Les réseaux sociaux font aujourd’hui partie intégrante du quotidien de toute personne, particulièrement des jeunes. Cependant, si l’explosion du nombre des internautes semble logique du fait de la place qu’occupent les plateformes numériques leurs impacts sur le bien-être mental préoccupent en raison de leur usage excessif.

Michèl GUEDENON
Que ce soit pour la communication, l’information, les services, le réseautage ou pour l’apprentissage ou encore pour la distraction, les réseaux sociaux offrent de précieuses opportunités pour les utilisateurs. Ils permettent surtout aux recruteurs et aux personnes en quête d’emploi de se renseigner l’un sur l’autre afin d’envisager ou pas une contractualisation. Ils facilitent surtout le réseautage pour les professionnels de la communication et du commerce en ligne. Mieux, des structures et des organisations internationales forment des internautes à qui des certificats ou des attestations sont délivrés sur des questions d’actualité, à la fin de chaque module. Outre l’aspect professionnel, les réseaux sociaux servent également de canaux de distraction pour plusieurs jeunes qui en deviennent assujettis. Dès lors, ils deviennent vulnérables aux retombées surtout psychologiques liées à l’utilisation abusive des plateformes numériques. Même dans le milieu scolaire où l’usage du téléphone portable est strictement prohibé à tous les élèves, le fléau sévit. Gérémie Lokonon, Enseignant des Sciences de la vie et de la terre (Svt) confie que les réseaux sociaux nuisent aux résultats scolaires des élèves qui ont du mal à se concentrer. « Les réseaux sociaux ont significativement perturbé la concentration des élèves en classe. (…) Pendant que j’explique le cours, certains élèves se connectent à Facebook pour se distraire. À cause des réseaux sociaux, les leçons ne sont souvent pas bien notées dans les cahiers. Pressés de sortir pour aller parier sur des sites de jeux en ligne, certains élèves ne suivent même pas le cours jusqu’au bout », explique-t-il, dénonçant l’addiction faite du numérique par les jeunes. Activiste de la santé mentale, Christelle Gnimassou, Présidente de l’organisation non gouvernementale « Triomphe de l’intérieur » et promotrice du Congrès international de guérison intérieure et de bien-être mental, fait savoir que ces dernières années, le nombre de jeunes internautes a considérablement augmenté. Elle renseigne également que plusieurs jeunes en arrivent à un stade d’abus où ils rattrapent en journée le sommeil de la nuit précédente manqué au point où le système nerveux est perturbé dans son fonctionnement normal.
Le bien-être mental face aux réalités du numérique
La présence digitale des jeunes n’est cependant pas ce qui inquiète. La préoccupation se trouve plutôt au niveau des revers de l’utilisation malsaine des réseaux sociaux sur la santé mentale. Selon Floride Sossou, psychologue de l’éducation et Directrice du centre d’accompagnement psychologique Happy Kids, les réseaux sociaux deviennent une grande menace pour la stabilité mentale des jeunes dès lors qu’ils en sont fortement dépendants. Ainsi, poursuit-elle, ils dorment très peu et deviennent des proies faciles pour la dépression, l’anxiété, la solitude, l’addiction à la violence, les complexes, la drogue et, entre autres, les troubles d’identité dus à l’absence d’estime de soi. En effet, plusieurs facteurs déclenchent ces troubles chez les jeunes. Christelle Gnimassou révèle qu’en tant que coach de vie certifiée, elle reçoit des messages de plusieurs jeunes stressés et complexés car étant sous l’influence de la vie de leurs camarades qui ont tendance à leur prouver qu’ils ont réussi leur vie. A ses dires, ces derniers sont psychologiquement dérangés du fait d’avoir raté leur vie comparativement à celle qu’affichent leurs collègues à travers leurs photos et vidéos postées. Certaines filles, d’après la présidente du Congrès international de guérison intérieure et de bien-être mental, souhaitent avoir la même silhouette que des influenceuses et se plaignent tout le temps de leur forme physique à elles-mêmes. Ailleurs, l’on a l’arnaque, la sextorsion, la piraterie, la diffusion de contenus extrêmement intimes et le chantage ainsi que d’autres formes de cybercriminalité. Lorsqu’un jeune est victime de l’une de ces situations, les risques sur sa santé mentale ne sont pas des moindres. Entre autres issues qui s’ouvrent aux victimes, le suicide figure en tête de liste. Cela s’observe aussi dans les cas d’intimidation, de moqueries et de diffamation. Christelle Gnimassou rajoute que le recours à la chirurgie esthétique, malgré les probables revirements, reste une autre option pour plusieurs personnes en quête de solutions pour se faire accepter par les autres.
Un renforcement de l’éducation au numérique s’impose
Dans ce contexte où les réseaux sociaux s’apparentent à un couteau à double tranchant, outils de travail ou de recherche indispensables et grande menace pour le bien-être mental des jeunes internautes, des actions sont suggérées par différents acteurs pour protéger la couche juvénile. Fâché de ce qu’aujourd’hui l’école enseigne sans plus éduquer, Gérémie Lokonon estime qu’elle pourrait jouer un rôle actif et structurant dans l’éducation numérique, « si l’école retrouvait pleinement son rôle de lieu d’éducation », a-t-il précisé. Quant à Christelle Gnimassou, elle pense qu’il est préférable pour tout jeune de prioriser sa santé mentale. Selon elle, il faut que chaque jeune découvre ses passions afin de s’épanouir pleinement sans devenir victime des revers du numérique. De son côté, Floride Sossou propose également des alternatives mais insiste sur le fait que ces stratégies seront sans effet considérable si au préalable la personne concernée ne réduisait pas sa durée devant les écrans. Entre autres perspectives proposées, elle met l’accent sur la nécessité de développer sa vie sociale en s’entourant des gens que l’on connaît soi-même et en s’occupant des activités se rapportant à ses passions dans la vie active. En dernier recours, recommande-t-elle, il faut utiliser un téléphone sans connexion quand l’on devient un addict de la chose.