La grande cérémonie du culte Vodun s’est ouverte par une clarification de la théologie et de la signification des notions du Fâ et du Tofâ. C’est un préalable avant la consultation. Le Professeur Kakpo Mahougnon, président du comité des rites, s’est donné à cet exercice invitant à une meilleure compréhension de cette spiritualité profondément ancrée dans les traditions béninoises.
Contrairement à plusieurs autres religions, le Vodun ne reconnaît pas les notions de paradis, d’enfer, de résurrection de la chair ou encore de réincarnation. Ces concepts n’ont pas de place dans cette religion, où il est crucial de distinguer la réincarnation de l’incarnation.
Selon le professeur, après la mort, les âmes des défunts rejoignent le monde des invisibles. La religion Vodun met l’accent sur la vertu et l’exemplarité au sein de la société. Ceux qui incarnent ces valeurs sont élevés au rang d’ancêtres après leur mort, devenant des protecteurs spirituels de leur descendance. Ces ancêtres sont honorés dans de petits temples familiaux, consolidant ainsi le lien entre le monde visible et celui des invisibles.
Le Fâ et le Tofâ, des outils de clairvoyance et d’harmonie communautaire
Le Fâ est décrit comme un don de clairvoyance octroyé par l’être suprême. Il sert à enseigner, renseigner et éclairer sur le passé, le présent et l’avenir. Pour maîtriser le Fâ, il est indispensable de recevoir un apprentissage spécifique. Les consultations, qui sont des rituels permettant d’interroger le Fâ, sont réservées à ceux qui en possèdent la compétence. Ces consultations éclairent aussi bien des individus que des communautés entières sur les grandes tendances à venir, qu’elles soient économiques, climatiques, sécuritaires, sanitaires ou sociales.
En cas de révélations importantes pour la communauté ou le pays, le Fâ prescrit les dispositions nécessaires pour maintenir l’harmonie et garantir la prospérité collective. Le Tofâ, quant à lui, s’inscrit dans cette dynamique de guidance, en se concentrant sur des aspects spécifiques de la tradition.
Une spiritualité universelle aux racines locales
À travers cette présentation, le professeur Kakpo Mahougnon invite à redécouvrir le Vodun sous un prisme plus universel, en tant que système de valeurs et de spiritualité capable de contribuer au bien-être individuel et communautaire. Le Fâ et le Tofâ, loin d’être de simples pratiques rituelles, se révèlent comme des outils puissants de gestion et d’harmonie sociétale.
Ange M’poli M’TOAMA