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L’école de la sagesse américaine

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Aux yeux de nombreux observateurs, la politique américaine a bien changé depuis le retour de Donald Trump à la maison blanche.

Sous le regard médusé des journalistes et dans le bureau ovale, le duo présidentiel des États-Unis, face à Volodimir Zelenski, a récemment offert un spectacle qui a laissé le monde entier pantois. C’est vrai que Donald Trump n’est pas à un coup de théâtre près. On se souvient de la signature de dizaines de décrets à la chaîne, exhibés les uns après les autres, avant que les stylos qui ont servi à la mise en scène soient lancés dans un public amusé et ravi. De mémoire d’américains on n’avait jamais vu une telle levée de bouclier contre des décisions prises par une administration.

L’expulsion des personnes en situation irrégulière, le refoulement des migrants, l’incarcération de certains d’entre eux à Guantanamo, la perte du droit de naissance pour une certaine catégorie de bébés, la remise en cause des droits que croyaient avoir acquis les LGBTQ+, la relecture envisagée de l’Obama care, et surtout, l’amnistie suivie de la libération des personnes impliquées dans le “sacrilège” de la prise d’assaut du Capitole. Avec ces décisions, Donald Trump a violemment choqué une grande partie de ses compatriotes, à commencer par ses prédécesseurs. Tous les ingrédients sont en principe réunis pour que le ciel américain s’écroule sur la tête de l’ancien-nouveau président.

Motus et bouche cousue

Sous les tropiques, la société civile, les syndicats, les partis politiques, les personnalités du monde universitaire et les anciens présidents, jouant les grands démocrates, se seraient coalisés pour moins que cela, en prenant la communauté internationale à témoin, pour dénoncer une dérive du pouvoir. Ils auraient fait le tour des médias relayeurs de scandales africains, pour signaler un grave recul démocratique, un piétinement intolérable des libertés et la descente aux enfers du pays, livré à un pouvoir fou. Et pourtant, les États-Unis ont encore quatre anciens présidents vivants, dont certains ont encore de la vivacité. Mais jamais ils ne pipent mot sur la gouvernance de leur successeur. C’est motus et bouche cousue. Sans doute pour préserver la grandeur de leur pays. Pour éviter de donner à des tiers, l’occasion de dénigrer le président en exercice et, par la même occasion, une opportunité pour rabaisser la grande Amérique.

Cultiver le silence qui élève

Dieu sait pourtant à quel point les anciens présidents doivent être horrifiés et affectés par la désintégration des valeurs que ce grand pays a cultivées depuis des siècles. D’autant que le sortant immédiat a été qualifié publiquement par Donald Trump de “pas très intelligent”, dans une séquence reprise par tous les médias de la planète. Cependant, cela ne les empêche pas d’observer une stricte réserve. Cette réserve ne traduit pas qu’un sens élevé de la responsabilité. C’est une attitude patriotique que nous devons apprendre. En clair, elle enseigne que, quels que soient les motifs des désaccords entre anciens et nouveau présidents, les premiers doivent avoir de la retenue et éviter, dans n’importe quelle circonstance, de porter un jugement de valeur négatif sur leur successeur. Parce que, ce faisant, certes, ils réussiraient à dénigrer celui-ci. Mais pas seulement. Ils ruineraient aussi au passage, l’image de tout le pays. La moralité en est que, la démocratie n’implique pas forcément la liberté pour certaines voix fortes, de tonitruer. C’est l’élévation mentale, qui cultive les silences éloquents et les mutismes rassembleurs, qui est, parfois, l’attitude la plus constructive. C’est tout un art, il faut en convenir. Et c’est une sagesse qui constitue un pilier de la démocratie. Plus encore, c’est une école.

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