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Père Rodrigue Gbédjinou à propos de la célébration pascale : « Pâques nous interpelle tous, en particulier les chrétiens, à être semeurs de la joie et de l’espérance… »

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La Pâques, préparée pendant 40 jours de jeûne, de prière et de partage en l’occurrence pendant la semaine sainte, est une célébration de référence chez les chrétiens notamment ceux catholiques. Elle retient l’attention des hommes de Dieu. Etant inscrit dans cette dynamique, Père Rodrigue Gbédjinou, directeur de l’Ecole d’Initiation théologique et Pastorale (EITP), a non seulement publié l’ouvrage « Vivre mieux la semaine sainte » sur la préoccupation, mais aussi dans cet entretien, a donné plus de précisions.

Pourquoi la fête Pâques est-elle centrale pour les chrétiens ?

L’Incarnation Rédemptrice est le cœur de la foi chrétienne. Il ne suffit pas de croire en Dieu ou en n’importe quel Dieu. Le visage du Dieu auquel nous croyons détermine notre relation à Lui et aux autres. Par amour, Celui qui était au Commencement (Jn 1, 1) s’est fait Homme (Jn 1, 14) et a exprimé cet amour jusqu’au bout (Jn 13, 1) : quelle passion ! Sur la Croix, il s’est dit complètement et totalement comme Amour : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8).  Toute la foi chrétienne est structurée autour de Pâques, c’est-à-dire autour de la Passion, Mort et Résurrection du Christ. « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu (…) Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 14…19). Pâques consacre et accomplit, plus que toute hypothèse (comme celle de la réincarnation par exemple, qui méprise la corporalité humaine, nie l’existence du Dieu personnel, livre l’homme à un impossible auto-accomplissement comme l’exprime le mythe de Sisyphe pour le confondre finalement à l’univers) le désir d’éternité que porte chaque homme en son cœur.

La liturgie nous indique la grandeur et la richesse de cette fête, préparée par le Carême (40 jours de Pénitence, de Prière et de Partage) : aussi la dernière semaine est-elle la Semaine Sainte, la Semaine des Semaines, ouverte par le Dimanche des Rameaux. Et les trois derniers jours concentrent le mystère de la foi ; c’est le Triduum pascal.

Pourquoi ces rites sont-ils observés seulement à la veille des Pâques ?

Plus que des rites, ce sont des mystères auxquels nous font participer ces célébrations de foi. La fête de Pâques est célébrée chaque année, et chaque dimanche est Pâques et chaque Eucharistie est célébration du mystère pascal dont l’odyssée a commencé le Dimanche des Rameaux.  

Ce dimanche rend les chrétiens contemporains de ceux qui ont vécu l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem, le Messie annoncé. Il exprime le sens du vrai pouvoir : le Christ, notre Roi, monte sur un âne et non sur un cheval. Il nous fait entrevoir la dramatique du cœur humain et le drame du pouvoir humain autosuffisant à travers les faiblesses de notre volonté limitée quand elle compte trop sur elle-même (Pierre et ses reniements) ; la trahison de l’ami (Judas), l’aveuglement et l’endurcissement du cœur dû au silence de la conscience (Pilate, Judas). Mais, face à ces gestes de méchanceté, l’Amour triomphe.

La bénédiction des huiles évoque les valeurs curative et esthétique (soins) ; spirituelle et religieuse (offrande, consécration des rois et des prêtres) de l’huile dans nos cultures. Ses propriétés naturelles (remède, fortifiant, parfum, nourriture, éclairage) sont assumées et élevées au rang de canal de grâce. Par ces huiles bénies, le Christ l’Oint de Dieu prend soin de l’homme en le fortifiant, le protégeant et se le réservant, à travers les sacrements, source efficace de grâce.

Et le sacrement majeur est celui de l’Eucharistie, institué le Jeudi Saint. Jésus donne son Corps et son Sang, perpétué par le sacerdoce : « Faites ceci en mémoire de moi » (1 Co 11, 24). Et il en donne le sens indépassable : l’amour. Par le lavement des pieds à ces disciples, il institue le nouveau commandement, le Sacrement de l’Amour. C’est la grâce du Seigneur qui nous fait ; il nous faut nous laisser faire par la grâce du Seigneur.

