts de la société civile pour sensibiliser les populations. Mais la population elle-même doit se sentir responsable. Quand on sort acheter de la bouillie chaude dans un sachet plastique, on ne peut pas toujours dire que c’est uniquement l’autorité qui ne fait pas son travail. Il faut continuer à tirer la sonnette d’alarme jusqu’à ce que chacun comprenne que les sachets plastiques sont un véritable danger pour la santé et l’environnement.

Vous êtes la promotrice de la campagne « Sachets Héloué » au Bénin. Quel est l’impact de ce genre d’initiatives ?

Avec toutes nos initiatives, à travers la campagne « Sachets Héloué », nous essayons de sensibiliser les populations. Quand nous courons, que nous marchons ou que nous ramassons des déchets plastiques, c’est pour que les gens réalisent à quel point le sachet plastique est un fléau. Une fois jeté dans la nature, il peut y rester plus de 400 ans. Aujourd’hui, nous organisons également des événements nocturnes pour responsabiliser nos concitoyens sur la propreté de nos rues et leur propre rôle dans cette propreté. Ce sont des initiatives louables. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile à organiser, à cause du manque d’adhésion des entreprises pour nous accompagner. C’est souvent avec beaucoup de difficultés que nous parvenons à mettre en place ces événements.

Zéro sachet plastique au Bénin : peut-on y parvenir un jour ?

Oui, bien évidemment, le Bénin peut parvenir à zéro sachet plastique, si tous les efforts sont faits dans ce sens. S’il y a une volonté politique réelle et que l’on souhaite véritablement changer les choses, c’est possible. Si ce n’était pas le cas, je ne me serais pas engagée dans cette lutte. On a vu le gouvernement prendre des décisions fermes et se donner les moyens de les réaliser. Donc, je me dis que s’il décide de mettre fin à l’usage des sachets plastiques, c’est faisable. Cela nécessite bien sûr la mise en application de la loi, la disponibilité d’emballages biodégradables et l’implication active de la population. Si je me suis engagée dans ce combat depuis sept ans, c’est parce que je suis optimiste. Et si je continue d’en parler, c’est parce que je sais qu’il ne faut pas forcément beaucoup de choses : il suffit de volonté, et le pays peut y arriver. Nous avons déjà accompli beaucoup de choses. Et si nous décidons collectivement de lutter pour l’éradication du sachet plastique, c’est tout à fait possible. Mais pour cela, il faut arrêter les discours et poser des actes concrets.

Propos recueillis par Samirath MOUMOUNI

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