Nouvelle République ou pas de nouvelle République ? Patrice Talon peut-il être candidat à la présidentielle de 2026? Ou est-ce qu’il est inéligible ? Après plusieurs recours vidés par la Cour constitutionnelle, il n’y a toujours pas de réponse doctrinaire et définitive à ces préoccupations pour lesquelles, des citoyens ont cru devoir la saisir aux fins de clarifications. À l’image de la décision dcc 25-030 du 06 février 2025, rendue à la requête de monsieur Christian Lagnidé, qui a sollicité l’avis de la Cour pour trancher ces questions qui agitent l’opinion, au regard des actes de suscitation de la candidature de Patrice Talon, par certains citoyens qui semblent rouler en roue libre plusieurs autres recours sont sur la table de la Cour. Monsieur Lagnidé a en effet saisi la Cour pour éclairer l’opinion sur ces questions, “afin que soit évitée toute interprétation erronée des textes fondamentaux en vigueur”. Sa requête a été jugée irrecevable, au motif que ces préoccupations s’analysent comme une demande d’avis, ce dont la Constitution n’offre pas la possibilité à un citoyen. Soit ! Mais naguère, pour une autre saisine, alors même que le recours avait été jugé irrecevable pour défaut de qualité du requérant, la Cour s’est quand même prononcée quant au fond.
Saisine d’office
On se rappelle en effet, la décision DCC 24-001 du 04 janvier 2024, rendue à la requête de monsieur Codjo G. Gbèho, qui avait formé un recours pour dysfonctionnement des institutions de la République à l’occasion du parrainage des candidats à l’élection présidentielle de l’année 2026. Bien qu’ayant déclaré la requête irrecevable au regard de ce que, “ni le requérant, ni son recours ne répondent aux exigences de la constitution”, la Cour avait pris ses responsabilités et s’était prononcée d’office. En vertu de l’article 121 de la constitution qui dispose que: “Elle se prononce d’office sur la constitutionnalité des lois et tout texte réglementaire censés porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et aux libertés publiques”. Elle avait pris sa décision, après avoir consulté le président de l’Assemblée nationale, le président de la République et le président de la Cena. Elle avait statué sur la requête quant au fond, et avait invité l’assemblée nationale à modifier le code électoral.
Incompréhensions
Or, si tant est qu’il est vrai que les dysfonctionnements quant aux parrainages pouvaient porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et aux libertés publiques, il est indéniable que le fait ou non d’être dans une nouvelle République d’une part, et le fait que Patrice Talon soit éligible ou non à la candidature pour la présidentielle de 2026 d’autre part, relèvent incontestablement du même ordre de préoccupations. Dès lors, on comprend mal la liberté que se donne la Cour constitutionnelle de faire traîner en longueur, des recours qui pouvaient être regroupés et vidés en une seule audience, sans autre forme de procès, au regard de la clarté aisément lisible dans la lettre et dans l’esprit des dispositions en cause. De quoi devenir à tout le moins soupçonneux sur les motifs d’un tel jeu de funambule dans lequel, par séquences, et après des reports incompréhensibles, le juge se contente de constater le défaut de qualité des requérants, tout en se gardant de clarifier des points sur lesquels ne devrait subsister aucun doute. Ce qui aurait mis un terme définitif au débat. Malheureusement, du fait de ces tergiversations, le bout du tunnel demeure encore invisible. Et la pagaille peut continuer avec l’excuse de l’ignorance.