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L’Institut National de la Femme de septembre 2021 à ce jour : plus de 4 256 plaintes traitées, assistance gratuite, sensibilisation et renforcement juridique

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Depuis son opérationnalisation en 2021, l’Institut National de la Femme (INF) s’est imposé dans la lutte contre les violences basées sur le genre au Bénin. Avec une mission axée sur la répression des violences et la promotion du leadership féminin, l’INF joue un rôle d’une importance capitale dans l’accompagnement des victimes et l’application des lois. L’évolution des statistiques de prise en charge témoigne de l’ampleur croissante du phénomène, mais aussi de l’efficacité des dispositifs mis en place.

Ange M’poli M’TOAMA

Les chiffres parlent en faveur de l’Institut National de la Femme. Selon les statistiques présentées par Flore Djinou, Secrétaire Exécutive de l’institut, c’est plus de 4.256 plaintes enregistrées depuis son opérationnalisation. « De septembre 2021 à décembre 2022, nous avons reçu 298 plaintes et obtenu 15 décisions de justice. En 2023, nous avons enregistré 1 117 plaintes, donc 1 117 cas de violences qui sont venus jusqu’à nous, et nous avons obtenu 177 décisions de justice. En 2024, vous verrez que les statistiques ont presque doublé : 2 109 plaintes reçues avec 390 décisions de justice rendues. De janvier à février de cette année, nous sommes déjà à 732 plaintes », a-t-elle confié dans son discours lors des manifestations officielles de la célébration de la Journée Internationale des Droits des Femmes ce vendredi 07 mars 2025.

Cette augmentation significative illustre non seulement une hausse des signalements, mais aussi une prise de conscience progressive des victimes face à leurs droits. Elle témoigne ainsi d’une meilleure sensibilisation des populations et d’une plus grande confiance dans les mécanismes de protection mis en place. Au-delà des statistiques, l’INF s’appuie sur un arsenal juridique renforcé et une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, d’avocates et d’assistantes sociales pour garantir une prise en charge efficace des victimes. L’institution offre un accompagnement gratuit sur les plans psychologique, juridique et judiciaire, ainsi qu’une assistance médicale grâce à des partenariats avec des centres de santé. « Nous disposons d’une équipe pluridisciplinaire dédiée aux femmes et aux filles, composée de psychologues cliniciennes, d’assistantes sociales, d’avocates, de juristes… Tout cela pour offrir aux femmes et aux filles victimes de violences un accompagnement complet, leur permettant de traverser cette période difficile. L’assistance psychologique, juridique et judiciaire est totalement gratuite à l’Institut National de la Femme », a confié la SE.

Par ailleurs, la sensibilisation occupe une place centrale dans les actions de l’INF. Des formations sont régulièrement dispensées aux officiers de police judiciaire et aux professionnels du secteur social pour garantir une meilleure prise en charge des victimes. Le lancement d’un call center (114) vient compléter les dispositifs existants, permettant aux victimes et aux témoins de signaler des cas de violence en toute discrétion.

Ces avancées traduisent une volonté politique forte de lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles. Toutefois, les défis restent nombreux, notamment face aux pressions sociales qui poussent certaines victimes à se rétracter. L’INF continue donc son combat, avec pour objectif une protection toujours plus efficace des droits des femmes au Bénin.

Intégralité de l’allocution de Flore Djinou sur les réalisations de l’Institut National de la Femme

Alors, qu’y a-t-il donc fondamentalement dans la prise en charge avec l’avènement de l’Institut National de la Femme ? Pour rappel, nous sommes dans notre quatrième année d’opérationnalisation. Nous avons une mission à deux volets : la lutte contre toutes les formes de violences et de discriminations à l’égard des femmes et des filles, et la promotion du leadership féminin aux plans politique, économique, culturel et social.

Quelques statistiques, j’aimerais bien partager avec vous quelques statistiques. De septembre 2021 à décembre 2022, nous avons reçu 298 plaintes et obtenu 15 décisions de justice. En 2023, nous avons enregistré 1 117 plaintes, donc 1 117 cas de violences qui sont venus jusqu’à nous, et nous avons obtenu 177 décisions de justice. En 2024, vous verrez que les statistiques ont presque doublé : 2 109 plaintes reçues avec 390 décisions de justice rendues. De janvier à février de cette année, nous sommes déjà à 732 plaintes.

Alors, qu’est-ce qui a donc fondamentalement changé ?

La première chose, c’est cette volonté politique, j’allais dire manifeste, de lutter plus efficacement contre les discriminations et les violences faites aux femmes et aux filles. Cela se traduit sur plusieurs plans. Déjà, le cadre législatif est vraiment bien renforcé. L’arsenal juridique est bien corsé. Nous avons trois lois qui encadrent principalement nos actions sur le terrain, la loi sur la répression des infractions commises à raison du sexe des personnes, le Code des personnes et de la famille, qui a été revu, toiletté et actualisé et la loi sur la santé sexuelle et reproductive.

