Dans les départements du Couffo, de l’Ouémé et du Zou, des ménages s’approprient une ancienne pratique agricole : cultiver autour de leur maison. Soutenu par le projet CASCADE, ce retour aux sources devient un puissant levier de lutte contre la malnutrition.

Arsène AZIZAHO
Dans les communes de Bonou, Djidja ou encore Toviklin, il n’est plus rare d’apercevoir des plants de légumes qui égayent les alentours des habitations. Cette pratique, appelée « jardin de case », gagne du terrain grâce à l’action du projet CASCADE, mis en œuvre par le consortium CARE Bénin/Togo et GAIN, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de l’approche FFBS (Farmers Field Business School) développée par CARE. En 2024, plusieurs unités de démonstration ont été mises en place dans les zones d’intervention du projet, avec l’appui technique des Agences Territoriales de Développement Agricole (ATDA). L’objectif était de renforcer les compétences agricoles, améliorer les rendements et favoriser l’autonomie alimentaire. Albertine Adogba, membre du groupement « Agri la lumière » à Sota-Aigbadji, témoigne de l’impact immédiat de l’initiative : « Nous avons cultivé de la grande morelle sur une parcelle de démonstration. Les rendements ont été bons, chacun a pu en consommer. Ensuite, CASCADE nous a remis des semences pour démarrer nos propres jardins de case ».
Un potager, un pas vers l’autonomie

Loin d’être anecdotiques, ces petits potagers changent profondément les habitudes. Dans certaines localités, les légumes frais font désormais partie du quotidien, disponibles à portée de main. Pour Albertine Afagnon, cette nouvelle habitude est devenue un réflexe salutaire. « Avant, je n’y pensais pas. Aujourd’hui, je cueille mes légumes directement derrière ma maison pour préparer la sauce », confie-t-elle. Cette pratique simple permet d’assurer un meilleur équilibre nutritionnel, notamment par l’apport en vitamines et en protéines animales issues de petits cheptels domestiques.
Vers une généralisation de l’approche

Pour aller plus loin, le projet CASCADE prépare le lancement d’un sous-projet à Djidja et Toviklin : « la nutrition au cœur des activités agricoles ». Il concerne 10 000 femmes agricultrices et vise à promouvoir la consommation durable d’aliments à haute valeur nutritive. A en croire Edmond Zinzindohoué, gestionnaire du projet, « l’objectif est que chaque ménage améliore sa consommation de fruits et légumes grâce à sa propre production. Cela garantit la qualité sanitaire des aliments et diminue les dépenses ».
Le principe « Un potager par case » s’impose ainsi comme une réponse concrète à l’insécurité alimentaire. Il ne s’agit pas seulement d’agriculture, mais d’une stratégie intégrée pour renforcer la résilience des familles béninoises face aux défis nutritionnels. En soutenant cette dynamique locale, le projet CASCADE fait bien plus que semer des graines : il cultive l’autonomie, la santé et l’espoir.