À l’occasion de la Journée internationale de la Sage-femme, célébrée le 5 mai 2025, le Bureau régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) a organisé un webinaire placé sous le thème : « Les sages-femmes : indispensables en toutes circonstances ». Une rencontre marquée par une déclaration forte du Dr Sennen Hounton, Directeur régional de l’UNFPA WCARO, qui a dressé un bilan alarmant de la situation, tout en lançant un appel à l’action et à la solidarité.

Dans la région, une femme meurt toutes les quatre minutes des suites d’une grossesse ou d’un accouchement. Un nouveau-né toutes les 17 secondes. Une fille sur trois devient mère avant l’âge adulte. Pourtant, près des deux tiers de ces décès pourraient être évités avec un investissement accru dans la profession de sage-femme.
La pénurie est criante : plus de 100 000 sages-femmes supplémentaires seraient nécessaires d’ici fin 2025 pour couvrir 90 % des besoins de santé essentiels. Dans plusieurs pays, les ratios sont dramatiquement en dessous des recommandations de l’OMS : moins de 10 sages-femmes pour 10 000 habitants, contre les 44,5 nécessaires.
Des progrès, malgré les défis
Le Directeur régional a salué les avancées significatives réalisées par certains pays malgré des conditions difficiles. Le Burkina Faso fait figure d’exemple : réduction de la mortalité maternelle de 787 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 242 en 2023, avec un taux d’assistance à l’accouchement par du personnel qualifié dépassant désormais 87 %.
Des financements en péril
Mais les acquis restent fragiles. En 2025, des réductions majeures de financements, notamment le retrait de l’USAID et la baisse de l’aide publique au développement, ont provoqué la fermeture de services essentiels. En République centrafricaine, des sages-femmes se retrouvent sans salaire. Au Tchad, des postes entiers sont menacés de disparition. « La situation n’est pas tenable à long terme, malgré les efforts de redéploiement de l’UNFPA », a alerté Dr Sennen Hounton.
Une priorité régionale et globale
L’UNFPA a inscrit le soutien à la profession de sage-femme comme axe stratégique majeur dans sa Feuille de route régionale 2025–2029, avec une attention particulière à la formation, à l’encadrement réglementaire, et à la réponse d’urgence dans 13 pays.
Ce webinaire a permis de partager des solutions concrètes, des témoignages de terrain (notamment du Tchad et du Mali), et des initiatives innovantes, comme celle de l’Accélérateur de la profession de sage-femme en Sierra Leone.
Un appel collectif à l’engagement
Dr. Hounton a conclu son intervention par un appel fort : combler le déficit de sages-femmes ; déployer les ressources là où les besoins sont les plus criants ; protéger les professionnelles en contexte de crise et garantir un financement pérenne à la hauteur des enjeux.
Car soutient-il, « si le monde tourne le dos aux sages-femmes, il tourne le dos aux femmes », insistant sur le rôle vital de ces professionnelles en première ligne dans les contextes humanitaires, de conflit, de déplacement ou de fragilité systémique.
Par ailleurs, il a invité à une prise de conscience collective en reprenant les mots du Pr Mahmoud Fathalla : « Les femmes ne meurent pas de maladies que nous ne savons pas traiter. Elles meurent parce que nos sociétés n’ont pas encore pris la décision que leur vie mérite d’être sauvée. En cette Journée internationale de la sage-femme, soyons la génération qui prend et honore cette décision ».