0 CFA

Votre panier est vide.

Pothin Adanvessi sur l’usage des Sachets plastiques : « Aujourd’hui, la stratégie la plus efficace serait la répression intelligente »

Date :

Interdits depuis 2017, les sachets plastiques continuent pourtant d’envahir nos rues, nos marchés, nos caniveaux… et nos habitudes. Huit ans après l’adoption de la loi censée tourner la page du plastique à usage unique, le constat est alarmant : l’environnement ploie toujours sous le poids de ces déchets persistants. L’écart entre les textes et les réalités du terrain questionne sur l’efficacité des mesures en place, et appelle à une profonde révision de l’approche collective. Des acteurs refusent de rester les bras croisés. Parmi eux, Pothin ADANVESSI. L’activiste environnemental et fervent défenseur de solutions écologiques, nous livre sa vision dans cet entretien.

Pourquoi, malgré l’interdiction des sachets plastiques au Bénin depuis plusieurs années, leur usage reste encore aussi répandu dans les marchés et les foyers ?

La persistance des sachets plastiques au Bénin résulte principalement d’un manque de suivi rigoureux et de volonté politique dans l’application de la loi. Les mesures sont là, mais leur mise en œuvre reste souvent laxiste. À cela s’ajoute l’ignorance de la population face aux dangers sanitaires et environnementaux de ces déchets plastiques, qui continuent d’être perçus comme pratiques et accessibles.

Quelles sont, aujourd’hui, les alternatives concrètes et accessibles aux sachets plastiques déjà disponibles sur le marché béninois ?

Fort heureusement, des alternatives locales existent : les papiers kraft, les sacs artisanaux (en tissu ou en raphia), les emballages issus de l’upcycling, et même les feuilles vertes, refont timidement surface dans certaines zones rurales.

Selon vous, qu’est-ce qui freine l’adoption massive de ces alternatives par les commerçants et les consommateurs au Bénin ?

Plusieurs freins majeurs se dressent encore : l’ignorance, aussi bien du côté des consommateurs que des décideurs, le manque d’information sur les conséquences du plastique, et le coût élevé de certaines alternatives écologiques, qui les rend inaccessibles à une frange importante de la population.

Les campagnes de sensibilisation menées au Bénin ont-elles eu un réel impact sur les comportements des citoyens vis-à-vis du plastique ?

Oui, même si le chemin reste long. Personnellement, c’est lors d’une campagne de sensibilisation que j’ai décidé de m’engager activement contre le plastique. Et comme moi, d’autres citoyens changent progressivement leurs habitudes. L’impact n’est peut-être pas encore massif, mais il est réel et palpable dans certains milieux, surtout chez les jeunes.

Quelles stratégies le Bénin pourrait-il adopter pour encourager davantage l’utilisation des emballages biodégradables et soutenir les initiatives locales ?

Aujourd’hui, la stratégie la plus efficace serait la répression intelligente. L’exemple du port obligatoire du casque à moto montre bien que la contrainte peut déclencher un réflexe. Mais cela doit aller de pair avec un véritable appui aux startups locales qui proposent des solutions alternatives, des incitations fiscales ou subventions, et une politique publique volontariste pour valoriser la production locale d’emballages durables.

Les sanctions contre l’utilisation des sachets plastiques sont-elles effectivement appliquées ?

Oui, des efforts sont faits. Il suffit de se rendre à la Direction de la Police Environnementale pour constater que des contrôles et des sanctions sont bel et bien en cours. Toutefois, il reste à généraliser et renforcer ces actions pour qu’elles aient un impact plus visible à grande échelle. La loi existe, certes, mais son application demeure encore insuffisante. Bien que les effets des actions engagées ne soient pas encore perceptibles à grande échelle, force est de reconnaître que, dans l’ombre, de nombreux acteurs de la société se mobilisent pour éradiquer ce fléau silencieux.

Pour que ces efforts portent véritablement leurs fruits, il devient impératif que les autorités instaurent une « répression intelligente », qui permette d’éveiller les consciences sur les dangers sanitaires, environnementaux et écologiques liés à l’utilisation des sachets plastiques. Cette répression devrait s’accompagner d’une application rigoureuse de la loi, notamment en matière d’importation et de commercialisation.

Parallèlement, il est crucial de promouvoir des alternatives biodégradables, en les intégrant progressivement dans les habitudes des ménages. Cela passe par une sensibilisation continue, mais aussi par une politique tarifaire accessible. Rendre ces solutions plus abordables, c’est leur donner une chance d’être adoptée massivement, et contribuer ainsi à la construction d’un avenir plus sain et respectueux de notre environnement.

Par Alexia Lumière-Christina ADJOU-MOUMOUNI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager

spot_img

Populaires

dans la même catégorie
Articles

Bénin : 222 kg de faux médicaments saisis

La Police républicaine a démantelé un réseau de vente...

Réforme au Bénin : 12 universités privées internationales voient leurs diplômes de santé reconnus !

Les titres obtenus dans 12 établissements privés de formation...

Voix glaçante sur les réseaux : un imposteur annonce des exécutions de « divorcés sociaux » à Ouidah

Alexia Lumière-Christina ADJOU-MOUMOUNI Un message audio relayé massivement sur les...