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Travaux dirigés au primaire et au secondaire : un prétexte pour bâcler les programmes d’enseignement

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Un intérêt particulier pour les Travaux dirigés (TD) a été développé dans le secteur de l’éducation au Bénin. Les TD constituent une source génératrice de revenus non négligeable dans le système. Obsédés par cet aspect, des acteurs notamment des enseignants ont tendance à tordre le coup aux programmes certifiés par l’autorité de tutelle pour avoir la garantie desdites séances à long terme.

Fidégnon HOUEDOHOUN

« Le reste sera fait aux TD ». C’est le refrain qui sert de prétexte à certains enseignants pour contraindre de nombreux apprenants à s’inscrire aux séances des cours de renforcement qu’ils organisent. Bella, apprenante en classe de 3ème, a subi une situation dépitée et à la reprise cette année, elle a fait le nécessaire pour que les parents l’inscrivent aux séances de TD. « L’année passée, j’ai fait la 3ème pour une première fois. Lorsqu’on traitait des exercices dans certaines matières comme la Mathématique, la Science Physique Chimie et Technique (SPCT) ou l’Anglais, ceux qui allaient aux TD commençaient à dire : ‘’on a déjà fait cela au TD’’. Si tu n’as pas vite maîtrisé l’exercice et si tu voulais poser beaucoup de questions, il arrive que des enseignants disent : ‘’on fera le reste aux TD, on va gagner du temps’’. Je ne vais pas dire que c’est à cause de cela que j’ai redoublée. Mais à la reprise, j’ai tout fait pour que Maman me paye les TD », a-t-elle avoué. Des enseignants organisateurs des séances de TD ont reconnu les faits. Toutefois, ils ont justifié le contexte qui, selon eux, n’est pas ce qu’on croit. « D’abord, nos programmes n’ont jamais été bâclés. C’est une question de timing. Parfois, il faut finir à temps et laisser la classe à d’autres collègues. Si des apprenants sont lents à la compréhension ou ne suivent pas lorsqu’on explique, il peut arriver que par mégarde, des collègues vont lâcher ces expressions. Ce n’est vraiment pas ce qu’on peut croire », a clarifié un enseignant qui a requis l’anonymat. Nombre d’apprenants ont également reconnu cette réalité vécue en classe.

« Ce n’est pas ce que le maître d’études a dit ! » 

L’autre refrain qui retient l’attention, notamment chez les plus petits du cours primaire, c’est : « Ce n’est pas ce que le maître d’études a dit ». Ce refrain est chanté par les petits élèves régulièrement inscrits aux séances de Travaux dirigés (TD). La réalité a prouvé que chez ces apprenants, il est difficile de leur transmettre d’autres notions que ce que leur a inculqué le répétiteur. Un fait que confirment plusieurs parents d’élèves. « Impossible de faire des exercices ou des révisions avec ma fille en classe de CE1. A la moindre chose, elle va te rappeler que ce n’est pas ce qu’avait dit le maître d’études. Lorsque cela me dépasse, je suis obligé de laisser tomber et lorsque le chargé arrive à son tour, ils le font. Je trouve quand même cela curieux », a souligné Aubin, responsable d’une agence de communication. Un autre constat, c’est le fait que des responsables de l’établissement d’enseignement de l’apprenant déconseillent aux parents d’engager d’autres répétiteurs que les enseignants de l’établissement où l’enfant va à l’école.

Des manœuvres pour prioriser les TD

Des manœuvres, parmi tant d’autres, sont des réalités dans le système éducatif et ont pour but de donner la priorité aux cours de répétition. Et de bonnes raisons les justifient. En effet, les rémunérations issues des TD semblent le double voire le triple de ce qui est payé pour les cours dispensés en classe. « Un enseignant qui fait des cours de répétition de deux heures pour un élève de la classe de 5ème par exemple, que ce soit par élève ou de façon collective, a la possibilité de percevoir au moins 20.000 par élève la fin du mois. Les mêmes heures de cours en classe peuvent lui rapporter 10 mille ou 12 mille selon son statut », a fait savoir un responsable d’établissement qui organise aussi des TD. Cette réalité révèle l’intérêt développé pour les Travaux dirigés. Toutefois, le service de l’enseignement étant un engagement, un suivi s’impose pour limiter les dérives. C’est dans cette dynamique qu’en décembre 2021, le ministre des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, par une note de service, a interdit les Travaux Dirigés (TD) à titre payant et a instruit par la même occasion les directeurs départementaux à mettre fin à cette activité dans les écoles de leurs territoires de compétence. Que de telles initiatives soient élargies à tous les ordres en l’occurrence au secondaire pour garantir l’équité dans l’éducation et assurer le respect scrupuleux du programme en vigueur.

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