Projecteur sur une femme du passé dont les œuvres d’éclat sont parvenues à notre temps.
Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)
Née au début du 18ème siècle dans l’empire Ashanti du Ghana, la Princesse Abla Pokou dut s’enfuir de Koumassi, la capitale de l’empire lorsque son frère Daaku, prétendant légitime au trône mourut dans la guerre de succession qui éclata après le décès au combat du Roi Osséi. Accompagnée de serviteurs, de soldats et de sujets demeurés loyaux à sa personne et à son frère, Abla Pokou se retrouva à la tête d’une grande suite en fuite avec elle vers le Nord-Ouest du Ghana, vers un douloureux sacrifice pour la princesse. Poursuivies par les troupes opposées à son défunt frère, Abla Pokou et sa suite se heurtèrent dans leur avancée à la frontière naturelle du Ghana avec l’actuelle Côte d’Ivoire : le fleuve Comoé violemment agité par la saison pluvieuse. La traversée du fleuve étant vitale à la survie des siens, la princesse, le cœur gros, consentit à la demande de son devin et lâcha dans les eaux déchainées son petit garçon vivant. Après quoi, comme par enchantement, le Comoé se calma et des hippopotames en émergèrent. S’alignant côte-à-côte, ils formèrent un pont pour faciliter la traversée aux fugitifs. Une fois à l’abri, Abla Pokou pleurant, déclara : « Ba wouli » signifiant l’enfant est mort ! Ainsi naquirent les Baoulé, une ethnie de Côte d’Ivoire et peuple dont le nom rend hommage au petit prince sacrifié. Fatiguée par cette longue pérégrination, elle parvint néanmoins à structurer son royaume et préparer sa succession, avant de rejoindre ses ancêtres. Depuis, la reine Abla Pokou est évoquée comme emblème de courage et du renoncement à soi pour la raison d’Etat.