Dans un entretien télévisé diffusé ce samedi 31 mai 2025, le président de la transition nigérienne, le général Abdourahamane Tiani, a réaffirmé sans ambiguïté la décision de Niamey de maintenir fermée, sa frontière avec le Bénin. Selon lui, cette mesure s’inscrit dans une logique de sécurité nationale et non dans un calcul politique ou diplomatique.

Au cœur des accusations du chef d’État nigérien figure la présence, au Bénin, de troupes françaises qualifiées de « forces de déstabilisation ». Tiani estime que cette coopération militaire entre Cotonou et Paris, engagée après le départ des forces françaises du Niger en 2023, constitue une menace directe pour la stabilité de son pays.
« Tant que le Bénin ne comprendra pas que le combat que nous menons n’est pas contre lui, mais contre les troupes françaises de déstabilisation, la frontière restera fermée », a-t-il martelé. Le président nigérien reproche aux autorités béninoises d’avoir ignoré les mises en garde de Niamey et d’avoir renforcé leur partenariat sécuritaire avec la France, malgré les risques évoqués à plusieurs reprises.
Pas de traitement de faveur pour le Nigeria
Face aux critiques sur une supposée différence de traitement entre le Bénin et le Nigeria (dont la frontière avec le Niger reste ouverte malgré une certaine méfiance), Tiani a tenu à clarifier la position de son gouvernement. Il affirme que chaque décision est fondée sur des données précises issues des services de renseignement.
« Un État ne travaille pas avec le paraître. Il travaille avec des éléments de décision », a-t-il déclaré, balayant toute accusation d’arbitraire. Selon lui, bien que des critiques similaires aient été formulées à l’encontre d’Abuja, l’intensité de la collaboration militaire du Bénin avec la France justifie des mesures plus strictes.
L’épisode de l’ambassadeur béninois à Gaya
Le président Tiani est également revenu sur un épisode diplomatique récent : le rappel de l’ambassadeur béninois, peu après une tentative de médiation symbolique dans la ville de Gaya, frontalière du Bénin. Selon Niamey, ce geste d’apaisement n’aurait pas été soutenu par les autorités béninoises, qui auraient rapidement désavoué leur diplomate.
Pour le chef de la transition, cet incident illustre le refus du Bénin d’ouvrir un réel dialogue et sa volonté de maintenir une posture alignée sur les intérêts occidentaux, au détriment de la coopération régionale.
Une ligne rouge non négociable
Le message du général Tiani est clair : la frontière entre le Niger et le Bénin restera fermée tant que Cotonou n’aura pas officiellement mis fin à sa collaboration militaire avec la France. Il insiste sur le fait que cette position n’est pas dirigée contre le peuple béninois, mais qu’elle s’impose comme une mesure de protection nationale.
« Nous ne sommes pas dans le virtuel. Ce sont nos hommes et nos civils qui tombent. Et c’est cela qu’on voulait éviter au Bénin », a conclu Tiani, soulignant le coût humain des choix stratégiques.