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De Montréal à Cotonou : Richard Boni Ouorou, le parcours exemplaire d’un bâtisseur panafricain

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Du Nord du Bénin aux sphères économiques canadiennes, en passant par l’Europe, l’itinéraire de Richard Boni Ouorou force l’admiration. À 49 ans, cet entrepreneur pluricontinental incarne une nouvelle génération de leaders africains : enracinés dans leur culture, ouverts sur le monde, stratèges, et résolument tournés vers l’humain. Avec à son actif un ensemble d’initiatives entrepreneuriales touchant à l’agriculture, l’énergie, l’intelligence économique ou encore l’audiovisuel, l’homme construit méthodiquement une œuvre économique où chaque investissement est pensé comme une solution durable à un défi du continent africain.

Un parcours forgé dans la résilience

Né à Boko, un village du Nord-Bénin, Richard Boni Ouorou grandit dans une famille monoparentale marquée par la précarité. Élevé par une mère seule, à la force de caractère inébranlable, il découvre très tôt la dureté de la vie. « Je suis le fruit d’un combat quotidien contre le manque », confie-t-il. Cinq de ses frères et sœurs meurent faute de soins. Cet environnement, bien que douloureux, devient pour lui un terreau de détermination. Il quitte la maison très jeune pour poursuivre ses études, d’abord au lycée Mathieu Bouké de Parakou, puis à HEC Abidjan, en Côte d’Ivoire, où il obtient en 2002 une maîtrise en ingénierie commerciale.

Déjà, il choisit l’entrepreneuriat comme moyen d’émancipation et de réparation. « Ma mère rêvait de me voir avocat. J’ai choisi de défendre autrement : en créant des structures, des emplois, de la dignité », explique-t-il. L’entreprise devient pour lui un levier d’action sociale autant qu’un outil de transformation économique.

Premiers pas, premières chutes

À son retour au Bénin au début des années 2000, il fonde Ouorou Négoces et l’établissement Respublica, qui fournit du matériel informatique aux banques et institutions financières. Mais ses ambitions se heurtent vite aux réalités locales : manque de financement, lenteurs administratives, corruption endémique. Ses premières sociétés font faillite. « Cette période fut brutale. J’ai frôlé le renoncement. L’alternative était claire : tricher, fuir ou repartir de zéro ». Il choisit alors de tout recommencer. Un tournant s’opère lorsqu’il rencontre Omontola, une chercheuse canadienne qui deviendra son épouse et son principal soutien. « Elle m’a offert une vision élargie du monde et m’a convaincu de croire encore en mes rêves », avoue Richard Boni Ouorou.

Le virage canadien

Installé à Montréal en 2007, il reprend les études à HEC Montréal en finance, puis en sciences politiques à l’Université de Montréal. Deux disciplines qui nourriront sa double casquette d’économiste et d’acteur social. En 2009, il fonde un réseau de garderies privées, Canada Inc, pour répondre à une crise de services de garde au Québec. L’entreprise atteint rapidement un chiffre d’affaires de 870 000 dollars canadiens annuels.

En 2012, il lance Quebec Inc, un cabinet de développement économique. En seulement deux ans, celui-ci mobilise plus de 2 millions d’euros d’investissements, mettant en relation les diasporas africaines et les acteurs économiques nord-américains. En parallèle, il collabore avec des projets gouvernementaux. Il affirme avoir intégré l’équipe de soutien politique du Premier ministre Justin Trudeau, une expérience qui renforcera sa compréhension des dynamiques de gouvernance.

Une ambition : structurer l’économie africaine

En 2016, il rejoint le groupe suisse PeakPartners, spécialisé dans la gestion d’actifs, où il devient associé en 2018. Sa mission : articuler une stratégie d’investissement entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Son expertise en ingénierie financière y est reconnue. « Richard est un homme de vision et d’intégrité, rigoureux et animé par une rare volonté d’impact », témoigne Frédéric Rosset, CEO du groupe.

Mais malgré ses succès internationaux, Richard Boni Ouorou n’oublie jamais son pays natal, le Bénin. En 2024, après huit années d’absence, il opère un retour stratégique. « Je voulais poser mes valises pour bâtir quelque chose de structurant dans mon pays, avec des ressources, des partenaires et une vision à long terme », affirme-t-il.

Des projets impactants

C’est à Djougou qu’il lance son projet phare : Terra-Ouorou Akiyo SARL, une entreprise agro-industrielle à fort ancrage local. Exploitant plus de 1 000 hectares, la société produit céréales, tubercules et légumes, tout en formant des jeunes à l’agriculture moderne. Elle s’inscrit dans un fonds de 6 millions de dollars dédié à des projets agroalimentaires au Bénin, au Togo et au Sénégal. En parallèle, Richard développe un hôtel 4 étoiles, une chaîne de boulangeries, et d’autres projets qui visent l’autosuffisance alimentaire et la création d’emplois. Plus de 100 emplois directs sont générés chaque jour.

Actions sociale et économique

À travers la Fondation Terrien-ne, il lance une série d’initiatives sociales majeures : construction et équipement d’écoles rurales, installation de 500 lampadaires solaires, réalisation de forages, déploiement de chargeurs solaires dans les zones enclavées. « Il ne suffit pas de construire des routes ou des écoles. Il faut offrir les conditions de leur fonctionnement », soutient-il. Pour lui, l’impact doit être durable, structurant et intégré.

Richard Boni Ouorou ne s’arrête pas à l’agriculture. En 2022, il crée Nanti International SARL à Lomé, une société qui opère dans l’huile industrielle et les stations-service. En 2024, il entre au capital de Yema Distribution, une start-up de diffusion de contenus audiovisuels africains. En 2025, il fonde Blue Partners, une société spécialisée dans l’analyse et la valorisation de données économiques, avec une implantation sur trois continents. L’objectif est de renforcer la transparence des marchés africains et attirer les capitaux internationaux.

Une vision : bâtir une Afrique souveraine et ouverte

Auteur de trois ouvrages, dont Projet pour un Bénin démocratique, salué par Le Monde diplomatique, Richard Boni Ouorou n’est pas seulement un entrepreneur. Il est un penseur stratégique, convaincu que l’Afrique doit sortir de la dépendance en misant sur ses propres talents et ressources. « Notre avenir ne viendra pas d’ailleurs. Il sera fait de nos mains, sur notre sol, avec notre vision », martèle-t-il.

Homme discret mais influent, il poursuit sa route entre Montréal, Cotonou, Lomé, Paris et Genève. Il y tisse des alliances, lance des projets, et toujours, œuvre à une Afrique debout, souveraine et prospère.

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