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Marché moderne d’Aïdjedo : Un joyau peu fréquenté

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L’univers commercial du Bénin connait une révolution depuis quelques mois. Des marchés modernes poussent comme des champignons, ce qui redore l’image du pays. Sauf que, jusqu’ici, les habitudes ont la peau dure. C’est le cas du marché moderne d’Aïdjedo où les attentes ne sont pas comblées.

Patrice SOKEGBE

Lundi 25 Novembre. Il est 14H30 à Aïdjedo. A la devanture du grand marché moderne, rien ne présage d’une quelconque activité commerciale. Même les mouvements de foule souvent constatés dans les marchés ordinaires locaux ne sont plus significatifs. Déjà au parking, il n’y a que 6 motos et 2 voitures stationnées. A l’entrée principale, à peine 3 clients en 20 mn. Un peu plus loin à l’intérieur du marché, la tendance inquiète. Il n’y a presque pas de clients dans les rayons. L’espoir de faire de bonnes affaires à la fin de la journée laisse place à l’ennui. Certaines bonnes dames assises devant leurs marchandises, manipulant leurs téléphones, d’autres sont couchées, histoire de libérer le stress. « On s’ennuie par ici. Nous vendons, mais pas assez. Il faut attendre le soir pour constater une timide affluence. Les premières semaines après l’ouverture de ce marché, l’engouement était fort. Le marché s’animait bien, et on vendait assez. Mais aujourd’hui, la tendance a vraiment baissé », confie dame Nathalie, d’un air décevant. Pour Jean, vendeur de poissons congelés, la situation devient de plus en plus critique alors que le gouvernement n’a pas encore décidé de faire payer le loyer aux marchands. « Jusqu’ici, personne ne sait quand le payement du loyer sera mis en application. Si on nous demandait de commencer par payer le loyer le mois prochain, je suis certain qu’il y aura une vague de départ », indique-t-il, tout en reconnaissant tout de même que l’initiative est louable.

Dans le rang des clients, le choix est tout fait. « Je suis assez rare ici. Je viens ici une à deux fois par mois pour des achats ponctuels. Sinon, quand je vais à Tokpa pour mes emplettes, je fais les achats en gros. Cela fait que je ne viens plus ici », déclare Odette, une cliente. La réaction désinvolte d’autres clientes suite à nos questions laisse entrevoir un manque d’engouement et de culture vis-à-vis de ce marché moderne.

Pourtant, au marché moderne d’Aïdjedo, les conditions d’activités commerciales sont très agréables. Compartimenté en stands, ce marché offre un climat commercial sécurisé. On y retrouve des produits de première nécessité à même d’attirer le plus la clientèle. Dans les rayons, l’on aperçoit des condiments, des céréales, des tubercules, des fruits, des légumes et autres. A cela s’ajoutent les produits cosmétiques, alcoolisés et de nettoyage. Mieux, un système Momo Pay a été mis à la disposition des marchands pour les transactions électroniques. Toutes les commodités sont offertes aux marchands. Paule Bodjrenou, Présidente des femmes du marché moderne d’Aïdjedo, estime que ce joyau est la plus bonne chose que le gouvernement pouvait offrir aux marchands. « Nous avons accueilli ce nouveau marché avec joie, et nous sommes impatients de faire les bonnes affaires. En termes de propreté, de sécurité, de standing et de facilitation, tout est correct et aux normes ici. Sous la supervision du Directeur du marché, tout le monde fait ses activités avec beaucoup de sérénité », explique-t-elle. En clair, le marché moderne d’Aïdjèdo est constitué de 211 étals, 08 boucheries, 09 poissonneries, 02 places écailleurs, 26 boutiques et 03 restaurants.

Absence de poissons frais, la grosse plainte !

A l’unanimité, la plupart des marchands soutiennent que l’absence de vendeuses de poissons frais est à l’origine de la mévente au marché moderne d’Aïdjedo. A en croire Paule Bodjrenou, Présidente des femmes dudit marché, le poisson frais attire la clientèle. «De façon générale, les femmes se rendent au marché à cause du poisson frais. C’est la raison pour laquelle les marchés traditionnels sont logés souvent au bord des fleuves, des lacs et lagunes. Dans les marchés traditionnels en zone urbaine, ces vendeuses s’installent à l’entrée…Dans le cas d’espèces, l’installation du marché moderne d’Aïdjedo a provoqué le départ des vendeuses de poissons frais, car, une fois le marché installé, elles seront en manque de visibilité», explique-t-elle. Ainsi, les habitudes ont la peau dure, et le marché moderne en fait les frais. Une fois au quartier Sainte Cécile au bord du lac, l’on peut s’apercevoir de l’animation qui prévaut autour des vendeuses de poissons frais. « Il faut que les autorités trouvent la manière de ramener ces vendeuses parmi nous. Cela nous aidera », laisse entendre Brigitte, une locataire du marché moderne.

Par ailleurs, au rang des motifs de la mévente, il y a aussi la proximité du marché du Dantokpa, un carrefour commercial international que les populations ont adopté depuis des lustres. « C’est un marché qui offre une variété de possibilités d’achat des produits en gros. Mais, le projet de délocalisation du grand marché vers Abomey-Calavi va créer une surabondance de nos marchés modernes », rassure Jean. En définitive, les populations d’Aïdjedo n’ont pas encore totalement intégré les nouvelles habitudes commerciales de leur zone et à moins d’une fermeture totale du grand marché Dantokpa, demain ne sera pas la veille du changement desdites habitudes.

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