L’Association pour l’Éducation, la Sexualité et la Santé en Afrique (APESSA) a procédé au lancement officiel des activités du projet N’tchité, ce jeudi 15 mai 2025 à Savalou. Cette initiative, financée par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), ambitionne d’améliorer la santé sexuelle et reproductive des adolescents, notamment ceux des couvents traditionnels, à travers des approches innovantes qui combinent services de santé, renforcement de l’estime de soi et autonomisation.
Les statistiques sont alarmantes. Près de 20 % des adolescentes béninoises de 14 à 19 ans ont déjà amorcé leur vie reproductive et 18,8 % des grossesses sont précoces. Dans les couvents vodun, où résident majoritairement des femmes et des filles, l’accès à l’information et aux soins de santé sexuelle et reproductive est quasi inexistant. C’est donc pour répondre à cette problématique qu’a été initié le projet N’tchité. D’une durée de 42 mois (mars 2025 à août 2028), le projet concernera 5 304 adolescents âgés de 12 à 18 ans dans les communes de Savalou, Bantè, Savè et Ouessè. Il a deux axes majeurs : l’offre de services en santé sexuelle et reproductive, et le renforcement de l’estime de soi des jeunes bénéficiaires. Dans son intervention, le chef projet, Pr Roch A. Houngnihinm a insisté sur la nécessité d’une appropriation collective. « Chaque participant devra repartir avec une vision claire du projet et de sa mission. Nous sommes là pour trois ans, il faut dès à présent planifier les actions et établir une collaboration efficace », a-t-il déclaré.
Un engagement fort des autorités et des communautés
La présidente de l’APESSA, Mme Christelle Assogba a rappelé l’importance de l’éducation sexuelle dans la construction de l’identité des jeunes. Elle a mis en avant les réalisations passées de l’association, dont l’introduction de l’éducation à la santé sexuelle dans les curricula scolaires et la création du livret ’´Les ados veulent savoir’´. « La réussite de cette intervention dans les couvents ne saurait être une réalité sans votre noble accompagnement », a-t-elle martelé. Le Roi de Savalou, Sa Majesté Dada Ganfon Gangnihoun Toffa Gbaguidi XV, a pour sa part salué l’implication des leaders traditionnels dans ce projet, lui accordant sa bénédiction. Quant à Arawo Geneviève, représentante du Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance, elle a exprimé la satisfaction du gouvernement de voir les dignitaires traditionnels engagés dans cette cause : « La santé sexuelle et reproductive des adolescents est au cœur des préoccupations de l’État ». Enfin, Dassodji Yao Anom, représentant le Préfet des Collines, a officiellement lancé les travaux, en exprimant sa gratitude à l’APESSA et aux partenaires pour cette initiative en faveur de la jeunesse.
Vers une transformation sociale durable
Le projet N’tchité incarne une démarche participative qui allie respect des pratiques culturelles et accès aux droits fondamentaux en matière de santé. Il s’agit d’une opportunité unique d’innover dans les stratégies d’éducation sexuelle, tout en valorisant les ressources des couvents vodun comme leviers de changement social. Avec l’engagement des parties prenantes et le soutien des communautés, l’APESSA espère faire du projet N’tchité un modèle de réussite dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive des jeunes en Afrique.
