À l’occasion de la Journée Internationale des Sages-Femmes célébrée chaque 5 mai, le Réseau des soignants amis des patients (RSAP Bénin) en collaboration avec la Fondation Divine Miséricorde, a organisé une séance d’échanges le lundi 5 mai 2025 pour réfléchir aux défis et aux valeurs éthiques de la profession.

Jéconias ADANLE (Stag)
Placée sous le thème « sage-femme, indispensable dans chaque crise », cette édition 2025 a mis en lumière le rôle crucial des sages-femmes dans les contextes d’urgence et leur contribution à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
Une profession en première ligne
Intervenante clé dans 90% des cas de santé maternelle et infantile, la sage-femme est un maillon essentiel des systèmes de santé. « En situation de crise humanitaire, les femmes et les enfants ont difficilement accès aux hôpitaux. La sage-femme doit se déplacer pour leur apporter des soins sur place », explique Annick Nonohoun Agani, sage femme, juriste, chercheur, Presidente fondatrice du Réseau des soignants amis des patients (RSAP Bénin) et Activiste des droits humains en milieu sanitaire. Selon l’OMS, une pratique de sage-femme humanisée et bien encadrée, pourrait réduire de deux tiers la mortalité maternelle et d’ un tiers la mortalité néonatale.
Des défis persistants au Bénin
Malgré leur importance, les sages-femmes béninoises font face à des obstacles majeurs : Une formation obsolète ; les curricula enseignent encore des pratiques violentes (position gynécologique systématique, épisiotomie non justifiée, expression abdominale), pourtant dénoncées par l’OMS et la Confédération internationale des sages-femmes (ICM), ensuite les protocoles inadaptés ; les textes officiels imposent ces méthodes, exposant les professionnelles à un dilemme : respecter des protocoles nuisibles ou risquer des sanctions ; manque d’équipements ; les maternités manquent de matériels pour des accouchements sans violence (ballons, baignoires de dilatation), et les sages-femmes sont rarement consultées dans les achats hospitaliers, explique Annick Nonohoun.
L’accouchement sans violence, une urgence

L’accouchement humanisé repose sur le projet de naissance, où la femme et son conjoint définissent leurs préférences (positions libres, refus de gestes invasifs non nécessaires) et le consentement éclairé, garanti par la loi béninoise mais peu appliqué, des alternatives physiologiques (déambulation, méthodes de relaxation) pour éviter les complications liées aux positions imposées. La position gynécologique retarde le travail et augmente les risques d’hémorragie. Pourtant, les sages-femmes qui promeuvent des méthodes douces sont souvent marginalisées, déplore une participante.
Plaidoyer pour un environnement habilitant
Les attentes des sages-femmes béninoises sont claires : Actualiser les formations et intégrer les recommandations internationales lors du mentorat clinique ; équiper les maternités en matériel non-violent et impliquer les sages-femmes dans les décisions d’achat ; renforcer leur autonomie dans les instances de décision pour briser le « patriarcat médical ». Il faut rappeler que des obligations juridiques, éthiques et sociales ont été élaborées pour une justice reproductive humanisée.