0 CFA

Votre panier est vide.

Arnaques en ligne au Bénin : Plongée dans le mode opératoire des escrocs du web

Date :

Avec l’explosion de l’usage d’internet et des réseaux sociaux, les arnaques en ligne (cyberarnaques) se multiplient et deviennent de plus en plus sophistiquées. Chaque jour, des internautes perdent de l’argent ou voient leurs données personnelles compromises à cause de techniques d’escroquerie bien rodées. A la découverte des modes opératoires les plus fréquents de ces cyberescrocs.

Arsène AZIZAHO

Incroyable, mais vrai : les chiffres parlent d’eux-mêmes ! 623 personnes dont 39 femmes ont été arrêtées entre le 1ᵉʳ janvier et le 31 mai 2023 pour des faits de cybercriminalité. Le préjudice causé par ces personnes arrêtées est évalué à plus de 741 millions FCFA. Quant aux numéraires saisis, ils sont évalués à plus de 89 millions FCFA. En 2022, ils sont 728 dont 24 femmes à être interpellées, pour un préjudice de plus de 663 millions FCFA. En numéraire, l’ex OCRC a pu saisir 29 577 303 FCFA. Au total, 1188 personnes sont détenues dans les prisons béninoises pour cybercriminalité, a affirmé le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Mario Mètonou, en avril 2023.

Ces chiffrent démontrent l’ampleur du phénomène, mais surtout la ruse des cybercriminels. A cause de ces derniers, la vie en ligne vire trop souvent au cauchemar. Une dame en a encore fait les frais récemment. Le vendredi 2 mai dernier, le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a jugé une jeune femme, caissière dans une banque au Bénin. Elle affirme avoir investi 9 millions de francs CFA en ligne, espérant un bénéfice de 17 millions de francs CFA. Tout cet argent est parti en fumée. Elle s’est fait arnaquer. Cet épisode n’est qu’un exemple parmi des milliers d’internautes pris au piège des cybercriminels. Pour l’heure, ces fraudeurs innovent sans cesse, ils multiplient les stratagèmes sur les réseaux sociaux, les messageries ou les sites web.

Escroqueries sentimentales et faux profils

Les arnaques dites « aux sentiments » restent très répandues au Bénin. Sur Facebook et les plateformes de rencontres, des faux profils séduisants sont créés pour extorquer de l’argent aux victimes. Par exemple, en 2024, la CRIET a démantelé un escroc se présentant comme une « femme charmante et fortunée », bénino-italienne, qui piégeait plusieurs internautes à Porto-Novo. Une fois la confiance gagnée (promesses de voyages, cadeaux, soutien financier), il incitait les victimes à des appels vidéo intimes et à partager des photos ou vidéos compromettantes. Ces contenus étaient ensuite utilisés pour réclamer des rançons. Aussi, utilisent-ils de faux comptes, se faisant passer pour des personnes influentes, des proches ou même des structures officielles. Une fois la confiance installée, ils proposent souvent un « investissement sûr », une demande d’aide urgente ou la participation à un jeu concours fictif. Le but : soutirer de l’argent à leurs victimes.

Phishing et usurpation d’identité

Le hameçonnage (phishing) constitue une autre arme favorite des cybercriminels. Des courriels ou SMS frauduleux, se faisant passer pour des banques, des services publics ou des entreprises connues, incitent les internautes à cliquer sur un lien malveillant ou à communiquer leurs codes d’accès. L’Arcep souligne que ces messages imitent souvent des entités de confiance afin de subtiliser « des informations sensibles tels que des numéros de cartes de crédit ou des identifiants et mots de passe de connexion »​. Parallèlement, les escrocs usurpent des identités officielles pour mieux tromper la population. En janvier 2025, le Centre national d’investigation numérique (CNIN) a mis en garde contre un faux communiqué avec le logo de la douane béninoise. Ce document factice invitait les citoyens à s’inscrire contre 100 000 FCFA à une vente aux enchères de véhicules prétendument organisée par la Direction générale des Douanes​. Ce type de fausse annonce (bien marquée “ARNAQUE” par les autorités) démontre l’ingéniosité des fraudeurs. Le CNIN insiste sur le fait que « les ventes officielles sont toujours annoncées sur les canaux institutionnels » et recommande de ne jamais verser d’argent à un interlocuteur inconnu.

Faux recrutements et arnaques à l’emploi

Dans le domaine de l’emploi et de la finance, les faux emplois et « petits prêts » trompeurs font de nombreuses victimes. En septembre 2024, l’Institut national de la Statistique (INStaD) a lancé une alerte contre une fausse campagne de recrutement supposée en collaboration avec le ministère de l’agriculture. Des escrocs publient de fausses listes de candidats présélectionnés, puis demandent des frais (pour badges, cartes de stage, etc.) à titre d’inscription​. L’INStaD a rappelé qu’ aucun paiement n’est requis pour ses recrutements et que les documents circulant étaient entièrement frauduleux​. Plus spectaculaire encore, le 12 juin 2024, la police de Comè a démantelé un réseau d’escroquerie où une plaignante, après un faux entretien d’embauche, s’est vue réclamer 1,4 million FCFA pour un cours de remise à niveau. Après avoir payé une avance de 120 000 FCFA, elle a été séquestrée dans une résidence, aux côtés d’autres candidats dupés. Comme le souligne la Police républicaine, ces stratagèmes exploitent la vulnérabilité des chercheurs d’emploi, en promettant des opportunités fictives pour mieux les dépouiller et même les mettre en danger​. Par ailleurs, les classiques escroqueries dites « 419 » (arnaques nigérianes) continuent aussi de sévir : mails alléchants sur des héritages ou gains, invitant à verser des frais pour débloquer d’importants fonds.

