Le second rendez-vous trimestriel de concertation entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, au titre de cette année, s’est tenu le 25 juin 2025 dans les locaux de l’Institut d’émission à Cotonou au siège de la Bceao. Occasion pour les deux parties d’échanger notamment sur les principales questions d’actualité économique, financière et monétaire du Bénin et de la sou région. C’était en présence des professionnels des médias spécialistes des questions économiques, conviés au détour d’un point de presse.

Le Directeur national de la Bceao au Bénin, Emmanuel ASSILAMEHOO et le Président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbef) du Bénin, Jean-Jacques GOLOU ont entretenu les journalistes sur plusieurs sujets phares. Il s’agit entre autres : des dernières évolutions de l’activité économique au Bénin et dans l’UMOA, de la ssituation de la liquidité du secteur bancaire au Bénin, du bilan de la campagne 2024-2025 de commercialisation du coton graine et de la ssituation du rapatriement des recettes d’exportation. « Au titre de la première communication, les participants ont noté que l’environnement international au premier trimestre 2025 a été marqué par de bonnes perspectives de croissance en dépit des fortes incertitudes induites par les tensions commerciales et géopolitiques », a déclaré le Directeur national de la BCEAO à l’entame du point de presse avant d’ajouter qu’au sein de l’UEMOA, l’activité économique est restée dynamique au deuxième trimestre 2025, avec un taux de croissance de 7,1% du produit intérieur brut sur un an, après une réalisation de 7,2% au trimestre précédent. Selon ses explications, le taux d’inflation, poursuivant sa tendance baissière, est ressorti à 2,3%, en glissement annuel, au deuxième trimestre 2025. Cette décélération du niveau général des prix est essentiellement imputable à la baisse du rythme de progression du prix des composantes « Restaurants et Hôtels» et «Logement». Au Bénin, le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 6,6% au premier trimestre 2025 tandis que les services officiels projettent la croissance économique à 7,5% en 2025 comme en 2024. Le taux d’inflation, en moyenne annuelle, est ressorti à 1,4% au 31 mars 2025 et à 1,2% à fin avril. Cette tendance résulte de la combinaison des mesures de soutien prises par les autorités béninoises pour contenir les prix et de l’action monétaire de la Banque Centrale. Les prévisions situent l’inflation à 1,6% en 2025 et à 2,2% en 2026, au plan national. Dans ce contexte, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO, réuni le 4 juin 2025, a décidé de baisser de 25 points de base les taux directeurs de la Banque Centrale, à compter du 16 juin 2025. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux banques est passé de 3,50% à 3,25%, et le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal de 5,50% à 5,25%. Le coefficient des réserves obligatoires applicable aux banques reste inchangé à 3,0%.
L’activité bancaire s’est déroulée dans cet environnement macroéconomique marqué par une croissance soutenue et une maîtrise de l’inflation. S’agissant de la situation de la liquidité du secteur bancaire au Bénin, les Directeurs Généraux ont été informés de la conformité de la place au ratio de liquidité ressorti à 109,5% en moyenne à fin décembre 2024 pour un seuil minimal de 75,0%. Toutefois, l’analyse de l’évolution des emplois et ressources bancaires révèle un déficit structurel de la trésorerie propre des banques. Ce déficit résulte d’une croissance des emplois plus rapide que celle des ressources. En outre, il a été noté une préférence des établissements de crédit pour des emplois à moyen et long terme qui ont été, cependant, majoritairement financés par des ressources à court terme. La quasi totalité du déficit de trésorerie a été résorbée par les injections de liquidité de la Banque Centrale. En effet, nonobstant le niveau confortable du coefficient de liquidité des banques, celles-ci rencontrent des difficultés à céder rapidement les titres qu’elles détiennent pour faire face à leurs besoins de trésorerie. Cet état de chose représente une source de tension de liquidité pour le système bancaire. Face à cette situation, les Directeurs Généraux de banques ont été exhortés à veiller à l’équilibre «emplois-ressources » de leurs établissements à travers l’accroissement des ressources stables, notamment des fonds propres, des emprunts et dépôts à plus long terme et une amélioration de leur gestion actif-passif. Quant au bilan du financement de la campagne de commercialisation 2024-2025 du coton graine, les échanges ont offert l’occasion à l’APBEF-Bénin de partager avec la Banque Centrale, les principaux résultats et les leçons à tirer de la participation du système bancaire local. Au 20 juin 2025, la production du coton graine au titre de la campagne devrait ressortir autour de 640.000 tonnes pour un concours bancaire de l’ordre de 241,8 milliards de francs CFA. À l’instar des campagnes précédentes, la profession bancaire n’entrevoit pas de difficulté particulière pour le remboursement de ces concours. S’agissant du point sur le rapatriement des recettes d’exportation, il a permis d’informer la profession bancaire d’un défaut cumulé des opérateurs économiques évalué à 61,3 milliards de francs CFA au titre des années 2023 ; 2024 et du premier trimestre de l’année 2025. A cet égard, les Directeurs Généraux de banques ont été de nouveau sensibilisés à l’effet d’inviter les entreprises exportatrices à se conformer rigoureusement aux prescriptions du Règlement relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, afin d’éviter les diverses sanctions prévues par la loi bancaire et les instructions de la BCEAO.