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Gbebode Paterne-Sylas au sujet des critères pour le reversement des AME : «Garantir un processus sans favoritisme et sans mécontentement, fondé sur l’équité»

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Gbebode Paterne-Sylas, Secrétaire Administratif et Porte Parole/Atlantique du Cercle de Réflexion des Suppléants des Enseignements Maternel et Primaire (CRSEMP), et administrateur principal de la plateforme revendicative ANTC, réagit aux récentes annonces des Directeurs Généraux au Ministère de l’Économie et des Finances concernant les critères de reversement des Aspirants au métier d’enseignant. Bien qu’il salue la bonne volonté du gouvernement, qui semble enfin mettre en œuvre le reversement tant attendu, il dénonce des critères jugés discriminatoires, notamment ceux liés à l’âge et aux résultats académiques. Il interpelle le chef de l’État pour un traitement équitable des premiers aspirants, qui, malgré leurs sacrifices de six ans, risquent d’être exclus du processus.

Enfin, la bonne foi du gouvernement qui montre que le reversement sera effectif, n’est-ce pas là une raison de se réjouir ?

Exactement. Cette conférence de presse prouve encore une fois que le gouvernement de Son Excellence Monsieur Patrice Talon œuvre véritablement pour le reversement longtemps promis, et nous lui en sommes reconnaissants. Toutefois, il est important de souligner que cette conférence de presse a également semé la panique et l’incertitude parmi les AME. Depuis l’annonce des critères, le moral est au plus bas. Nous passons des nuits blanches en cette fin d’année, espérant mieux que cela.

Faut-il commencer par multiplier les demandes de messes dans les églises et les rituels dans les temples avant d’avoir la chance de figurer sur la liste des bénéficiaires du reversement ? Et cela, malgré le fait que nous soyons issus de la toute première promotion et de la première vague. Après six années de sacrifices, avec un contrat de seulement huit mois au départ, nous ne comprenons pas cette situation.

Lors d’une réunion tenue le 25 mars 2024 à la salle de réunion du Ministère de l’Économie et des Finances, entre les responsables des organisations des AME et une délégation gouvernementale présidée par le ministre des Finances, il avait été clairement indiqué que certains critères, comme ceux liés au diplôme et à l’âge, étaient obsolètes. À notre grande surprise, ces critères réapparaissent aujourd’hui, alors qu’ils sont extrêmement sélectifs et pénalisent ceux qui ont souffert le plus dans le système, au profit de débutants.

De plus, les représentants du gouvernement nous avaient assuré que la question des 3000 à reverser était révolue et qu’une mise à jour des dossiers serait effectuée pour déterminer qui est réellement éligible au reversement. Il est important de rappeler qu’après le concours de 2016, l’État n’a plus recruté d’enseignants dans la fonction publique. Rappelons que plus de huit ans se sont écoulés. C’est par le biais de l’aspiranat, un dispositif qui a permis au gouvernement de relever les grands défis du système éducatif, que cette réforme a pu se réaliser.

Que pensez-vous des critères tels que l’âge, les résultats aux tests d’évaluation et les qualifications académiques dans le processus de reversement des AME ?

Cher ami journaliste, comme on le dit souvent : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. » Est-ce un crime d’être encore jeune, d’avoir été recruté dans la base de données avec un seuil de moyenne fixé, d’avoir été déployé sur le terrain et d’avoir servi pendant six ans ? Il est important de souligner que le recrutement pour la constitution des différentes bases de données n’a pas été effectué en fonction de ce critère d’âge.

Un autre aspect inquiétant est que ce critère de sélection pourrait désavantager des personnes issues de la première promotion, bien que jeunes, qui seraient laissées de côté au profit de ceux qui sont arrivés dans le système deux ou trois ans après, simplement parce qu’ils ont 50 ans. Pourquoi pénaliser un jeune qui a déjà sacrifié six ans de sa vie, souvent dans des conditions difficiles ? N’a-t-il pas lui aussi une charge parentale à assumer ? N’a-t-il pas également un avenir à construire ?

En fin de compte, ces critères semblent pénaliser majoritairement ceux qui sont présents dans le système depuis ses débuts. Cela revient à sacrifier la jeunesse. Un tel critère est injuste et impraticable.

Vous évoquez une volonté de « sacrifier la jeunesse ». Qu’entendez-vous par cette expression ?

Faut-il être vieux pour être reversé aujourd’hui dans l’enseignement au Bénin ? Ce critère d’âge, en effet, semble être une manière de sacrifier la jeunesse. Nous implorons la clémence du chef de l’État et l’invitons à prendre en main le dossier des AME de manière sociale, afin de réparer cette injustice. Il est essentiel que l’âge ne soit pas un obstacle à la reconnaissance du mérite et du travail acharné fourni par les jeunes enseignants.

Vous dénoncez la disproportionnalité du critère de moyenne. Pouvez-vous expliquer en quoi ce critère vous semble injuste ou mal adapté ?

Concernant le critère de la moyenne, il faut savoir que les moyennes sont fluctuantes, c’est-à-dire qu’elles varient d’une base de données à l’autre. Pour certains, les moyennes augmentent, pour d’autres, elles baissent. De plus, ces moyennes ne proviennent pas des mêmes évaluations, qui comprennent des épreuves pédagogiques et de culture générale. Certains collègues ont été qualifiés après avoir composé sur quatre matières et sont parmi les premiers sur le terrain, tandis que d’autres l’ont été après seulement deux épreuves. Il arrive également que certains collègues, bien que présents sur la plateforme ANAPES, n’apparaissent nulle part dans les listes de mérite. Cette incohérence dans les critères rend le système injuste et mal adapté.

Le gouvernement met en avant des contraintes budgétaires et des mesures « équitables ». Est-ce cela qui vous convainc ?

Je l’ai déjà mentionné précédemment : depuis 2016, aucun recrutement d’enseignants n’a eu lieu dans la fonction publique. C’est à travers l’aspiranat que le gouvernement a relevé de nombreux défis dans le système éducatif. Aujourd’hui, le moment est venu de reverser les AME et de mettre la jeunesse enseignante dans ses droits. Cette opération devrait concerner largement les premières promotions, qui ont longtemps été sacrifiées. Un geste fort envers cette cible, la jeunesse enseignante, apporterait un grand soulagement.

Quels autres critères, selon vous, permettraient une évaluation plus juste des AME ?

Le seul critère qui permettrait d’assurer une évaluation juste et équitable serait de procéder au reversement des AME par ordre d’arrivée dans le système, en tenant compte des dates de leur première prise de service. Cela garantirait que ceux qui sont dans le système depuis longtemps soient prioritairement récompensés, sans que d’autres critères subjectifs n’interviennent.

Quelles solutions ou alternatives concrètes proposeriez-vous pour améliorer les conditions de reversement des AME ?

L’alternative est claire : nous implorons la clémence du chef de l’État et de son gouvernement afin que tous les enseignants AME remplissant les conditions d’ancienneté soient reversés. Ce reversement pourrait se faire de manière progressive, mais en commençant par les premiers arrivés dans le système. Ce serait la seule façon de garantir un processus sans favoritisme et sans mécontentement, fondé sur l’équité. Une fois les premiers reversés, il faudra mettre en place de nouvelles mesures pour soulager ceux qui attendent encore leur tour.

 Pour finir, nous profitons pour prier le gouvernement de bien vouloir revoir les critères et vite acter ce reversement qui constitue notre seul espoir, ceci pour une école béninoise plus performante…..

Réalisation : Ange M’poli M’TOAMA

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