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Valorisation des résultats des mémoires et thèses au Bénin : Les obstacles sont connus, reste la mise en œuvre des bonnes pratiques

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En 2014, le Bénin s’était dit qu’en 2025, il serait un pays où les résultats de recherches allaient être adaptés aux problèmes de développement national. A l’heure du bilan ,il faut remarquer les vieux démons de 2014 ne sont pas encore tous chassés. Les universités continuent de courir après les financements adéquats pour nourrir et valoriser les travaux de mémoires et de thèses.

Former pour la société. Tant que cet objectif ne sera pas la boussole du système éducatif béninois, les connaissances produites à travers les mémoires et les thèses demeureront inexploitées et d’autres se trouveront même dépassées par l’évolution du temps. Ainsi est caricaturé le déficit de valorisation des résultats issus des mémoires et thèses au Bénin. Pour un universitaire, ces travaux effectués ne devraient pas se faire en dehors d’un programme de recherches. Ledit programme devrait déjà être dans sa phase de mise en œuvre pour automatiquement implémenter dans la société les résultats qui seront issus des thèses et mémoires y afférents. Dans la pratique, indique-t-il, il devrait y avoir un pont entre les organisations de la société civile et l’université ainsi qu’entre l’université et les entreprises au point où les données produites à travers les mémoires et les thèses ne devraient plus être reprises par ces entités via les travaux d’enquêtes, de prospections et autres. Ou tout simplement, ces entités vont se référer à l’université pour formuler leurs besoins en connaissances qui seront proposés aux étudiants pour des recherches. Ceci, quoi que, relève-t-il, les thèses et mémoires à l’université répondent au principe de la recherche fondamentale qui veut que l’auteur effectue ses travaux pour produire de la connaissance afin de faire évoluer la science. C’est ce que confirme le plan stratégique de développement de l’université d’Abomey-Calavi (UAC) élaboré pour la période 2014-2023. Ce document souligne que l’une des faiblesses de l’UAC est bien « la recherche scientifique, qui (pourtant) est la deuxième mission-clé de l’UAC après la formation initiale, (mais) s’exerce pour l’instant dans des conditions qui limitent son impact sur le développement national ». Ces conditions, qui freinent l’essor des recherches, ont été énumérées lors des quatrièmes journées scientifiques du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), tenues en décembre 2019, à Ouidah au Bénin. Selon ces assises, les facteurs qui limitent l’impact des résultats des mémoires et thèses sur le développement ont, entre autres, pour nom : absence d’activités soutenues de recherche-développement ainsi que d’un partenariat impliquant l’ensemble : universités, centres de recherches et entreprises locales ; faibles interactions entre les différents acteurs de l’innovation technologique ; insuffisances de mesures incitatives pour la création et l’innovation puis faible participation des ONG et de la société. Il ne faut pas omettre l’insuffisance financière, avait soutenu en 2017, dans les colonnes du quotidien Fraternité, Cyriaque Edon, enseignant-chercheur à l’UAC. Egalement, la paire visibilité-communication, insiste docteur Marie Epiphane Dossoumou, chef division phytopothologie et chef suivi-évaluation, communication et documentation au Laboratoire d’appui à la défense des cultures de l’INRAB.

Dégager 1% du PIB pour booster les recherches et leur impact dans la société

Pour ce dernier, la recherche a beaucoup à gagner de cette paire visibilité-communication. Car, au niveau des centres de recherches comme l’INRAB, il y a bon nombre de résultats qui sont produits à travers les mémoires et thèses qui se retrouvent dans la bibliothèque de l’Institut et qui sont méconnus du grand public. La preuve, soutient-il, le grand public ignore que l’INRAB peut déterminer l’agent causal du pourrissement des ananas. De la même manière, ils sont très peu à savoir que la réponse trouvée pour empêcher le flétrissement des plants de tomates dans les jardins est une solution émanant de l’INRAB qu’appliquent actuellement les maraîchers. De la même manière, certains ne savent pas non plus que les nombreuses variétés de maïs qu’ils consomment sont le fruit des résultats de recherches, appuie docteur-ingénieur Gaston Codjo Ouikoun, chef division valorisation des acquis de la recherche, de l’innovation à l’INRAB. La reconnaissance au plan international de l’ananas « pain de sucre » comme un fruit exclusivement produit au Bénin constitue aussi le couronnement des résultats de différentes recherches valorisées. Autre chose qui ne court pas les rues, souligne docteur Marie Epiphane Dossoumou, est l’augmentation des ressources en matière de recherches au Bénin. De nos jours, informe-t-il, le budget de fonctionnement de l’INRAB a été multiplié par dix. Il est en effet passé de deux-cent millions de Francs CFA à deux milliards de Francs CFA. Cette satisfaction ne comble pas encore les attentes. Elle est même loin des engagements-pays consignés dans le plan d’actions 1980-2000 de Lagos. En ce moment, chaque Etat s’était donné deux décennies pour augmenter le montant à investir dans la recherche et sa valorisation à 1% du produit intérieur brut (PIB). Les Etats sont encore à moins de 0,5% du PIB constate le CAMES. Conséquence, les visions définies sont pour l’instant un leurre. Au Bénin, lors des travaux d’élaboration du plan de développement du sous-secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique couvrant la période 2014-2018, les acteurs s’étaient engagés à faire en sorte qu’à l’horizon 2025, le pays dispose « d’un sous-secteur d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui fournit des ressources humaines qualifiées et des résultats de recherche adaptés aux problèmes de développement national ». L’année 2025 est là et suit son cours. Malheureusement la graine semée semble ne pas encore franchir l’étape de la germination.

Vadim QUIRIN

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