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Le chef de la circonscription scolaire d’Abomey-Calavi 1 au sujet des TD au primaire : « Je ne trouve pas indispensable l’organisation des TD à la maternelle, au CI, au CP et au CE1 »

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Le bon enseignant n’a pas besoin d’avoir recours aux séances de travaux dirigés (TD) pour aider ses apprenants à avoir un bon niveau de la classe dans laquelle ils sont. C’est la conviction partagée, par Justin Lodonou, inspecteur de l’enseignement du premier degré, chef de la circonscription scolaire d’Abomey-Calavi 1.

Fraternité : Quel regard peut-on porter sur le niveau des apprenants du primaire ? Est-il possible d’affirmer que ces apprenants ont un bon niveau ?

Justin Lodonou, chef de la circonscription scolaire d’Abomey-Calavi 1 : J’aborderai votre question en deux volets. D’abord en me basant sur le programme exécuté et ensuite en soulevant des facteurs exogènes qui pourraient influencer ce niveau.

En ce qui concerne le premier point, vous pouvez constater que nous sommes en train d’exécuter un programme d’enseignement très bien conçu qui est aux mains des acteurs avisés. Ces derniers le mettent en pratique selon les différentes recommandations données. Autrement, la formation de nos apprenants du primaire se déroule dans les règles de l’art. De ce constat, nous pouvons affirmer que nos apprenants ont un niveau bien appréciable.

A l’opposé, les conditions dans lesquelles les acteurs sont en train de mettre en œuvre le programme et le gap entre les résultats escomptés et ceux obtenus peuvent nous amener à déceler des facteurs qui concurrencent l’enseignement donné. C’est le cas du développement technologique qui, de plus en plus, dérobe l’attention de nos apprenants des études. Conséquence, les multiples efforts fournis se retrouvent affaiblis. Le même phénomène est observé si nous décidons d’analyser de près la qualité de certains enseignants. Il serait bon de ne pas restreindre ici « qualité de l’enseignant » à sa compétence mais plutôt y lire son niveau de conscience professionnelle. Celui-ci doit rimer avec le don de sa personne pour que l’apprenant puisse bénéficier de son travail. Si, dans une école, à 7 heures 30 minutes, nous n’avons que deux enseignants sur six à leur poste et ces derniers à 17 heures, après avoir renvoyé les apprenants, ne restent pas 15 à 30 minutes pour préparer la classe pour le lendemain, nous pouvons interroger leur niveau de conscience professionnelle. Ce qui peut influer négativement sur le niveau des apprenants.

Qu’est – ce qui est alors fait pour relever le niveau des apprenants en cas d’insuffisance de l’enseignement donné ?

Aucune administration ne peut se satisfaire de la contreperformance de ses administrés. Vous comprenez donc que l’Etat ne peut dormir sur ses lauriers si le niveau des apprenants n’est pas encore au seuil escompté. Différentes initiatives sont alors déployées pour relever le niveau de nos apprenants. Par exemple, au cours initial (CI) et au cours préparatoire (CP) un programme axé sur une pédagogie explicite est en exécution pour y atteindre un taux de réussite de plus de 80%. Ce qui fait que présentement, les apprenants de ce niveau sont mieux exercés à la lecture, à l’écriture et à la mathématique. D’un point de vue globale et sous la houlette du Conseil national de l’éducation (CNE), un projet de relecture des programmes des classes du primaire est en train d’être peaufiné. L’objectif est d’aménager le contenu des programmes. Il sera question de revoir la démarche d’apprentissage afin de permettre aux enseignants d’être toujours efficaces.

Que dites-vous des séances de travaux dirigés (TD) qui sont organisés dans les écoles dans l’optique de relever le niveau des apprenants ?

Le programme d’études ne prévoit pas les séances de travaux dirigés (TD). Ces séances émanent de l’initiative des écoles ou des enseignants. Ces TD sont simplement des moments de révision qui soumettent l’apprenant à des exercices semblables à ceux des évaluations. Ce n’est qu’une initiative d’accompagnement.

Mentionnons que dans la mise en œuvre de nos programmes d’études, il y a des moments réservés aux apprentissages et à l’intégration. En effet, après un mois d’apprentissage, les apprenants sont soumis à une semaine d’activités autour des leçons reçues au cours du mois. Après quoi, il y a l’évaluation puis la remédiation qui permet de corriger les exercices de l’évaluation et de revenir sur les aspects du cours non cernés. En principe, un enfant ayant traversé toutes ces étapes ne peut plus dire « je n’ai rien compris ».

Serait-ce cette lecture du secteur public des TD qui explique la réticence des enseignants et des directeurs des écoles publiques à aborder le sujet avec aisance ?

La note de service du 08 décembre 2021 du ministre des Enseignements maternel et primaire interdit l’organisation des TD payants. L’esprit de cette note est que l’enseignant qui est au service de l’Etat ne peut pas utiliser les infrastructures et les moyens de l’Etat pour initier des TD qui vont lui rapporter des ressources. De plus en initiant ces séances, certains apprenants seraient discriminés parce que ne pouvant honorer les frais de TD. Ce qui constituerait une injustice à leur égard dans un contexte où l’enseignement primaire est gratuit dans notre pays. Egalement, nous ne devons pas perdre de vue qu’en dehors des heures réglementaires de cours, les écoles sont fermées.

N’est-ce pas faire preuve d’un très bon niveau de conscience professionnelle que de chercher à relever le niveau de ses apprenants à travers les séances de TD ?

Le bon niveau de la conscience professionnelle ne se mesure pas exclusivement à travers l’organisation des TD. C’est vrai, ces TD sont devenus un fait social qui n’est pas forcément réglementé. D’où le choix est laissé à l’enseignant d’initier ou non ces travaux au profit de ses apprenants. A charge à lui, d’endosser les éventuelles déconvenues.

Alors le secteur public joue les enfants dociles en ce qui concerne l’organisation des TD tandis qu’au niveau du privé, c’est un boulevard

Retenons simplement que les écoles privées sont autorisées à exercer en clientèle privée. Alors, elles développent une dynamique de résultats en vue de la promotion de leur « commerce ». Elles jouent sur leur renommée et mettent en œuvre les initiatives pour disposer de bons résultats en fin d’année. D’où les séances de travaux dirigés payantes qu’elles organisent souvent du cours initial (CI) au cours moyen deuxième année (CM2). J’ai même ouï dire que certaines écoles privées organisent ces TD pour les enfants de la maternelle. Ce qui n’est vraiment pas nécessaire.

En principe, le bon enseignant doit donner le meilleur de lui-même. S’il arrive à le faire, les enfants vont le lui rendre, sans les TD. Personnellement, je ne trouve pas indispensable les TD à la maternelle, au cours initial (CI), au cours préparatoire (CP) et au cours élémentaire première année (CE1).

Propos recueillis par Vadim QUIRIN

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