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Cybersécurité au Bénin : les nouvelles menaces et les réponses de l’Etat

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Micro-trottoir

Casimir FAVI : « Ce qui devait nous rapprocher finit souvent par nous exposer »

La situation actuelle sur Internet et les réseaux sociaux est inquiétante mais révélatrice. Internet, autrefois espace d’ouverture et d’expression, est devenu un terrain propice aux abus, escroqueries, et à la violation de la vie privée. Ce paradoxe entre liberté et danger m’interpelle profondément. Ce qui devait nous rapprocher finit souvent par nous exposer. Cela évoque une urgence : celle de se former, de se protéger, de sensibiliser. On ne peut plus ignorer ce qui se passe en ligne, car cela impacte notre quotidien, nos relations, notre identité numérique, voire notre sécurité physique. Ce qui me révolte le plus, c’est cette insouciance collective : des gens qui partagent tout sans filtre, sans se douter qu’un simple clic peut changer leur vie. Mais aussi le fait que les cybercriminels évoluent plus vite que les mécanismes de défense, et que parfois, les victimes sont pointées du doigt plutôt que protégées. Beaucoup de facteurs sont à la base de ce phénomène : L’ignorance des bonnes pratiques numériques ; Le manque d’éducation au numérique dès le bas âge ; L’appât du gain facile, tant du côté des victimes que des escrocs ; Et parfois, le silence des victimes par honte ou peur. Eradiquer totalement, peut-être pas. Mais réduire drastiquement les risques, oui. Cela passe par : La formation continue ; La vigilance individuelle et collective ; L’encadrement juridique strict ; L’implication des acteurs publics et privés. Le Bénin a fait de grands pas ces dernières années : Création de l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) ; Mise en place de lois sur la cybersécurité et la protection des données personnelles ; Campagnes de sensibilisation dans les écoles et les médias ; Promotion des plaintes en ligne contre la cybercriminalité. Toutefois il reste encore du chemin à faire, notamment au niveau de la vulgarisation de ces dispositifs. Que devrait-on faire en plus ? Introduire l’hygiène numérique dans les programmes scolaires, Encourager les citoyens à suivre des certifications comme le CSCU (Certified Secure Computer User), Créer des cellules locales de veille et d’assistance, Renforcer la collaboration entre police, justice, et entreprises tech. Et surtout, parler, dialoguer, oser poser des questions essentielles.

Christian ADAHE : « L’État peut, et doit faire davantage »

Les arnaques, les vols de données et le harcèlement en ligne sont étroitement liés au chômage. Le phénomène risque de perdurer, car beaucoup de jeunes sont attirés par l’argent facile. Pour y remédier, je pense que l’État devrait renforcer le secteur du numérique, notamment par un meilleur contrôle des données, tout en misant davantage sur le développement agricole. Cela permettra d’offrir de nouvelles perspectives aux jeunes et de détourner leur attention des pratiques illégales. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui cherchent à s’auto-employer, parfois en investissant de l’argent mal acquis. Il faut aussi comprendre que certains jeunes ont de véritables idées d’entreprise, mais manquent de moyens ou de soutien familial. Les structures de microfinance, qui devraient leur tendre la main, n’offrent que très peu d’opportunités concrètes. Face à ce manque d’accompagnement, certains finissent par se tourner vers l’arnaque, comme seul moyen de s’en sortir. Cette situation doit impérativement changer, sinon la prochaine génération sera encore plus exposée que celle d’aujourd’hui. L’État peut, et doit faire davantage.

