L’origine du prochain pape va-t-il prévaloir dans le choix des cardinaux au conclave ? Cela n’a jamais été un critère fondamental. Car, le choix est inspiré de Dieu, soutiennent les pères de l’Eglise catholique. Mais pour le commun des mortels et les médias, il faudrait que l’origine joue en 2025 et se penche en faveur de l’Afrique noire qui semble avoir les meilleures cartes en mains.

Une dynamique, des noms et des indices pour humainement présager d’un pape noir à partir de ce début de moitié d’année 2025. La dynamique sera de demander aux 120 cardinaux électeurs de poursuivre avec le choix des non Européens en tant que successeur de Saint Pierre à Rome. En 2013, lors de la vacance du siège au Vatican, la question était : Un Noir africain ou un Latino-Américain ? Le choix a été porté sur le second qui a accepté et a été aux destinées de l’Eglise du 13 mars 2013 au 21 avril 2025. Maintenant, il ne serait pas superflu d’espérer qu’un Noir soit le prochain pape de l’Eglise Catholique de rite romain. En la matière, trois figures émergent. Le Ghanéen Mgr Peter Turkson, 76 ans qui ne s’était pas caché pour affirmer qu’il y aura un pape noir si Dieu le veut. En dehors de lui, il y a le Congolais, Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, 65 ans, considéré comme très proche du pape François et qui aurait la faveur des conservateurs s’il devrait être élu. Le dernier en vue est le Centrafricain, 57 ans, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui. Sa jeunesse peut lui être son atout. Pour soutenir ces prélats éligibles, il y a les indices. Le premier est la réforme introduite par le pape François en 2022 au sein du collège des cardinaux. À la fin de ladite année, il avait choisi près des deux tiers des cardinaux qui nommeront son successeur, soit un peu moins que la majorité nécessaire pour élire un nouveau pape. Des cardinaux, dont la plupart portent sa vision : à savoir une Eglise beaucoup plus proche des pauvres. Cela ressemble à un testament qu’il leur laisse en leur demandant que son successeur soit issu des milieux défavorisés ou quelqu’un qui porterait ce charisme de tendre la main aux pauvres et aux laissés-pour-compte. Par ailleurs, il avait fait passer la proportion de cardinaux originaires d’Afrique subsaharienne qui voteront pour son successeur de 9 % lors de son élection en 2013 à 12 % en 2022. Le terrain ainsi déblayé, il y a les chiffres qui parlent en faveur de l’Afrique. Le nombre de fidèles et de prêtres sur le continent est en plein essor. En 2021, un tiers des nouveaux baptisés en étaient originaire et 1116 nouveaux prêtres africains ont été ordonnés. A l’heure actuelle, aucun continent ne fait mieux. Ces nouveaux prêtres sont d’ailleurs souvent envoyés en Europe pour combler les places vacantes. Mieux, cette croissance n’est pas figée. En 2022, près de 20 % des catholiques du monde vivaient sur le continent. Que d’ingrédients pour enfin voir la fumée blanche laisser choir le nom d’un prélat de l’Afrique noire. Le père Stan Chu Ilo, prêtre catholique nigerian et professeur associé à l’université DePaul, est sur cette lancée : « Je pense que ce serait formidable d’avoir un pape africain ». Mais attention, prévenait en 2013, l’ex-archevêque de Dakar, le Cardinal Théodore Adrien Sarr : « L’élection d’un pape n’a rien à voir avec les attentes ni des médias ni des populations ».
Des potentiels candidats faibles sur le plan diplomatique
Allant dans le même que Mgr Sarr, Mgr Dubost tranche, « l’origine est définitivement dépassée, on cherche ici une personnalité, une attitude, la capacité à être pape. Les cardinaux vont chercher la personne la plus apte. La question de la couleur ne se pose pas. Cela m’est complètement égal, je trouverai ça même bien que ce soit un noir ou un africain. Je peux comprendre que cela serait un signe fort pour certains, mais honnêtement je pense qu’ils iront au-delà de tout ça. On juge sur la valeur de la personne et non pas sur la couleur de peau ». Autrement, les cardinaux éliront probablement l’un des leurs qui a déjà une grande notoriété. Si l’on veut comparer au temps du choix de Jean-Paul II où le Béninois, le cardinal Bernardin Gantin, de vénéré mémoire, était une voix influente au Vatican ou lors du choix de Benoît XVI où c’était le Nigerian, le cardinal Francis Arinze, ceux présentement en vue ou les potentiels papes africains ne sont membres d’aucun poste très influent dans le catholicisme mondial. En plus de tout ceci, la curie romaine n’apprécie pas le mélange des pratiques religieuses en Afrique qui déteint sur les prouesses de la foi. D’ailleurs, Elie Sambieni, auteur de l’ouvrage, « Le syncrétisme: Un défi pour l’église en Afrique », s’en offusque « Parmi de nombreux problèmes qui menacent la vie de l’église en Afrique, se trouve en premier celui du syncrétisme. L’église s’accroit de façon exponentielle dans le continent noir, mais elle fait face à ce problème subtil qui ternit son image devant le Seigneur Jésus-Christ ». Toutes choses qui amènent le père Odozor à conseiller : « le plus important, n’est pas d’avoir un pape noir mais de s’assurer que les questions qui touchent les fidèles en Afrique soient prises au sérieux par ceux qui détiennent le pouvoir au Vatican ». Tout compte fait, on ne peut pas perdre de vue que Dieu continue de choisir les faibles pour confondre les sages.
Vadim QUIRIN