Investissements et boutiques en ligne

De fausses plateformes d’investissements en ligne promettent des gains élevés et rapides. Elles présentent des interfaces très professionnelles, souvent avec des témoignages rassurants. L’utilisateur est invité à déposer une somme de départ, puis on lui montre des faux gains pour l’encourager à investir davantage… jusqu’à ce que tout disparaisse. C’est le cas de la caissière (cité plus haut) qui a perdu 9 millions de FCFA. Les arnaques prolifèrent également sous couvert de boutiques en ligne. Ces sites frauduleux imitent à la perfection de vrais e-commerces. Les prix sont alléchants, les produits semblent authentiques. Une fois le paiement effectué, on ne reçoit jamais la commande, et le site disparaît. Par exemple, trois ressortissants béninois ont été jugés en France pour avoir créé un faux site de vente de bois de chauffage. Ils proposaient des prix qui défient toute concurrence et ont escroqué près de 30 000€ à des acheteurs en ligne en un an​. L’argent récolté transite ensuite vers des portefeuilles électroniques basés au Bénin​. De même, en mars 2024, l’ex OCRC a alerté sur « AzureCharge », une fausse plateforme d’investissement en ligne. Laquelle promettait de fructifier l’argent des internautes via des sites web et des applications mobiles (telles que « LoopEarn » ou « Fast Earn »)​. Le réseau usurpait même l’image du président Boni Yayi pour paraître légitime. Dès la mise en garde, ces applications douteuses ont été répertoriées comme arnaques par les autorités. Les mobiles sont souvent exploités pour de tels stratagèmes : faux jeux de gains, applications bancaires pirates ou services imaginaires (vanter des retours sur investissement inatteignables). Les utilisateurs doivent donc être vigilants et vérifier rigoureusement la légalité des sites et applications avant tout versement​.

Chantage ou sextorsion

Ce type d’arnaque touche majoritairement de jeunes internautes, souvent isolés. Ils reçoivent un message les accusant d’avoir visité des sites pour adultes. L’escroc prétend détenir une vidéo compromettante d’eux, parfois générée à partir de l’intelligence artificielle, et exige une rançon pour ne pas la diffuser à leurs contacts.

Piratage via Wi-Fi public

Se connecter à un réseau Wi-Fi public non sécurisé suffit à compromettre ses données. Des spécialistes avertissent qu’un pirate peut se placer entre la victime et le point d’accès. Ainsi, une victime qui se connecte à un Wi-Fi gratuit, envoie ses informations aux pirates. Ces derniers peuvent alors accéder à chacun des renseignements transmis (courriels, mots de passe, numéros de carte bancaire etc)​. Pire encore, des logiciels malveillants peuvent être introduits dans les appareils via ces réseaux. Concrètement, sur un réseau public non sécurisé, rien ne garantit la confidentialité. Il est conseillé d’activer un VPN et de ne jamais effectuer d’opération sensible (banque, achats…) sans passer par des connexions chiffrées (HTTPS)​. Sans ces précautions, même l’utilisateur le plus vigilant court des risques.

Précautions à prendre

La vigilance reste de mise pour chaque internaute béninois. Chacun peut, à son niveau, contribuer à la lutte avec de petits réflexes. Entre autres : vérifier l’identité et la réputation de toute personne ou entreprise avant de fournir des informations ou de l’argent ; ne jamais cliquer sur un lien douteux ou inconnu ; se méfier des promesses trop belles pour être vraies ; activer la double authentification sur ses comptes en ligne et signaler toute tentative d’arnaque aux autorités compétentes. Certes, les escrocs en ligne redoublent d’ingéniosité, mais une bonne vigilance peut faire toute la différence. Être informé, c’est déjà se protéger. Il faut surtout faire preuve de prudence, et ne pas hésiter à sensibiliser son entourage. Car personne n’est à l’abri. Mieux vaut prévenir que guérir dans ce cyberespace truffé de pièges.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager

spot_img

Populaires

dans la même catégorie
Articles

Cotonou by night : Quelques artères de la ville où les affaires ne dorment pas

Dans plusieurs villes du Bénin, il existe des zones...

Propos de quelques acteurs menant des activités économiques nocturnes

Anselme SAVI, Gérant de bar ‘‘Je tiens ce bar depuis...

Bénin : répertoire des activités économiques nocturnes

Les activités économiques nocturnes sont diverses et variées. Elles...