
Ange M’poli M’TOAMA
Le gouvernement est droit dans ses bottes. La discipline et la cohésion restent des piliers non négociables de l’action publique. Paulin Akpona l’aura appris à ses dépens. Une sortie imprudente et des déclarations incendiaires à Parakou lui coûtent sa place au sein du gouvernement. Sa sortie est alarmante d’autant plus qu’il a dénoncé publiquement des malversations présumées sous son prédécesseur, Samou Adambi et cela a fait l’effet d’une détonation dans les rangs de la majorité. Devant une foule mobilisée, dans le fief même de l’ex-ministre, il fustige une gestion défaillante du ministère, évoque des détournements de fonds à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, et insinue que le chef de l’État n’en savait rien.
De plus, il a martelé que des ressortissants de la localité ont géré le portefeuille censé résoudre les problèmes d’eau et d’électricité. Avec ces propos, Paulin Akpona alimente la frustration populaire et donne, volontairement ou non, des munitions à l’opposition. Erreur stratégique ou coup de sang mal maîtrisé ? Toujours est-il que les conséquences ont été immédiates. Le gouvernement n’a pas tardé à trancher. Le ministre a été démis de ses fonctions, et son ministère confié à José Tonato, titulaire du Cadre de vie et des transports, reconnu pour sa rigueur administrative.
En décidant de ce limogeage, le gouvernement assume une volonté ferme de préserver la stabilité, éviter la politisation de la parole ministérielle, et garantir une gouvernance fondée sur la responsabilité collective. L’exécutif veut éviter les règlements de comptes publics qui alimentent les clivages, affaiblissent la confiance, et détournent l’administration de ses priorités.
La sortie est perçue comme une attaque frontale. Elle est orientée non seulement contre un ancien membre du gouvernement, mais aussi contre un allié politique de la même famille. Le signal est clair : la liberté d’expression ne peut s’exercer au détriment de la solidarité gouvernementale. La critique peut être légitime, mais dans un cadre aussi structuré que l’exécutif, elle doit passer par les voies internes. Révéler publiquement des soupçons de malversations, sans preuve formelle, ni consultation préalable, revient à désavouer ses collègues, et par ricochet, le gouvernement dans son ensemble.
Plus encore, dans un contexte politique où l’unité des formations alliées est essentielle, cette sortie a été perçue comme une trahison de famille. Paulin Akpona occupait un portefeuille confié au Bloc Républicain, sa formation politique. En exposant les failles supposées de la gestion passée sans concertation, il fragilise non seulement l’action gouvernementale, mais aussi la cohérence interne du camp au pouvoir. D’ailleurs, le parti perd la gestion de ce portefeuille au profit de l’Union Progressiste Le Renouveau.
En clair, la liberté de parole ne dispense pas de loyauté, et la responsabilité individuelle s’exerce dans le respect de la ligne commune. Paulin Akpona aura appris, à ses dépens, que dans la maison Talon, on ne joue pas contre son propre camp.