Le fait que le gouvernement ait créé l’Institut National de la Femme traduit aussi cette volonté politique forte d’avoir un institut mandaté pour la lutte contre les violences basées sur le genre, avec un mandat juridique et judiciaire fort. Cela nous permet d’être en justice, de nous constituer partie civile, d’accompagner et de représenter les victimes devant les juridictions, qu’elles soient ordinaires ou spécialisées. Nous disposons d’une équipe pluridisciplinaire dédiée aux femmes et aux filles, composée de psychologues cliniciennes, d’assistantes sociales, d’avocates, de juristes… Tout cela pour offrir aux femmes et aux filles victimes de violences un accompagnement complet leur permettant de traverser cette période difficile. L’assistance psychologique, juridique et judiciaire est totalement gratuite à l’Institut National de la Femme. Toutes les femmes et les filles qui viennent à nous, dès leur arrivée au pôle d’assistance aux victimes jusqu’à la fin de leur prise en charge, bénéficient de services entièrement gratuits. Elles n’ont rien à débourser, que ce soit sur le plan psychologique, juridique ou judiciaire. La constitution d’avocats, par exemple, est totalement offerte.

Nous offrons également une prise en charge médicale grâce au référencement que nous faisons vers les centres de santé et les structures sanitaires. Je me rappelle, il y a moins de deux semaines, cette dame qui traversait une période très difficile, un divorce, et qui voulait non seulement se suicider, mais aussi, entre guillemets, « tuer » ses quatre enfants. Lorsqu’elle est venue à nous, après un entretien psychologique, nous nous sommes rendu compte que, psychiatriquement, elle avait de sérieux problèmes. Nous l’avons donc référencée au CNHU auprès d’un psychiatre et avons pris en charge tout ce qui entourait ses soins psychiatriques pour qu’elle puisse aller mieux. L’éducation des communautés et la formation des différents acteurs sont aussi au cœur de nos actions. Mois après mois, année après année, nous avons formé les acteurs en contact direct avec les victimes.

Les officiers de police judiciaire, par exemple, ont été formés sur le langage à adopter vis-à-vis des victimes. En effet, celles-ci se plaignaient énormément des réflexions du type : « Tu as été tabassée par ton époux ? Mais qu’as-tu fait pour qu’il te tabasse ? » ou encore « Tu as été violée ? Mais comment peux-tu t’habiller ainsi et espérer ne pas être violée ? ».

Ce sont des phrases que nous avons beaucoup entendues et sur lesquelles nous avons énormément travaillé avec ces acteurs pour améliorer l’accueil et la prise en charge des victimes. Nous avons également sensibilisé et mobilisé différentes couches socio-professionnelles dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, notamment en milieu professionnel, où la question du harcèlement sexuel reste un problème épineux.

Lors des 16 jours d’activisme en 2024, nous avons fait le tour des 21 ministères pour aller au contact des femmes et leur montrer ce que disent les textes de loi. Beaucoup ont été surprises, par exemple, d’apprendre que le délai de prescription pour le harcèlement sexuel est de six ans. Ainsi, une personne harcelée il y a cinq ans et 300 jours a encore la possibilité de porter plainte. Nous œuvrons donc pour une meilleure connaissance des textes, tant auprès du grand public que des femmes elles-mêmes. Nous allons au contact des collégiennes, des jeunes filles artisanes, qui ne sont peut-être pas instruites mais qui ont aussi le droit de connaître leurs droits et les voies de recours qui s’offrent à elles.

La parole se libère et la peur change de camp. Aujourd’hui, les victimes osent riposter, dénoncer, raconter ce qui s’est passé dans les moindres détails. De plus en plus, elles n’ont plus peur de s’afficher et de témoigner. Aujourd’hui, ce ne sont plus les victimes qui ont peur, mais bien les mis en cause.

Un autre point essentiel avec l’Institut National de la Femme, c’est la poursuite des procédures judiciaires malgré tout. Que faut-il comprendre par là ? Nous avons le mandat d’aller jusqu’au bout du processus, même lorsque la victime se rétracte.

Pourquoi les victimes se rétractent-elles ? À cause des pressions sociales et communautaires. C’est pourquoi nous nous substituons à elles. Ce n’est plus une femme violée ou violentée qui porte plainte, mais l’Institut National de la Femme, doté de ce mandat juridique et judiciaire, qui se charge de le faire.

J’ai évoqué l’assistance juridique et judiciaire offerte aux victimes, notamment la constitution d’avocats, mais ce n’est pas tout. Nous leur apportons aussi un soutien financier pour leurs déplacements, leur hébergement et leur alimentation, notamment lorsqu’elles doivent se déplacer d’une juridiction à une autre.

Par exemple, une petite fille de 13 ans, violée à Parakou, doit se rendre à Cotonou parce que la juridiction compétente est la CRIET. Nous devons donc assurer sa prise en charge pour éviter au maximum les cas d’absentéisme.

Nous avons également des psychologues cliniciennes non seulement à Cotonou, mais aussi dans les départements, au niveau des guichets uniques de protection sociale, en contact direct avec les populations.

Notre numéro d’alerte n’a pas changé : 01 51 07 88 88. Et une bonne nouvelle : depuis hier, notre call center 114 sera complètement opérationnel à partir du milieu de la semaine prochaine.

Les victimes et les témoins pourront nous contacter où qu’ils soient sur le territoire national.

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