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Oumar S. Diallo : L’architecte d’une fintech inclusive pour l’Afrique de demain​

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Il a les pieds dans la technique, la tête dans la stratégie et le cœur dans l’impact social. Oumar S. Diallo, cofondateur et CEO de ORYA Technologies, fait partie de ces figures discrètes mais fondamentales de la tech africaine. Entrepreneur aguerri, formateur passionné, militant de l’inclusion financière, il trace depuis plus de dix ans un sillon entre innovation et transformation sociale. Portrait d’un bâtisseur de solutions qui croit que l’avenir du continent passera par une technologie profondément humaine.


Oumar S. Diallo n’a pas eu un parcours académique linéaire. Et c’est sans doute ce qui fait aujourd’hui sa force. Formé en droit, titulaire d’un diplôme en marketing, d’une licence en web-développement informatique, et d’une formation en ingénierie de formation, il se décrit comme un autodidacte discipliné. « C’est ce parcours académique qui m’a permis d’acquérir plusieurs compétences techniques et managériales. Cette base m’a très vite orienté vers les systèmes d’information, et m’a permis de comprendre comment la technologie peut répondre à des problématiques concrètes, notamment dans le secteur financier », confie-t-il. Au-delà des diplômes, ce sont surtout les compétences transversales acquises à l’université – esprit critique, capacité à apprendre vite, rigueur qui lui servent au quotidien dans son rôle de dirigeant. « J’ai appris ce qu’est la rigueur dans la gestion de projet, l’analyse des besoins utilisateurs, la modélisation de systèmes. Mais surtout, j’apprends de tout le monde. J’adore écouter les gens parler », déclare-t-il.

Contrairement à d’autres, Oumar ne cite pas un professeur ou un événement académique comme tournant dans sa vie. Le véritable déclic, il le doit à son père, qu’il décrit comme proactif et audacieux. « Il m’a encouragé très tôt à creuser les interactions entre technologie et société. Il m’a toujours poussé à réfléchir à l’impact de ce que je développe sur les utilisateurs finaux. Cette approche humaine de la tech ne m’a jamais quitté », confie-t-il. C’est ce fil rouge qu’on retrouve aujourd’hui dans toutes ses activités : la conviction que la technologie ne doit pas être une fin, mais un levier. Un levier pour simplifier, automatiser, éduquer, relier.


De PCCI à la création d’un écosystème

Avant de devenir CEO, Oumar a été formateur pour PCCI, l’un des leaders des centres d’appels en Afrique, sur des campagnes pour le compte d’Orange. Une expérience fondatrice. « Le fil conducteur, c’est la transmission. En tant que formateur, j’apprenais à rendre les choses simples, compréhensibles et impactantes. En tant que CEO, je garde cette philosophie : vulgariser la technologie, fédérer les énergies, et mener une équipe autour d’une vision claire », dit-il. Cette vision, il l’a concrétisée avec la co-fondation d’ORYA Technologies, une entreprise qui ambitionne de bâtir des solutions financières adaptées aux réalités africaines. ORYA Technologies : rendre les services financiers accessibles, rapides et intelligents. Le nom ORYA revient souvent dans les discussions sur les fintechs émergentes d’Afrique de l’Ouest. Fondée avec d’autres passionnés, la structure s’est donnée une mission simple : utiliser la technologie pour rapprocher les Africains de leurs finances. « ORYA est né d’une volonté de rendre les services financiers accessibles, rapides et intelligents, en mettant la technologie au service de l’inclusion. Nous voulons bâtir un pont entre les besoins réels des Africains et des solutions digitales pertinentes », indique-t-il. C’est dans ce cadre qu’est née Fintra, une application d’avance sur salaire transfrontalière. Une innovation inspirée d’un constat de terrain.

