Le Bénin se frotte les mains pour les pas posés en matière de vaccination. Dans le même temps, les obstacles à franchir pour ne laisser personne de côté continuent de se dresser. La preuve, en 2021, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme : plus d’un enfant sur dix, de moins de 12 mois, n’a reçu aucune dose de vaccin.

Pour l’instant au Bénin, il y a des enfants qui n’ont jamais été vaccinés, d’autres qui ont été moins vaccinés. Cela constitue un casse-tête pour les acteurs chargés d’organiser et de conduire les opérations de vaccination. Ce n’est pas une situation qui est intrinsèquement liée au pays. Seulement, pour les spécialistes, ces enfants, non ou moins vaccinés, restent des poches ouvertes à la résurgence de certaines maladies éliminées ou à des épidémies. Dans son rapport, « Situation des enfants dans le monde en 2023 : pour chaque enfant des vaccins », le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) constate qu’en Afrique, il y a près de 12,7 millions d’enfants qui n’ont pas reçu un ou plusieurs vaccins entre 2019 et 2021. Dans le monde, ils sont près de 67 millions. Particulièrement au Bénin en 2021, poursuit le rapport, c’est plus d’un enfant sur dix qui n’a reçu aucun vaccin. Le rapport communique un taux de 16% d’enfants soit l’équivalent de 72 787 nourrissons. Ceux qui ont été moins vaccinés sont au nombre de 36 394. Soit un taux de 8% ou, au plus, un enfant sur 10 qui se retrouve dans cette situation. Enfin le rapport précise : ces données ne concernent que les enfants qui ont moins de 12 mois. Au plan national, les opérations de vaccination de rattrapage et l’intégration des acteurs communautaires (agents de santé communautaires et relais communautaires) dans la lutte contre les maladies sont, entre autres, les réponses apportées pour réduire cet écart.
Atteindre, dans 15 ans, 60% de fabrication locale des vaccins de routine
Un autre enjeu pour le pays constitue l’engagement dans la perspective de développer la fabrication locale du vaccin. En la matière, le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte et l’Algérie sont cités comme des modèles. Malgré ces efforts, pour l’heure, l’Afrique ne produit que moins de 2% des vaccins dont elle a besoin. Autrement dit le continent est dans une dépendance totale à l’égard des producteurs de vaccins à l’étranger. Ce qui s’est fait ressentir lors de la pandémie de la COVID-19. Par ailleurs, le contexte semble se corser pour l’Afrique avec les coupes de financement américain, gros contributeur de son secteur sanitaire. Une position qui doit en principe susciter un sursaut d’orgueil et répondre à l’invitation lancée par l’UNICEF dans son rapport 2023 sur le vaccin : « L’heure est à la volonté politique ». Ce que l’on sait pour le Bénin, le lundi 15 janvier 2024, il a accueilli 215 900 doses du vaccin contre le paludisme à l’aéroport international Bernadin Cardinal Gantin de Cotonou. Ses premières doses de vaccin contre le paludisme recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été achetées par l’UNICEF avec le soutien de l’Alliance GAVI. Fin novembre 2024, cette alliance par la voix de Colette Selman, directrice des programmes prioritaires, renseigne que l’Alliance Gavi a investi, ces 20 dernières années, « près de 300 millions de dollars US au Bénin, contribuant à la vaccination de millions d’enfants et à une réduction significative de la mortalité infantile ». Tout compte fait, en lieu et place d’une action nationale en vue d’une production locale pour le vaccin, le Bénin a opté pour les actions continentales et régionales. Les 12 et 13 avril 2021, lors de la Conférence sur la production des vaccins en Afrique, initiée par l’Union africaine, le Bénin s’est engagé, à l’instar des autres Etats, à contribuer afin que le continent produise, désormais, six sur 10 vaccins de routine dont il aurait besoin. L’échéance est 2040. Les Etats sont donc à 15 années de la réalisation de ces 60% de fabrication endogène des vaccins de routine. En dehors de cet engagement au niveau continental, pour parer au plus pressé, le Bénin, au niveau de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’entend avec les autres Etats membres pour procéder aux achats groupés. Ce qui offre une réduction des coûts, permet de disposer de plus de vaccins et de faciliter le transport.
Engagement du ministre de la Santé du Bénin

Le plan stratégique régional pour la vaccination 2014 – 2020 du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, quoi qu’obsolète, avait énuméré un certain nombre d’entraves qui ne favorisent pas un accès équitable à une vaccination sans risque et efficace pour toutes les populations. Ces défis demeurent, malheureusement d’actualité dans les Etats y compris le Bénin. Le plan évoque les lacunes dans l’organisation des campagnes de vaccination, le niveau approximatif de coordination et de gestion des activités de vaccination, l’insuffisance des approvisionnements en vaccins et des capacités de la chaine du froid, le faible nombre des points de prestation des services, la forte dépendance vis-à-vis des financements extérieurs et les mauvaises stratégies de communication qui se sont soldées par une faible sensibilisation et participation communautaires. Les Etats doivent tout faire afin « d’assurer à chaque enfant qui naît dans la région africaine la chance d’être protégé des maladies létales contre lesquelles des vaccins sûrs et efficaces existent », exhorte le plan. « Le gouvernement (du Bénin) s’engage à renforcer la couverture vaccinale et à assurer l’accès équitable aux soins pour chaque enfant, même dans les zones les plus reculées », a promis, pour sa part, en novembre 2024, le professeur Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé.
Vadim QUIRIN