Bienvenu H. est père de trois enfants et gagne sa vie comme agent de sécurité. Avec un revenu fixé au SMIG, il tente tant bien que mal de couvrir les besoins essentiels de sa famille. Entre petits boulots et aides ponctuelles de son épouse, il jongle chaque mois avec les manques.

Ange M’poli M’TOAMA
Dans un quartier discret de Godomey, une petite maison en tôle défie les saisons. C’est ici que vivent Bienvenu H., sa femme et leurs trois enfants. Leur demeure, une pièce unique de 12 m² aux tôles rouillées, peine à résister aux assauts du vent et de la pluie. L’eau s’infiltre par des ouvertures de fortune, colmatées à la hâte. Au centre de la pièce, un large rideau jaunâtre tendu fait office de cloison : d’un côté, le séjour, de l’autre, la chambre à coucher.
Cela fait bientôt huit ans que cette famille y a trouvé refuge. Bienvenu, la quarantaine dépassée, est un homme grand, à la démarche lourde. Son dos voûté trahit le poids invisible des responsabilités et des dettes qu’il traîne. Vitrier de formation, il a dû abandonner ce métier devenu trop incertain. « Je suis un agent de sécurité, je travaille dans un système de garde rotationnelle à raison de 24 heures de travail suivies de 24 heures de repos », confie-t-il. Son uniforme : un ensemble pantalon et t-shirt marron, usé par le soleil.
Avec ses trois enfants à nourrir, Bienvenu s’efforce de faire face aux charges, tant bien que mal, avec le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), aujourd’hui fixé à 52 000 francs CFA. Ce montant, récemment rehaussé par une réforme gouvernementale, reste pourtant loin de suffire. « Au début, nous n’étions pas payés au salaire moyen, c’est après la réforme du gouvernement et quelques moments de grogne que notre salaire a un peu augmenté », explique-t-il.
Mais l’augmentation est vite absorbée par les charges du quotidien. « Je fais des prêts en avance que j’essaie de rembourser avec le salaire », dit-il, résigné. Une spirale d’endettement sans fin. Pour alléger un peu la pression, sa femme tient un petit étal de pédicure-manicure devant la maison. « En moyenne, je fais 2000 francs par jour », témoigne-t-elle. C’est cette modeste activité qui permet aux enfants de manger chaque jour.
Mais Bienvenu ne s’arrête pas là. Il cumule les petits boulots, multipliant les heures et les efforts. « Mis à part le métier d’agent de sécurité, je fais de l’entretien dans quelques structures de la place », confie-t-il. Son quotidien est fait de fatigue, de courage et de débrouille. Une vie au rythme du SMIG, dans une chambre où l’espoir, malgré tout, tient encore debout.