A côté des prouesses, il faut porter le regard sur les efforts qui restent à fournir. L’un d’eux, est le nombre d’enfants de moins de 12 mois qui n’ait reçu aucune dose du vaccin antipaludique. A partir des chiffres communiqués sur Bip radio, le dimanche 20 avril, se dégage une proportion d’un enfant sur trois dans la situation.

Tous les enfants de 6 à 23 mois, des 16 zones sanitaires du Bénin, couvertes par l’introduction du vaccin contre le paludisme ne sont pas encore touchés. Prenant pour cible les 111 000 enfants à atteindre, il y a environ 30% qui n’ont pas encore reçu la première dose. Soit la proportion d’un enfant sur trois n’ayant reçu aucune dose du vaccin contre le paludisme. A côté de cette donnée, il y a la proportion des enfants qui ont raté la réception de la deuxième dose du vaccin. Ici, un enfant sur deux ayant reçu la première dose n’est pas encore revenu pour la deuxième dose. Et parmi les enfants qui ont reçu la deuxième dose, seulement 30% sont revenus pour la troisième dose. Soit près de deux enfants sur trois ne sont pas encore revus pour cette dose. Pour la quatrième dose, les chiffres ne sont pas encore disponibles. Les enfants ayant reçu la troisième dose doivent d’abord atteindre l’âge de 18 mois. Or, le Bénin n’est qu’à 12 mois d’introduction du vaccin contre le paludisme. Ce vaccin qui est administré aux enfants en quatre doses, à savoir à 6 mois d’âge, à 7 mois, à 9 mois puis à 18 mois.
Retrouver les enfants des 16 zones sanitaires qui n’ont rien reçu
Pour un bilan partiel de cette première expérience de l’introduction, on peut ne pas s’alarmer. Car, avant la fin du cycle, notamment d’ici avril 2026 et plus exactement avant le 1er novembre 2026, il y aura des chiffres plus exhaustifs pour apprécier globalement ces écarts. Toutefois, la première donnée, à savoir près d’un enfant sur trois n’a reçu aucune dose du vaccin, peut susciter interrogation. Ceci, rien qu’en s’arrêtant sur les objectifs d’au moins 90% à atteindre d’ici 2030 pour la couverture vaccinale et surtout sur la nécessité de réduire d’ici 2030 d’au moins 50% le nombre des enfants qui ne recevraient pas une dose de vaccin. Car pour atteindre ces objectifs dans un peu moins de 5 ans, il faut rompre avec les habitudes et accepter, en ce qui concerne la première dose pour ce nouveau vaccin que le pays dépasse sa cible de 111000 enfants attendus. Ne rien faire et se satisfaire de la couverture partielle de 70% serait admettre de creuser les écarts et surtout cautionner que plus de 33 000 enfants soient encore en marge du vaccin contre le paludisme qu’ils peuvent gratuitement recevoir. Une telle attitude est bien contraire à la vision de « ne laisser personne de côté » alors qu’aller la retrouver « est humainement possible » comme le stipule le thème de l’édition 2025 de la semaine nationale de la vaccination : « sauver des vies grâce à la vaccination est humainement possible ».
Une organisation pourtant bien en place
Pour rappel, le Bénin a accueilli, le lundi 15 janvier 2024, ses premières doses de vaccin contre le paludisme évaluées à 215 900 doses. Le jeudi 25 avril 2024, il a commencé par administrer ce vaccin aux enfants de 6 à 23 mois. Le dimanche 20 avril 2025, pour un premier bilan partiel sur Bip radio, docteur Landry Kaucley, directeur de la vaccination et de la logistique à l’Agence nationale des soins de santé primaire, a rappelé que l’introduction du vaccin est en train de se faire par phase. Il y a d’abord une première phase d’introduction dans 16 zones sanitaires prises dans huit départements. Cette introduction dans ces zones a d’abord été graduelle. Elle a commencé par une phase pilote de trois mois dans trois zones sanitaires puis une généralisation dans toutes les 16 zones à l’issue des trois mois. Maintenant, le pays est en train de se préparer pour la seconde phase d’introduction. Elle consistera à couvrir les 18 zones sanitaires restantes. Pour l’heure, les départements où le vaccin est en train d’être administré sont l’Atacora, la Donga, les Collines et le Couffo. Dans ces quatre départements, le vaccin est présent dans toutes les communes. Dans l’Alibori, le vaccin est présent à Banikoara puis à Malanville. Dans le Borgou, le vaccin est présent à Tchaourou. Dans le Zou, le vaccin se retrouve à Djidja, Abomey et Agbangnizoun. Dans l’Atlantique, le vaccin est à Allada, Toffo et Zè. Et pour ces 16 zones sanitaires, après environ 12 mois d’introduction, la couverture vaccinale pour la première dose du vaccin est de 70%. Cette couverture, en ce qui concerne la deuxième dose est de 50%. S’agissant de la troisième dose, la couverture est de 30%. Il faut patienter 12 ou 18 nouveaux mois pour connaître avec exactitude la couverture en ce qui concerne la quatrième dose.
Vadim QUIRIN