Il est invisible omniprésent dans nos vies : le porc! Des religions interdisent sa consommation mais le porc ne démord pas. Outre les assiettes, il est présent jusque dans nos crèmes, nos médicaments et nos instruments de musique. Discret mais omniprésent, le porc s’invite donc dans notre quotidien à notre insu. Enquête.
Alexia Lumière-Christina ADJOU-MOUMOUNI
Longtemps cantonné aux débats alimentaires et religieux, le porc échappe aujourd’hui aux simples considérations de consommation. Invisible sur les étiquettes, il imprègne pourtant nos objets les plus familiers. Une réalité industrielle méconnue que Bruno, responsable de plusieurs abattoirs en Corrèze dans le Centre-Ouest de la France, résume en une phrase : « Rien ne se perd dans un porc. Tout se transforme». Ce que les étiquettes ne disent pas Dans la salle de bain, les oreilles de porc deviennent des agents de texture dans les masques capillaires ou les crèmes hydratantes. En pharmacie, la gélatine porcine encapsule de nombreux médicaments. Dans la trousse de maquillage, la graisse du porc se mue en élément de base pour les rouges à lèvres. « Le rouge à lèvres que ces dames utilisent grassement permet, lorsque vous embrassez, d’avoir un porc entre vous », ironise Bruno, mi-amusé, mi-fataliste.
L’animal banni, l’ingrédient roi
Même les boyaux, autrefois réservés à la charcuterie, trouvent une seconde vie dans les cordes d’instruments musical, comme la guitare, perpétuant un savoir-faire ancestral.Cette récupération systématique témoigne d’une logique industrielle où chaque partie de l’animal est exploitée, au nom de la rentabilité. Mais elle pose une question éthique fondamentale : avons-nous encore la maîtrise de ce que nous consommons ?Dans un monde où le choix s’affiche comme un droit, le porc, invisible mais omniprésent, nous rappelle combien ce que nous croyons maîtriser nous échappe encore.