D’après une étude menée entre 2017 et 2023 dans le célèbre parc Kruger en Afrique du Sud, publiée le 5 juin dans la revue Science, couper les cornes des rhinocéros a entraîné une baisse de près de 80 % du braconnage. L’Afrique du Sud, qui abrite la plus grande partie des rhinocéros dans le monde, dont le rhinocéros noir en danger critique d’extinction, est fortement touchée par la chasse illégale.

En Afrique du Sud, au moins 34 rhinocéros sont tués chaque mois, selon le ministre sud-africain de l’Environnement, dans un pays qui comptait encore 16 000 rhinocéros à la fin de l’année 2023. Mais ni les 74 millions de dollars dépensés entre 2017 et 2023 pour protéger cette espèce, ni le déploiement d’éco-gardes et de chiens, n’a empêché cette chasse illégale. Ces mesures ont toutefois permis l’arrestation de quelque 700 braconniers.
Au cours de cette période, près de 2 000 rhinocéros ont été braconnés pour leurs cornes, considérées, à tort, comme aphrodisiaques dans de nombreux pays asiatiques. Elles sont aussi une marque de prestige social. « Les inégalités socio-économiques persistantes incitent un grand nombre de personnes vulnérables et motivées à rejoindre des organisations criminelles ou à braconner pour eux, même quand les risques sont élevés », soulignent les chercheurs. La corruption joue un rôle dans ce phénomène, les gangs étant prévenus par des informateurs, ce qui leur permet d’échapper aux arrestations.
En revanche, l’écornage de plus de 2 000 rhinocéros s’est traduit par une réduction de 78 % du braconnage. L’étude de la revue Science souligne que « les effets de l’écornage sur la biologie des rhinocéros ne sont toujours pas clairs, mais que cette pratique n’a aucun impact sur leur survie et leur reproduction ».
Cependant, précisent les chercheurs, il faut procéder à un écornage régulier. Car la pauvreté incite un grand nombre de personnes vulnérables à rejoindre des organisations criminelles pour braconner. Ainsi des rhinocéros écornés ont été abattus par des braconniers ciblant leurs moignons et la repousse de leurs cornes. Sur le marché noir, le prix de la corne de rhinocéros est proche de celui de l’or et de la cocaïne.
Source : rfi