Vanessia HOUNTONDJI « Comment peut-on interdire à quelqu’un de tendre la main vers l’illicite, sans lui tendre la main avec une alternative digne ? »

Je constate avec regret que la jeunesse d’aujourd’hui tend de plus en plus à rechercher la facilité. Autrefois, nos parents faisaient preuve d’une ardeur remarquable au travail ; ils s’y investissaient corps et âme, malgré les conditions souvent grossières. Aujourd’hui, la montée inquiétante de la cybercriminalité  trouve en partie sa source dans le désœuvrement de nombreux jeunes. Le chômage sévit, et cette précarité pousse certains à s’engouffrer dans des pratiques illicites, espérant y trouver une échappatoire. À mon sens, la solution ne réside pas uniquement dans l’incarcération de ces individus. Il est impératif de leur offrir des perspectives réelles : un emploi, une formation, une réinsertion. Comment peut-on interdire à quelqu’un de tendre la main vers l’illicite, sans lui tendre la main avec une alternative digne ? Nombreux sont ceux qui agissent par nécessité, non par choix. Je ne cautionne en rien ces actes, mais je m’efforce d’en comprendre l’origine. Et malgré les efforts de l’État, j’ai cette crainte  que ce fléau, enraciné dans une misère profonde, ne disparaisse jamais totalement.

Dieu-donné ALLADE : « Un fait qui m’a particulièrement choqué, c’est le suicide d’un adolescent, victime de harcèlement en ligne »

Face aux dangers croissants sur Internet, je vois un fléau social amplifié par l’accessibilité aux technologies et l’anonymat qu’offre le numérique. Cyberharcèlement, vol de données, chantage, arnaques… ces menaces touchent toutes les couches sociales, sans distinction d’âge ni de niveau. Un fait qui m’a particulièrement choqué, c’est le suicide d’un adolescent, victime de harcèlement en ligne. Ce drame révèle notre impréparation face aux conséquences psychologiques de l’exposition numérique. Les causes sont multiples : manque d’éducation numérique, impunité, vide juridique, passivité des plateformes, mais aussi naïveté des utilisateurs. Pour lutter contre ce phénomène, il faut :  renforcer l’éducation numérique dès le plus jeune âge ; mener des campagnes de sensibilisation massives ; adopter et appliquer des lois strictes ; encourager les victimes à parler. L’État fait des efforts (brigades spécialisées, lois, plateformes de signalisation), mais ils restent insuffisants, par manque de moyens ou lenteur. Je recommande une collaboration active entre l’État, les écoles, les ONG, les entreprises de cybersécurité et les plateformes pour : créer des cellules d’écoute ; multiplier les formations ; imposer une vraie responsabilité aux plateformes numériques.

Paul TCHANDO « J’ ai moi-même été victime… Derrière les écrans, certaines personnes sont prêtes à tout, même à tuer »

Pour moi, la cybercriminalité est un phénomène courant advenu avec l’avènement du numérique. Ce dernier, bien qu’utile, a malheureusement favorisé l’essor de diverses formes d’arnaques dans nos sociétés, parfois même entre membres d’une même famille. J’en ai moi-même été victime. En 2022, lors d’une formation, j’ai sympathisé avec une fille parlant la même langue que moi. Plus tard, elle m’a proposé une prétendue opportunité professionnelle au Nigeria, dans la communication, domaine que j’étudiais à l’époque. Pensant bien faire, j’y suis allé, mais j’ai vite compris qu’il s’agissait d’un réseau qui voulait me forcer à extorquer des fonds à  ma famille. Heureusement, grâce à mes attachés communautaires, j’ai pu m’en sortir.  Aujourd’hui, je réalise à quel point il est facile de tomber dans ces pièges, surtout quand on cherche à sortir de l’isolement ou à améliorer sa situation. Il faut être extrêmement prudent, ne jamais se jeter sur la première opportunité offerte. Derrière les écrans, certaines personnes sont prêtes à tout, même à tuer.
Je conseille à chacun de toujours prendre du recul, de réfléchir avant de s’engager. Et j’interpelle aussi les parents : certains ferment les yeux sur l’origine douteuse de l’argent que leurs enfants ramènent, alors qu’ils devraient être les premiers à alerter et à éduquer.

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