Le Conseil des ministres s’est réuni ce mercredi 14 mai 2025, sous la présidence du chef de l’État, Patrice Talon. Parmi les décisions prises, figure la révocation de deux Secrétaires exécutives (SE) des mairies d’Adjarra et de Toucountouna, suite à des faits graves de gestion frauduleuse et de manipulation de documents administratifs.

Adjarra : une surfacturation orchestrée pour des commissions illicites
À la mairie d’Adjarra, la Secrétaire exécutive a été sanctionnée pour avoir organisé, de connivence avec le Directeur du développement local et de la planification, la surfacturation de deux prestations commandées par la commune. Le montant total indûment gonflé s’élève à trois millions (3.000.000) FCFA. Cette manœuvre avait pour but de percevoir une commission d’un million (1.000.000) FCFA, dont huit cent mille (800.000) FCFA ont été effectivement encaissés.
La répartition de cette commission a provoqué des tensions et des dissensions internes, détériorant profondément la collaboration entre les deux agents impliqués. C’est à l’occasion d’une mission de contrôle de l’Inspection générale des finances (IGF) en décembre 2024 que ces pratiques frauduleuses ont été mises à jour.
Toucountouna : falsification d’un arrêté préfectoral et détournement de fonds
À Toucountouna, la Secrétaire exécutive a été reconnue coupable de complicité dans la manipulation d’un arrêté préfectoral et de malversations financières. Ces faits concernent un voyage officiel en Belgique, organisé en juillet 2024 par la commune.
La délibération initiale du Conseil communal autorise le déplacement sans toutefois prévoir l’impact financier sur le budget communal. Malgré cela, la Secrétaire exécutive a modifié l’arrêté préfectoral en y insérant un article chargeant la commune des frais du voyage.
Cette falsification a permis le déblocage frauduleux de 602.000 FCFA pour des dépenses non éligibles (établissement de pièces administratives, hébergement à Cotonou). Plus tard, une tentative de décaissement supplémentaire de 995.000 FCFA a été stoppée grâce à la vigilance de la trésorerie communale, qui a détecté la manipulation du document.
Malgré une mise en demeure du préfet de l’Atacora, la Secrétaire exécutive n’a pas remboursé les montants indûment perçus à la date de la mission de contrôle menée par la Cellule de suivi et de gestion des communes en mars 2025.
Des sanctions fermes annoncées
Face à la gravité des faits et à l’atteinte portée aux intérêts des collectivités locales, le Conseil des ministres a prononcé la révocation des deux Secrétaires exécutives mises en cause. Les ministères compétents ont été instruits pour appliquer les sanctions appropriées à tous les agents impliqués dans ces malversations.
Le gouvernement a également indiqué que des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs de ces actes répréhensibles, ainsi que contre le prestataire concerné. Cette décision traduit une fois encore la volonté des autorités béninoises de lutter fermement contre la corruption et les pratiques de mauvaise gouvernance au sein de l’administration publique.
A noter que plusieurs autres décisions et nominations ont été prononcées, à l’issue du Conseil des ministres. Lire l’intégralité du compte rendu.
Arsène AZIZAHO