Ange M’poli M’TOAMA
L’attaque meurtrière du 8 janvier dernier dans la zone du ‘‘Point Triple’’, à la jonction des frontières entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, met en lumière une faiblesse structurelle majeure. L’absence de collaboration militaire effective entre ces trois pays, c’est ce qu’il faut retenir comme l’une des causes notées lors de la réunion de crise de l’armée après le drame qui a emporté 30 soldats béninois. Ainsi, le haut commandement militaire béninois a conclu à la nécessité d’une coordination régionale renforcée pour contrer la montée en puissance des groupes terroristes dans la région. La lutte contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne nécessite une approche collective. Le Bénin, bien qu’ayant pris des mesures pour renforcer la présence militaire dans le nord du pays, ne peut plus se permettre de mener une stratégie isolée. L’adhésion à un cadre de collaboration avec le Niger et le Burkina Faso serait non seulement stratégique, mais également vital pour garantir la sécurité nationale. Cette coordination pourrait inclure des échanges d’informations en temps réel, des patrouilles conjointes et le développement de bases opérationnelles communes dans les zones frontalières sensibles.
Malgré les déclarations officielles des autorités béninoises affirmant leur volonté de coopérer avec leurs voisins, le climat de méfiance règne toujours entre Cotonou, Ouagadougou et Niamey. Cette situation freine tout progrès concret dans la lutte contre l’ennemi commun qu’est le terrorisme. Ce qui est à noter est la volonté manifeste de la partie béninoise qui tend la main aux autres pays. Mais, selon des sources militaires, une proposition de rencontre initiée en décembre par le chef d’état-major de l’armée béninoise avec son homologue nigérien reste toujours sans réponse. Cette inertie est symptomatique d’une incapacité à surmonter les divergences politiques et stratégiques qui handicapent les efforts collectifs. Pendant ce temps, les groupes armés affiliés à Al-Qaïda, comme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), tirent profit de ces divisions pour renforcer leur présence. Ces organisations exploitent les failles dans les dispositifs de sécurité transfrontaliers et imposent leur contrôle dans des zones où les États demeurent fragmentés et peu coordonnés.
Les autorités béninoises face à leur responsabilité
L’organisation d’une réunion de crise des Forces armées béninoises le 13 janvier sous la présidence du général de division Fructueux Gbaguidi est une réaction attendue. Les discussions internes, bien qu’indispensables pour évaluer les lacunes du dispositif actuel, ne suffisent pas à répondre à l’urgence sur le terrain. Les familles endeuillées et les populations locales attendent des mesures concrètes et immédiates. Une diplomatie proactive est nécessaire pour surmonter les réticences actuelles et poser les bases d’une confiance mutuelle. Par ailleurs, l’implication des communautés locales dans la lutte contre le terrorisme est également cruciale. Leur rôle dans la collecte d’informations et la vigilance communautaire doit être renforcé.
La tragédie du « Point Triple » peut servir de catalyseur pour un changement de paradigme. L’enjeu va au-delà de la simple sécurité frontalière : il s’agit de garantir la stabilité et la souveraineté de l’ensemble de la région. Le terrorisme est une menace transnationale qui nécessite des réponses transnationales.