La frontière entre le Bénin et le Niger est-elle fermée ? La réponse, d’un point de vue diplomatique, est un oui franc. Mais à l’aune de notre vivre ensemble, c’est comme dans l’allégorie des chasseurs de rats. La légende raconte que, ayant identifié un trou à rats et, sûr de la présence des occupants, un chasseur, selon la tradition, avant de commencer à creuser par l’entrée principale, avait positionné son assistant sur la sortie de secours aménagée par les rusés rongeurs, au cas où. Sauf que le guetteur se prit d’attention pour les gousses d’arachides qui étaient dans sa besace et se mit à les grignoter en regardant distraitement les rats surgir devant lui un à un, et disparaître dans le buisson. Quand son maître eut fini de creuser sans résultat, il questionna son assistant tout étonné : mais que s’est-il donc passé ici ? “Je ne sais pas vraiment patron, répondit le chenapan. Mais on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas eu de circulation”. Pareillement, les agents des douanes de Gaya ne voient rien passer. Ils sont distraits par les taxes qu’ils perçoivent sur les vivres, les biens et les marchandises, y compris les voitures qui sont transportées par voie fluviale. Si on leur demande, ils diront que la frontière est hermétiquement fermée. Que le Président de la République veuille y croire ou non, c’est son affaire. Eux autres ne demandent qu’à grignoter tranquillement de l’arachide.
Anicet