Ange M’poli M’TOAMA
60 ans d’indépendance et le Bénin est encore à la traine dans le gotha du football international. Le bilan est clairement mitigé pour les Guépards toutes catégories d’âge confondues. 5 participations à la CAN séniors, trois chez les juniors et une seule coupe du monde U20 en 2005. Ainsi, le Bénin reste en dessous de la moyenne dans le concert des nations du football. D’ailleurs, le Bénin n’a jamais intégré le top 50 du classement FIFA où sa meilleure performance reste la 58ème place occupée en 2019 suite à son exploit à la CAN de la même année. Depuis leur première qualification historique pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2004, les Ecureuils devenus Guépards du Bénin ont alterné entre exploits mémorables et contre-performances. Ce parcours reflète les ambitions d’une nation émergente sur la scène footballistique mais également les défis auxquels elle fait face. Retour sur les moments forts et les leçons à tirer pour l’avenir.
Pour rappel, le football béninois a pris son véritable envol au début du 21ème siècle avec une première qualification à une compétition majeure après plus d’une quarantaine d’années d’attente. Les années 2004 et 2005 sont comme un tampon pour l’essor des équipes nationales. D’abord, la sélection sénior qui marque sa présence à la CAN 2004 pour la première fois en Tunisie reste gravée dans les mémoires comme un moment fondateur. Porté par une génération de professionnels évoluant en Europe avec comme leaders Oumar Tchomogo, Mouritala Ogoubiyi ou encore Moussa Latoundji, le Bénin surprend en se qualifiant après un parcours héroïque face à des adversaires comme la Zambie et la Tanzanie. Cependant, leur aventure s’arrête dès les phases de groupe, dans un groupe redoutable comprenant le Nigeria, le Maroc et l’Afrique du Sud. A peine finie l’euphorie d’une première avec les séniors, les juniors prenaient le relai. A la faveur de l’organisation de la CAN U20 à Cotonou en 2005, les jeunes béninois amenés par Romuald Bocco, Razack Omotoyossi et Abou Maiga ont réalisé l’exploit en décrochant la 3ème place et une participation à la Coupe du Monde. Les séniors enchainent deux CAN en 2008 au Ghana et en 2010 en Angola.
Les Ecureuils d’alors se signalent sur le continent mais reste sans une progression notable malgré l’injection de nouveaux talents. Bien que toujours éliminée en phase de groupes, l’équipe gagne en expérience et en crédibilité. Des joueurs comme Stéphane Sessègnon s’imposent comme des leaders, renforçant l’identité d’un groupe prometteur. Pendant ce temps, les juniors restent sur le carreau 8 ans durant et ne reviennent qu’en 2013 lors de la CAN en Algérie. Mais ils ne rééditent pas l’exploit de Cotonou et jouent uniquement les trois matchs de poule. Il faut encore attendre 9 ans avant de retrouver une équipe des U20 du Bénin à la CAN cette fois-ci en Egypte. Mais les poulains de Mathias Deguenon ne font pas mieux que leurs prédécesseurs.
Les turbulences : une décennie d’instabilité
Entre 2011 et 2018, le football béninois traverse une période de crise marquée par des turbulences sportives et organisationnelles. Le départ de piliers tels qu’Oumar Tchomogo, capitaine emblématique, et Mouritala Ogoubiyi laisse un vide difficile à combler. Les jeunes ne font pas mieux. Les équipes nationales, toutes catégories confondues, peinent à s’imposer, accumulant les échecs dans les compétitions majeures. À ces difficultés sportives s’ajoutent des problèmes structurels : changements répétés de sélectionneurs et lacunes organisationnelles. Cette décennie d’instabilité est marquée par une cascade de crises cycliques qui freinent le développement du football béninois, suscitant des interrogations sur les réformes nécessaires pour relancer une dynamique compétitive à l’échelle internationale.
2019 : L’année de la consécration
La CAN 2019 en Égypte marque un tournant majeur. Sous la direction de Michel Dussuyer, les Guépards réalisent leur meilleure performance en atteignant les quarts de finale. Invaincus en phase de groupes, ils éliminent le Maroc en huitièmes de finale au tirs au but, avant de s’incliner 1 à 0 face au Sénégal, futur finaliste. Ce parcours historique ravive la ferveur nationale et place le Bénin sur la carte du football africain. La décennie actuelle met en lumière les ambitions de l’équipe, mais également ses limites. Les éliminatoires pour la CAN 2021 laissent un goût amer après une polémique contre la Sierra Leone. Malgré tout, l’équipe retrouve son élan pour la CAN 2025 sous l’impulsion de Gernot Rohr et d’une jeune génération prometteuse.
La Coupe du Monde, la montagne russe
Pour le Bénin, la Coupe du Monde sénior reste un sommet jamais atteint, une montagne que les Guépards n’ont pas encore su gravir. Malgré une participation régulière aux campagnes qualificatives, l’équipe nationale demeure en marge du cercle fermé des nations africaines accédant à ce prestigieux rendez-vous. L’analyse des performances des Guépards renforce ce constat : leur bilan en Coupe d’Afrique des Nations (CAN) est tout aussi peu reluisant. En 14 matchs disputés dans l’histoire de la compétition, ils n’ont enregistré aucune victoire. Comment espérer rivaliser à l’échelle mondiale avec de tels résultats ? L’heure est peut-être venue de repenser la stratégie nationale. Le Bénin manque également au rendez-vous du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) créé depuis 2009. Et pourtant, c’est une compétition plus accessible puisqu’elle est réservée aux joueurs évoluant sur le continent. D’où, la nécessité de sérieusement repenser le championnat national et lui donner un niveau plus compétitif permettant aux clubs nationaux de mieux figurer dans les compétitions des coupes africaines.
Perspectives
Désormais, avec une moyenne d’âge de 25 ans, les Guépards se tournent vers l’avenir. La fédération investit dans les infrastructures et mise sur la détection de talents locaux et sur la diaspora. L’objectif est clair : instaurer une régularité dans les compétitions africaines et pourquoi pas viser une première qualification à la Coupe du Monde. Des ambitions nobles. Mais avant, il faut un travail sérieux et méthodique.