Tisser des liens entre des cultures, des visions et des époques. Tel était le fil conducteur de la rencontre tenue le vendredi 18 avril au Kulturforum Sud‑Nord. Dans l’intimité d’un espace chaleureux niché à Togbin Plage, artistes, curateurs et passionnés d’art contemporain ont répondu à l’invitation du Dr Stephan Köhler pour une conversation inédite autour des dynamiques culturelles internationales. En invités principaux : Jean‑Marie Gallais, conservateur auprès de la Pinault Collection, et l’artiste béninois Georges Adéagbo, dont une œuvre est actuellement exposée à Paris dans l’exposition « Corps et Âmes » à la Bourse de Commerce.
La soirée s’est construite dans l’échange et la spontanéité. Jean‑Marie Gallais, officiellement en vacances au Bénin, a accepté l’invitation à dialoguer sur les enjeux de la collection privée fondée par François Pinault, l’une des plus importantes du monde. Il a partagé, avec une grande ouverture, les logiques curatoriales à l’œuvre dans cette structure singulière : fidélité aux artistes, liberté de ton, circulation fluide entre grandes figures et talents émergents. « Ce qui rend cette collection vivante, c’est sa capacité à faire dialoguer des œuvres rares, souvent politiques, issues d’univers très divers, avec un public toujours plus curieux », a‑t‑il confié, saluant l’accueil chaleureux et la vivacité du public béninois, venu nombreux à la rencontre, dont plusieurs artistes et figures du monde culturel. De son côté, Georges Adéagbo, figure majeure de l’art contemporain africain, s’est exprimé sur son parcours et son travail en résonnance avec les institutions muséales internationales. Le curateur Stephan Köhler a souligné l’importance symbolique de cette reconnaissance, rappelant que l’œuvre d’Adéagbo est la première d’un artiste béninois intégrée à la Pinault Collection — un geste fort, qui justifie pleinement la tenue de cette rencontre au Bénin.
Un échange fécond sur les musées d’hier et de demain
La discussion a permis d’aborder des sujets cruciaux : le rôle des collections privées face aux musées publics, les enjeux de médiation interculturelle, mais aussi l’architecture muséale contemporaine. Le choix de François Pinault de réhabiliter des bâtiments historiques, comme la Bourse de Commerce à Paris ou le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana à Venise, a nourri une réflexion stimulante sur les perspectives muséales au Bénin. « Nous construisons actuellement quatre musées, mais d’anciens édifices, tels que l’imprimerie nationale de Porto‑Novo, auraient aussi pu être valorisés », a noté le fondateur de l’Association Kulturforum Süd‑Nord, Dr Stephan Köhler, plaidant pour une meilleure intégration du patrimoine dans les politiques culturelles. Le Kulturforum Sud‑Nord entend d’ailleurs poursuivre ces débats. Son initiateur envisage d’intensifier les échanges avec les artistes, notamment via la bibliothèque du centre, bientôt animée par d’autres débats, des cercles de discussion et peut‑être même un concours d’écriture critique sur l’art. En parallèle, il accompagne Georges Adéagbo dans ses projets internationaux, dont une invitation au Pompidou-Metz en collaboration avec le Louvre et deux expositions prévues aux États‑Unis. Par la qualité des interventions et l’authenticité des échanges, cette soirée a offert un moment rare d’échanges d’idées, d’inspirations et de regards croisés. À travers ce dialogue, une passerelle s’est construite, solide et vivante, entre le Nord et le Sud, entre la collection Pinault et les artistes béninois, un tissage fertile, à l’image de l’avenir que souhaite bâtir le Kulturforum Sud‑Nord : ouvert, exigeant et profondément humain. Le lien pour voir la vidéo de la conversation sera bientôt annoncé sur le compte Instagram de Kulturforum_Sud-Nord.
