Au Niger, le journaliste Seyni Amadou toujours en garde à vue. Le rédacteur en chef de la chaîne privée Canal 3 a passé la nuit de samedi 18 à dimanche 19 janvier à la police judiciaire. Il a été interpelé à la suite de la suspension de Canal 3 pour un mois, après la diffusion par la chaîne d’un baromètre classant les ministres en fonction de leur performance au gouvernement.
Cet élément diffusé par Canal 3 est pourtant d’un exercice habituel que la chaîne répète chaque année. Mais cette fois-ci, le ministère de la Communication a décidé de suspendre la chaîne et son rédacteur-en-chef Seyni Amadou est interrogé par la police depuis samedi 18 janvier.
Selon Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique de l’ouest de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), cet outil est « un élément d’une sorte de radioscopie des performances des ministres où chaque ministre reçoit un point sur la base de ces efforts ». Pour lui, « on ne peut pas interdire à un média d’émettre un jugement sur les performances des ministres, pris individuellement et dans l’exercice de leurs fonctions, et qui plus est, ont une obligation, disons, de rendre compte au peuple ».
Donc le fait de retirer la carte de presse du journaliste Seyni Amadou, le convoquer à la police judiciaire, et le fait aussi de suspendre le média Canal 3, nous semble être des décisions disproportionnées, voire un abus de pouvoir. Notamment dans le contexte du Niger, où au début de la transition, effectivement, les autorités militaires avaient suspendu le Conseil supérieur de la communication. Ce dernier est en tout cas dans l’agenda juridique, le régulateur des médias donc doté du pouvoir de suspendre médias. Nous estimons donc que cette série de décisions est assez abusive puisque l’élément diffusé, de notre point de vue, ne porte aucunement atteinte aux règles éthiques et déontologiques.
Source : rfi