Fintra : alléger la pression financière des travailleurs
« Fintra permet de gérer automatiquement les demandes d’avance sur salaire et de fournir aux travailleurs un système de gestion financière, tout en gardant le contrôle et sans impacter la trésorerie de l’entreprise », explique Oumar. Concrètement, Fintra permet à un salarié d’accéder à une partie de son salaire, à partir du 15 du mois, directement via mobile money. Le processus est fluide, rapide – souvent moins d’une heure et totalement sécurisé. L’entreprise reste en contrôle, les employés retrouvent de la flexibilité. « Nous voulions une alternative aux prêts bancaires à taux élevés ou aux tontines étouffantes. L’idée, c’est de rétablir un peu de respiration dans la vie financière des salariés », fait-il savoir.  Une initiative qui a déjà séduit plusieurs entreprises au Sénégal et ambitionne de s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest francophone.
Mais Oumar ne s’arrête pas là. À côté de Fintra, il dirige également une entreprise d’agrobusiness spécialisée dans la découpe de viande, qui vient de réussir sa première levée de fonds. « C’est une autre manière de soutenir des chaînes de valeur locales, de créer de l’emploi et de structurer un marché essentiel », dit-il avec enthousiasme. Ce pragmatisme entrepreneurial est nourri d’un solide ancrage dans les réseaux. Oumar est membre fondateur de Sen Startup, GS Africa, Fintech Network West Africa. Partout, il joue le rôle de mentor, connecteur, conseiller. Il aide les jeunes startups à éviter les erreurs que j’ai faites, ouvre des portes et fait du plaidoyer pour un cadre réglementaire plus adapté à la réalité.


Des relations solides avec les régulateurs

Pour Oumar, impossible de bâtir une fintech sérieuse sans comprendre la régulation. De 2020 à 2024, il s’est plongé dans les instructions et directives de la BCEAO, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. « Je viens d’un pays qui avait sa première faculté de cryptologie en 1985. Je baigne dans le milieu universitaire. J’accompagne le département de l’école doctorale de mathématiques et informatique du Sénégal. La Faculté des sciences de l’UCAD produit 213 mémoires par mois. Vous imaginez le vivier d’idées qu’on y trouve ! » Cette proximité avec le monde académique nourrit ses réflexions stratégiques. Et ses échanges avec les autorités réglementaires ne sont pas que formels. « Je suis très heureux de l’ouverture de la BCEAO. Personnellement, dans les différentes réunions, je ressens une grande fierté quand je vois affiché devant mon nom : Fintech ».  Pour lui, l’avenir de la fintech ouest-africaine se joue à trois niveaux : interopérabilité, régulation ouverte, collaboration. « L’interopérabilité des systèmes est cruciale pour que les services financiers circulent librement. L’open banking est un tournant stratégique. Les clients sont de plus en plus exigeants, il faut leur offrir des produits simples, sûrs et inclusifs», laisse-t-il entendre, tout en rassurant que cette transformation ne peut se faire sans les jeunes.

Le conseil à la nouvelle génération : écouter, exécuter, persévérer
« Commence petit, pense grand, mais surtout exécute sans relâche. Trouve un vrai problème à résoudre, construis une solution concrète, entoure-toi des bonnes personnes et reste humble », recommande Oumar Pour lui, l’humilité est une valeur cardinale. Il insiste aussi sur l’importance d’écouter : ses clients, son équipe, son marché. Et surtout… ses erreurs.

Aujourd’hui, Oumar S. Diallo est invité dans toute l’Afrique pour intervenir dans des panels, des ateliers, des incubateurs. De Dakar à Abidjan, de Lomé à Cotonou, il conseille, coache, et inspire. À travers ORYA et Fintra, mais aussi par son énergie, sa capacité d’analyse et son souci constant de remettre l’humain au cœur de la technologie. À l’heure où le continent est perçu comme le nouvel eldorado numérique, Oumar garde la tête froide. Il refuse les modèles copiés-collés, plaide pour des solutions conçues « avec et pour » les Africains. « Il faut penser global, mais agir local. L’Afrique a ses propres réalités. Pour innover efficacement, il faut les comprendre, les respecter, et s’y adapter. ». À 40 ans à peine, Oumar S. Diallo incarne une Afrique qui construit, qui connecte, qui crée. Une Afrique où l’innovation ne se mesure pas au buzz, mais à l’impact réel sur la vie des gens. Une Afrique où la fintech n’est pas un luxe, mais un outil de survie et de prospérité.

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