Et l’Eucharistie est accomplie le Vendredi Saint. Le Corps donné la veille est étendu sur la croix ; le Sang livré est versé pour la multitude. Par amour qui donne, s’abandonne et pardonne. Le Samedi Saint est le Jour du Grand Silence. Certitudes et incertitudes : c’est le drame de l’espérance. Mais déjà brillent les lueurs de Pâques.

La Veillée pascale est la Mère des veillées, à travers la célébration de la lumière et l’Exulte, la liturgie de la parole variée et riche, la liturgie baptismale et le renouvellement des promesses du baptême, la liturgique eucharistique.

Le dimanche de Pâques, c’est la Résurrection, insurrection de l’amour contre la haine, du bien contre le mal, de la vie contre la mort

Pourquoi le Chemin de Croix du Vendredi Saint se déroule-t-il dans une procession à travers la ville ?

Jésus est mort à Jérusalem. Il a porté sa Croix dans la ville. Nous revivons sa Passion pour l’homme à travers la ville. Il est d’ailleurs mort pour tous les hommes : l’Eglise en ce jour prie pour tous les hommes, de toutes conditions, races, religions.  La ville a besoin de ce signe. La religion chrétienne a toujours été un culte public rendu à Dieu. Quand certains, au pouvoir, paradoxalement des chrétiens, ont voulu restreindre ou ignorer ou interdire cette dynamique, j’ai publié en 2017 cet article intitulé : « La religion et l’espace public : Pour un débat serein et profond… », in La Presse du Jour 2813 (2017) 2. 4.

Vivre le Chemin de Croix à travers la ville est une belle dévotion, à laquelle doit être sauvegardé le caractère priant pour qu’elle ne se transforme pas en folklore. Et l’acte le plus significatif de ce jour de Jeûne est la célébration de la Passion, où dans le recueillement et le dépouillement, nous revivons dans nos églises la passion du Christ. Nous vénérons la Croix par qui le Salut est venu dans le monde. Et nous communions au Corps du Christ. Par la mort de son Fils, Dieu n’est pas absent du monde. La mort du Christ nous sauve, à cause de l’offrande de soi du Christ et non pour son immolation sanglante. Le Père n’avait pas besoin de son Sang pour nous sauver.

A partir de la Semaine Sainte, quelles dispositions pour un fidèle pour mieux comprendre la marche vers Pâques ?

A travers ces célébrations, nous revivions les fondements de notre foi, non dans la mémoire du passé, mais comme avènement de grâce, comme don de la grâce et grâce du don. Le mystère pascal est le déploiement du don : la passion du don (Dimanche des rameaux), les signes du don (Messe chrismale), le Don de soi (Messe in Cena Domini, le Jeudi Saint), du Don de soi à l’abandon et au pardon (Vendredi Saint), l’épreuve du Don (Samedi Saint) et la splendeur du don (Dimanche de Pâques).

Un geste, symbole de Pâques (passage) parcourt toutes ces célébrations : c’est la procession. A chaque célébration, sa procession : procession des rameaux, des huiles saintes, du Saint-sacrement, de la Croix, du Cierge pascal…  La procession met en marche ; cette marche est une montée, une montée vers le sommet, une élévation vers Dieu, non par des forces humaines toujours limitées, mais par les prévenances de sa grâce.

Du naturel au surnaturel, des apparences à l’essentiel, de l’éphémère à l’essentiel. Ces symboles – rameaux, huile, pain et vin, cierge pascal, feu ou flamme, croix ; eau – sont perçus non seulement dans leur sens naturel, mais surtout dans leur assomption et leur élévation par la grâce du surnaturel comme canal de participation à la vie de Dieu.

Du vieil homme à l’homme nouveau, de l’ici-bas vers le haut, de l’amour de soi au don de soi.

Quel message avez-vous à la communauté ?

Pâques souligne fortement que notre vie est un don et que son accomplissement l’est encore davantage. Pâques nous prescrit un urgent besoin de résurrection de nos mentalités et de nos pratiques pour une résurrection culturelle, religieuse et sociopolitique. Il nous faut opérer les divers passages, les nécessaires réformes, non en structurant la violence sur les autres, mais en consentant au sacrifice de l’accueil de l’autre, en intégrant à notre moi le tu, en passant du Je au nous, en quittant les modes d’exclusion pour les méthodes d’inclusion. Pâques nous interpelle tous, et en particulier les chrétiens appelés à être semeurs de la joie et de l’espérance de Pâques dans les ombres et tristesses de nos diverses odyssées.

Par Fidégnon HOUEDOHOUN

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