
Les infrastructures routières, pilier essentiel du développement économique et de l’intégration régionale au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), sont aujourd’hui dans un état préoccupant. Cette situation affecte directement la fluidité des échanges commerciaux et la compétitivité des États membres. Dans l’émission << Invité de l’Intégration >>de la Commission de l’UEMOA, Marion Vern Vinagbon Ayinon, chargé de mission à la Commission de l’UEMOA, a exposé les défis majeurs du secteur et avancé trois propositions pour moderniser le réseau routier et faciliter la circulation.
Un réseau routier sous pression surcharge et manque d’entretien
L’UEMOA dispose d’un réseau routier stratégique reliant les ports aux hinterlands, facilitant ainsi les échanges entre les pays côtiers et enclavés. Cependant, plusieurs obstacles entravent encore la fluidité du transport terrestre. Marion Vern Vinagbon Ayinon, auteur de l’ouvrage « UEMOA, 30 ans d’intégration régionale pour le transport terrestre et les infrastructures routières », souligne que la surcharge des camions est l’un des problèmes majeurs. En dépassant les charges autorisées, les transporteurs accélèrent la dégradation des routes et augmentent leurs coûts d’exploitation. Malgré le règlement 14 de l’UEMOA, qui fixe des normes strictes de charge à l’essieu, son application reste inégale.

L’entretien des routes constitue un autre défi de taille. Bien que les États membres aient mis en place des mécanismes de suivi et de financement, comme la Directive 11 sur l’harmonisation de l’entretien routier, ces efforts sont souvent compromis par des tensions budgétaires et des priorités concurrentes. Une route mal entretenue perd rapidement en qualité, réduisant ainsi l’efficacité des investissements réalisés.
Enfin, la multiplication des points de contrôle routier ralentit les échanges. Pour y remédier, la Commission de l’UEMOA a instauré une limitation à trois arrêts obligatoires : au départ, à la frontière et à l’arrivée. Cette mesure vise à réduire les délais de transport et les coûts logistiques pour les opérateurs économiques.
Trois solutions pour un réseau routier plus efficace

Face à ces défis, Marion Vern Vinagbon Ayinon propose trois mesures clés pour optimiser l’utilisation du réseau routier et renforcer l’intégration régionale.
Respect des normes de charge: Les transporteurs doivent impérativement respecter les limites de charge autorisées. En surchargeant leurs véhicules, ils contribuent non seulement à la dégradation accélérée des routes, mais s’exposent également à des risques d’accidents et à des coûts de maintenance jusqu’à trois fois plus élevés.
Maintien des efforts d’entretien routier: Malgré les contraintes budgétaires, les États membres doivent poursuivre leurs programmes de réhabilitation des infrastructures routières. Une route négligée représente une perte progressive d’investissement et un frein à la mobilité intra-régionale.
Transfert du fret vers le railPour préserver les infrastructures routières Marion Vern Vinagbon Ayinon préconise un report partiel du transport de marchandises vers le rail. Selon lui, la route doit servir de relais et non de support principal pour les charges lourdes. Le développement ferroviaire permettrait non seulement de soulager les routes, mais aussi d’optimiser la distribution des marchandises via les gares ferroviaires.
L’UEMOA a déjà entamé des actions en ce sens avec la décision du 3 mai 2024, qui relance le projet de la boucle ferroviaire. Ce projet ambitieux vise à construire un corridor ferroviaire reliant Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Cotonou et Lomé.
Un enjeu stratégique pour l’avenir de l’UEMOA

Alors que l’UEMOA s’efforce d’améliorer la compétitivité de son réseau de transport, les recommandations de Marion Vern Vinagbon Ayinon s’inscrivent dans une vision à long terme. La Commission prévoit, dans son Plan Stratégique 2025-2030, d’accélérer la modernisation des infrastructures pour soutenir la croissance du commerce intra-régional.
L’application rigoureuse des normes, la continuité des efforts d’entretien et le développement du transport ferroviaire pourraient permettre à l’UEMOA de franchir une nouvelle étape vers un système de transport plus efficace et durable. Ces mesures sont essentielles pour garantir une intégration régionale renforcée et un développement économique pérenne.
Voici l’intégralité de l’émission :
https://www.youtube.com/watch?v=K_2MGw49rRg