Ce lundi 20 janvier s’ouvre le Forum économique mondial de Davos, le traditionnel rendez-vous annuel des plus fortunés de la planète. Un rapport d’Oxfam souligne que la richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars l’an dernier, trois fois plus vite qu’en 2023, alors que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n’a pratiquement pas changé depuis 1990. L’ONG appelle à une taxation plus juste pour réduire les inégalités et alerte sur le risque démocratique lié à cette concentration des richesses.
La réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos en Suisse s’ouvre ce lundi soir, au moment de la cérémonie d’investiture du 47e président américain à Washington où sont attendus les hommes les plus riches du monde. « Une nouvelle oligarchie aristocratique, héritière de milliers de milliards, exerce un pouvoir tentaculaire sur nos systèmes politiques et économiques », dénonce Oxfam dans son rapport sur les inégalités, qui dresse d’année en année le constat d’une hausse de la fortune des super-riches.
« Le joyau de la couronne dans cette oligarchie, c’est un président milliardaire, soutenu et acheté par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, et dirigeant la plus grande économie mondiale », a fustigé Amitabh Behar, le directeur exécutif de l’ONG. Le patron du constructeur automobile Tesla et de l’entreprise spatiale SpaceX, également propriétaire du réseau social X, a largement financé la campagne de Donald Trump et obtenu une mission extra-gouvernementale pour couper dans les dépenses publiques.
L’an dernier, les plus riches de la planète ont amassé près de six milliards de dollars supplémentaires par jour, malgré le ralentissement du luxe, qui a fait reculer les plus grandes fortunes françaises. À ce rythme, on aura dans dix ans non pas un, mais cinq « trilliardaires », dont la fortune dépassera 1 000 milliards de dollars, anticipe le rapport d’Oxfam.
Taxer les plus riches
Intitulé « L’art de prendre sans entreprendre », il souligne que ces fortunes sont loin d’avoir été acquises par le seul travail. « Aujourd’hui, on a 60% de la fortune mondiale qui vient soit d’héritages, soit de secteurs liés à des liens de connivence, soit des secteurs qui bénéficient de monopoles », explique Layla Abdelké Yakoub, responsable de plaidoyer, au micro de Claire Fages du service économie de RFI.
Au niveau mondial, l’idée de taxer les plus riches progresse, se félicite Oxfam, grâce au Brésil et à la France, qui gagneraient à montrer l’exemple. « Il faut restaurer un impôt sur la fortune qui soit correct, faire en sorte de taxer les super héritages, qui aujourd’hui, échappent massivement à l’impôt, poursuit Layla Abdelké Yakoub. Il faut aussi se pencher sur notre apport aux pays du Sud et comment fonctionnent nos intérêts financiers dans ces pays. Il faut aussi reconnaître notre histoire coloniale et l’impact qu’elle a aujourd’hui. »
Emblématique de ce type de fortunes selon l’ONG, Vincent Bolloré a fait trois milliards de dollars, rien qu’en plus-value sur la vente de sa logistique en Afrique, l’équivalent du salaire moyen de 1,6 million d’Africains.