Depuis 2015, l’inclusion des personnes en situation de handicap est devenue une priorité nationale, notamment dans les secteurs de l’éducation. Ainsi, après plus de dix ans de réformes et d’engagement collectif, plusieurs inégalités qui empêchaient les personnes à mobilité réduite de jouir pleinement de leurs droits, ont été corrigées. Toutefois, malgré les actions concrètes menées par le gouvernement, ses partenaires et des organisations non gouvernementales, les conditions d’études des scolaires et étudiants handicapés du Bénin restent encore en deçà des attentes.

Michèl GUEDENON
L’inclusion sociale est devenue une préoccupation majeure pour tous ces dernières années. Ainsi, après les réflexions mûries de 2015 sur l’inclusion des scolaires et étudiants handicapés, la loi №2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin a été promulguée. Depuis lors, de nombreuses actions concrètes, accompagnées de budgets spécifiques, ont été menées pour garantir aux apprenants handicapés l’intégrité de leurs droits, notamment le droit à l’éducation inclusive. Grâce à elle, les établissements sont tenus de valider les inscriptions des élèves handicapés. L’État, lui, joue sa partition en veillant à la prise de mesures d’accessibilité et de formation. « De façon spécifique, dans le domaine de l’éducation et de la formation, il est prévu des aménagements raisonnables pour l’accessibilité des personnes handicapées aux espaces éducatifs, des aménagements de programmes et de contenus éducatifs ainsi que des écoles, une majoration du temps de composition, une maturation de 5 ans sur l’âge d’entrée dans les écoles et l’accès aux bourses et aides universitaires ainsi qu’une aide financière annuelle dédiée aux étudiants handicapés non boursiers et non secourus », renseigne Yero Bani Boubacal, Directeur de l’inclusion sociale et de la solidarité au ministère des affaires sociales et de la micro-finance. Il ajoute que désormais, une carte d’égalité de chances est instituée pour attester de l’incapacité de la personne handicapée. Ceci, dans le but de lui donner accès aux bénéfices et aux avantages sociaux en lien avec l’ensemble des mesures prises. De plus, une subvention annuelle pouvant aller jusqu’à dix millions de francs CFA est, d’après le Directeur de l’inclusion sociale, octroyée au profit de chaque établissement d’éducation et de formation des personnes handicapées. Témoin de ces initiatives, Charles Houedo, président de l’association des scolaires et étudiants handicapés du Bénin (Asehb), se réjouit des améliorations survenues. A l’en croire, les lignes ont bougé depuis un moment grâce à la bienveillance du gouvernement et des partenaires. En dehors des avancées soulignées par le Directeur de l’inclusion sociale et de la solidarité, le centre des œuvres universitaires et sociales d’Abomey-Calavi (Cous/Ac) œuvre à assurer de bonnes conditions aux étudiants en situation de handicap. Ainsi, les résidences universitaires ont été attribuées aux étudiants porteurs de handicap, gratuitement, afin de les aider à être proches des salles de cours. Dans leurs cabines, les personnes à mobilité réduite ont chacune un accompagnateur, une personne ne portant pas de handicap, pour les assister et les orienter. Pour s’assurer que ces apprenants se procurent un repas au moins par jour après les cours, le Cous/Ac a fait en sorte que chacun d’eux ait un ticket-restau tous les jours. L’une des grandes innovations du centre des œuvres universitaires d’Abomey-Calavi reste l’inclusion des personnes handicapées dans toutes les activités, éducatives ou ludiques de l’Uac.
Du concret à l’université d’Abomey-Calavi
Parallèlement aux initiatives gouvernementales et celles du Cous/Ac, le rectorat a réceptionné et installé dans ses locaux, des matériels offerts par l’ambassade de France au profit des personnes malvoyantes. Il s’agit du centre de recherche et d’accompagnement pédagogique des étudiants handicapés (Crapeh). C’est une salle équipée d’un ensemble de matériels informatiques pouvant permettre aux étudiants de transcrire facilement les épreuves et les cours en écriture braille. Aux dires de Clarisse Napporn, Directrice du Crapeh, la disponibilité et le bon fonctionnement de cette première salle pour les étudiants malvoyants favorisera la mise en place des logiciels nécessaires pour soutenir toutes les formes de handicap. Toutefois, elle informe sur la vision du rectorat : « arriver à accompagner tous les étudiants handicapés en tenant compte de leurs handicaps respectifs et de leurs besoins au prorata des moyens disponibles », renseigne-t-elle. A l’en croire, le rectorat poursuit ses réflexions autour du problème d’accessibilité pour tous les étudiants handicapés, pas qu’aux malvoyants. Aussi, des interprètes sont-ils dépêchés dans les amphithéâtres pour faciliter la compréhension des cours aux étudiants en situation de handicap. A la question de connaître les réflexions en cours pour l’amélioration des conditions d’études des étudiants à mobilité réduite, la Directrice du Crapeh confie que de nombreux projets sont prévus, mais préfère les taire pour ne pas gâcher la surprise.
Par ailleurs, la Journée nationale des scolaires et étudiants handicapés du Bénin, célébrée le 28 mai 2025, a connu la présence de plusieurs personnalités. A cette occasion, l’institut national de la femme (Inf), le Ministère des affaires sociales et de la micro-finance, le rectorat et le Cous ont tous pris l’engagement de s’impliquer davantage dans des actions pour l’amélioration des conditions d’études des étudiants en situation de handicap.