Dans un nord du Bénin confronté à l’insécurité et à l’isolement, Radio Imatunu Kakai Fm (92.7 MHz), créée depuis le 13 novembre 2023, joue un rôle essentiel de lien social et d’information. Ceci, grâce aux financements du Canada, de l’Union Européenne (Ue), de Gavi, des Pays-Bas, du Japon avec l’accompagnement de l’Unicef-Bénin et de la Fédération des Radios Communautaires et Assimilées du Bénin (Fercab). Face à des moyens dérisoires et une instabilité croissante, la station résiste tant bien que mal, portée par la détermination de quelques volontaires convaincus de son importance.
À Karimama, faire tourner une radio communautaire est un parcours de combattant. Dans cette localité frontalière du Niger, nichée dans le département de l’Alibori, Radio Imatunu Kakai Fm ne doit sa survie qu’à la ténacité d’une poignée d’acteurs locaux. Lors d’une conférence de presse le 21 décembre 2024, le directeur de ladite radio Sahabou Aboubakar a exposé les réalités que Radio Imatunu Kakai Fm traverse. Pour lui, l’un des défis identifiés lors de cette rencontre reste la question du financement. La radio, bien que porteuse d’une vocation communautaire forte, fonctionne avec un budget limité. Cette situation l’empêche d’investir dans les équipements nécessaires pour améliorer la qualité des programmes. Le matériel de diffusion, souvent vétuste, et l’absence de budget conséquent pour une programmation diversifiée limitent les ambitions de la station. L’équipement, indispensable pour garantir une transmission fluide et de qualité, n’est toujours pas à la hauteur des exigences techniques modernes.
Dans un monde de plus en plus tourné vers le numérique, Radio Imatunu Kakai Fm peine à s’adapter aux nouvelles technologies de diffusion. Bien qu’il existe une volonté de se tourner vers les plateformes en ligne telles que Facebook, YouTube et SoundCloud, l’absence de formation adéquate et de moyens pour produire et diffuser du contenu numérique limite fortement cette stratégie. L’équipe, quant à elle, est constituée essentiellement de bénévoles, jeunes pour la plupart, qui apprennent sur le tas les rouages de l’animation, de la régie ou du montage. Peu ou pas de formation professionnelle. Aucun contrat de travail.

A l’occasion, des idées n’ont pas manqué. Des propositions concrètes ont été émises. Des acteurs des médias ont proposé de créer une cellule de communication numérique, de former une petite équipe à l’usage de Canva, CapCut ou Facebook Creator Studio, de documenter les programmes, enregistrer des capsules vidéo à publier régulièrement, même en format amateur. À Kandi ou Parakou, des sessions de formation pourraient permettre à l’équipe de prendre ce virage. La diaspora de Karimama, souvent active et solidaire, pourrait aussi être mobilisée pour appuyer ce développement.
Il y a aussi la possibilité de diversifier les sources de revenus. Il a été également envisagé des partenariats avec des écoles, des ONG, des institutions religieuses ou des projets de développement. Certains programmes éducatifs, religieux ou agricoles pourraient être sponsorisés, et les contenus mutualisés à d’autres radios rurales du nord. Cela créerait un écosystème d’entraide et de partage de ressources. La station pourrait également bénéficier de dons en nature tels que les panneaux solaires, les ordinateurs, les enregistreurs, les routeurs Wi-Fi. Des kits de production légers peuvent faire une grande différence dans un environnement comme Karimama. Encore faut-il que les décideurs, les partenaires techniques et financiers, mais aussi les institutions nationales prennent conscience du rôle crucial de ces radios en zone sensible.