Une quarantaine d’experts venus de neuf pays d’Afrique de l’Ouest ont pris part, du 9 au 13 juin 2025, au quatrième atelier régional de formation avancée à l’outil LSIPT (Livestock Sector Investment and Policy Toolkit) et à GLEAM-i, organisé à Cotonou dans le cadre du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS-2). Portée par la FAO en collaboration avec le CILSS (Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel) et avec l’appui de la Banque mondiale, cette session vise à doter les pays sahéliens et côtiers de compétences renforcées pour anticiper les crises pastorales et orienter efficacement les investissements publics et privés dans l’élevage.

Arsène AZIZAHO
Planifier autrement dans le secteur de l’élevage. C’est le pari des neuf pays d’Afrique de l’Ouest réunis à Cotonou pour cet atelier de formation. Face aux défis croissants du secteur de l’élevage (crises climatiques, pressions économiques, insécurité alimentaire), cet atelier répond à un besoin urgent de disposer de données économiques, sociales et environnementales fiables sur le secteur pastoral.
Ces données sont essentielles pour guider les décisions politiques, justifier les investissements et élaborer des plans d’action nationaux et régionaux. « Il y a un déficit d’information sur le pastoralisme en Afrique de l’Ouest. Ces outils comblent ce vide en fournissant des analyses prospectives qui éclairent les politiques », témoigne Damien Houndetondji Sagbo, expert en suivi-évaluation du PRAPS-2.
L’atelier de Cotonou s’inscrit dans une dynamique régionale engagée depuis 2023, avec des sessions antérieures organisées à Dakar, Nouakchott, Lomé et Accra.
« Cet outil, le LSIPT, nous aide à investir dans le domaine de l’élevage en Mauritanie, à analyser les capacités que nous avons et les moyens à mobiliser pour promouvoir durablement ce secteur », explique Cheikh Rida Eboubi, ingénieur agronome venu de la Mauritanie.
Il rappelle que ce quatrième atelier est l’aboutissement d’un parcours progressif de renforcement des compétences, après des sessions sur la collecte des données, l’analyse économique et les scénarios de réponse aux crises.
Une formation axée sur l’appropriation pratique

Pendant cinq jours, les participants sont accompagnés par des économistes et experts en élevage de la FAO à travers des présentations techniques, des exercices pratiques et des travaux de groupe. A en croire Manon Hamon, venue de la FAO à Rome, il s’agit de construire un plaidoyer pour investir dans l’élevage, construire des axes stratégiques et des priorités, transformer et accompagner la transformation du secteur de l’élevage de manière durable.
L’objectif est notamment de finaliser la saisie des données d’investissement dans LSIPT, d’évaluer la rentabilité des interventions envisagées, de manipuler la WebApp de l’outil en autonomie, et de proposer des recommandations pour les politiques nationales et régionales.
Pour Abakar Touka, du Tchad, la formation est « très importante car elle permet d’évaluer les impacts économiques du secteur et de développer des stratégies d’investissement ciblées ». Il ajoute qu’au retour au pays, les résultats seront restitués avec les autorités et les autres acteurs pour assurer une bonne appropriation et favoriser la mobilisation de partenaires.

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Au-delà de la formation technique, c’est un signal fort en faveur d’un pastoralisme durable qui a été lancé à Cotonou. La FAO et ses partenaires, avec l’appui de la Banque mondiale, entendent poursuivre cet accompagnement.
Les acteurs et partenaires restent convaincus que la modernisation du secteur de l’élevage passe par une meilleure planification, une gestion rationnelle des ressources et une gouvernance fondée sur des données probantes.
En tout cas, les jalons sont posés. Et l’élevage en Afrique de l’Ouest amorce, pas à pas, sa mue vers un secteur plus stratégique, résilient et moteur de développement. Reste désormais à transformer les données en décisions, et les décisions en actions concrètes sur le terrain.