Coiffeuse professionnelle depuis plus de 23 ans, Saïzonou Marcelline née Togonou, incarne l’excellence dans son métier. Bien qu’elle n’ait pas de diplôme formel, son expérience et son savoir-faire l’ont rendue incontournable dans le monde de la coiffure. Aujourd’hui, à cinquante ans, elle partage généreusement son expertise avec plus d’une vingtaine de jeunes filles, déterminées à apprendre et à s’épanouir dans cette profession.
Que pensez-vous de la femme béninoise ?
La femme béninoise est belle, c’est une véritable amazone. Sa force réside dans le courage et la dignité des femmes battantes, un héritage que nous ont légué nos ancêtres. Elle est riche de talents, mais l’évolution rapide du monde d’aujourd’hui fait que beaucoup de femmes attendent encore une aide masculine. Cette situation contribue à maintenir sa position d’infériorité dans la société.
Que pensez-vous de se marier à 22 ans ?
Se marier à 22 ans est un grand risque. Le mariage est une étape qui implique une stabilité personnelle et financière. À cet âge, la femme a encore beaucoup de choses à découvrir, et il est difficile de se lancer dans cette responsabilité sans être pleinement préparée aux défis qu’elle comporte. Le mariage n’est pas seulement une question d’amour ; c’est aussi une question de sécurité et de bien-être personnel.
Que pensez-vous de la sororité, de l’amitié entre femmes, de la solidarité entre femmes ?
L’amitié entre femmes est souvent difficile. Je la qualifie même d’« acide-scorpion », car pour ma part, j’ai connu de nombreux coups bas dans ces relations. Les femmes sont souvent complexes à comprendre, et l’amitié n’est solide que lorsqu’il existe un intérêt commun. La solidarité entre femmes existe mais elle est souvent conditionnée par des objectifs partagés.

Que pensez-vous des jeunes filles qui veulent faire de longues études ?
C’est leur choix, mais il est important de bien réfléchir avant de se lancer dans de longues études. Cela ne garantit pas nécessairement un avenir meilleur, et il est essentiel d’avoir des objectifs clairs. Personnellement, je n’ai pas eu la chance de poursuivre des études longues, mais je pense que l’éducation est importante. Cependant, il faut parfois savoir faire une pause pour réfléchir à son parcours et à son avenir. L’accompagnement et les conseils sont essentiels dans ce processus mais, au final tout est une question de destin.
Que pensez-vous de la place que la société accorde à l’homme ?
En Afrique, l’homme est perçu comme un pilier, une figure de puissance. La place qu’il occupe dans la société est donc bien ancrée. Cela dit, il est important de repenser certaines dynamiques pour que les femmes puissent aussi occuper une place équivalente.
Que pensez-vous que les pères béninois, en particulier, devraient changer dans l’éducation de leurs fils ?
Il y a deux types de pères. Certains assument parfaitement leurs responsabilités, mais d’autres négligent leurs devoirs, notamment en ce qui concerne la scolarité de leurs enfants et leurs besoins fondamentaux. En Afrique, le père est censé être le modèle, celui qui fixe les repères. J’en profite pour lancer un appel aux pères qui négligent leur rôle : c’est vous qui donnez l’exemple à vos fils. L’éducation morale des garçons est déjà bien assurée, mais il est crucial de leur inculquer les valeurs de la responsabilité. Aujourd’hui, alors que les femmes s’insèrent de plus en plus dans la société, il est essentiel que les hommes comprennent que la place de la femme ne se limite pas à la cuisine. Tout est une question de choix et d’égalité.
Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)