Les rideaux sont tombés sur la cinquième édition du championnat scolaire national du Bénin ce week-end. Le tournoi s’est achevé dans une ambiance de fête sportive. Une grande compétition qui a rassemblé des milliers de jeunes athlètes venus des douze départements du pays. Mais derrière la ferveur, des interrogations émergent sur l’efficacité réelle de cette initiative.
Ange M’poli M’TOAMA
Organisé autour de disciplines majeures telles que le football, le handball, le volleyball, le basketball et l’athlétisme, le championnat scolaire a une nouvelle fois mis en lumière la passion et le talent de milliers d’adolescents, tous âgés de moins de 15 ans. Des trophées ont été remis, des distinctions honorifiques décernées et de nombreux jeunes ont marqué les esprits par leurs performances. Les établissements tels que le CEG Sainte Rita ont régulièrement brûlé la politesse aux autres, démontrant une constance remarquable dans la formation scolaire.
Cependant, au-delà de l’effervescence, il y a lieu de s’interroger sur les résultats tangibles de cette compétition, lancée depuis maintenant cinq éditions. En football notamment, la question de la transition entre les catégories U15, U17 et U20 se pose avec acuité. À l’examen attentif des effectifs des équipes nationales U17 et U20 des Guépards du Bénin, aucun joueur issu des championnats scolaires, même les plus brillants et primés, n’apparaît dans ces sélections officielles. Les équipes U17 et U20, convoquées pour les différents tournois continentaux, sont essentiellement constituées de jeunes formés dans les clubs professionnels ou les académies privées, au Bénin ou à l’étranger. Aucun nom, même parmi les lauréats les plus en vue du championnat scolaire, ne figure dans ces sélections.
Logiquement, les premiers U15 de l’édition inaugurale devraient aujourd’hui alimenter une solide génération U20. Or, force est de constater que le Bénin peine encore à s’imposer dans les compétitions continentales dans ces catégories. Le manque de continuité, de suivi, et surtout d’un projet structurant pour encadrer et accompagner ces jeunes talents remet en cause l’efficacité réelle du championnat scolaire. C’est un constat amer qui remet en question l’efficacité réelle de ce championnat scolaire. Certes, son importance dans la détection des talents est incontestable. Mais sans dispositif de suivi, d’accompagnement et de transition vers les équipes nationales, ces compétitions se limitent à une vitrine sans prolongement.
Une nécessité de capitalisation
On peut s’accorder sur l’importance d’un tel championnat qui n’est plus à démontrer. C’est un socle nécessaire pour détecter les talents. Mais pour qu’il soit pleinement efficace, encore faut-il que les talents repérés soient intégrés dans un système de formation rigoureux, accompagnés, suivis, orientés et promus vers les sélections nationales de jeunes. La balle est désormais dans le camp des fédérations sportives et des autorités éducatives et sportives du pays. Il leur revient de revoir leurs stratégies, de mettre en place des mécanismes de suivi post-compétition, et surtout de garantir que les pépites découvertes ne se perdent pas dans les oubliettes après chaque édition.
Car, en définitive, c’est bien sur les terrains continentaux que se mesurera l’efficacité réelle de ce championnat scolaire.
